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1712, 01
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A PARIS,
M. DCCXII.
Avec Privilege du Roy.
-]Mi ERCURE
G AL AJ~f Jl.
PDR le Sieur Du F***
Mois
deJanvier
1712.
Le prix est30. sols relié en veau, B4
- 25.sols, brochez
TFFQTO»
A PARIS,
Chez DANIEL JO LLET, au Livre
Royal, au bout du Pont S.Michel
du côté du Palais.
PIERRE RIBOU,à l'ImageS. Louis,
sur le Quay des Augustins.
CILLES LAMESLE, à l'entrée de la ruë
du Foin, du côté de la rue
Saint Jacques.
MERCURE
GALANT.
Janvier 1712.
AVERTISSEMENT. LA divisionduMercure
en quatre parties féparecs
avoit lescommoditez,
mais elle empêchoit que
l'impression n'en pût estre
faiterégulierement le premier
,
second, outroisiéme
jour du mois
, on n'a pu
par exemple, le distribuer
avant le six de Janvier, cet
inconvenient à paru plus
confidcrablc, que celuy de
mêler indifferemment toutes
lespieces à mesure qu'on
les envoye & les Nouvelles
sans egard aux dattes dans
le moment qu'on reçoit les
Lettres ; on essayera de ce
dérangement, dans ce moiscy
,
à condition que si on
se plaint de cette metode
,
onen eflfayera d'une autre,
dont quelqu'un se plaindra
encore ,
&c'esttantmieux ;
car les Livres dont on se
plaint le moins ce sontceux
qu'on ne lit gueres.
THETIS,
Cantate.
Sur lerecouvrement delasanté
de Monseigneur le Comte
deToulouse.
THETIS.
Nercïdes, plaignez ma. peine
;
Pleurez, pleurez, mes
Soeurs;
Cet aimable Héros, si cher
ànostre Reine
Est livré par le Sort aux plus
vives douleurs.
Plaignez ma tendresse
inutile
Qui n'a pû du Destin desarmer
les rigueurs;
Helas les maux même
d'Achile
Ne m'ont pas coûté plus
de pleurs.
Choeur des Nerti'des.
Messons nos soupirsà ses
larmes,
Frapons l'air de nos cris;
De nos vives alarmes
Que les rochers soient attendris.
THETIS.
Qu'avec plaisir en luy je revoyois
les charmes
Et le courage de mon fils.
*** Les Nereïdes.
Menons nos soupirs à ses larmes
Frapons l'air de nos cris.
THE TI S.
O Sort.injuste Sort épuisetutes
armes :':JSur tout ce qui plaistà
Thetis ?
Les Nereïdes, Denos vives alarmes-
Que les rochers soient acrendris.
-i 11
Symphonie.
; THETIS..
Quelle clarté penetre en ces
grottes profondes?
Cetéclat du Soleil m'annonce
le retour,
Ce Dieu qui rentre fous
: les ondes
Va sur ce que je crains éclaircir
mon amour. APOLLON.
Consolez - vous belle
Decfle
THETIS.
Vous avez vû dans vôtre
- cours
Cet aimable Heros pour qui
je m'interesse.
APOLLON.
Consolez
- vous belle
Deesse,
Vous n'avez rien à craindre
pour ses jours:
La Parque avoit sur luy levé
son bras perfide.
Je l'ay vû sans fremir regarder
le trépas;
Au sein de la douleur il estoit
intrepide,
Et plus Héros encore qu'au
milieu des combats.
Mais la Parque n'a fairqu'une
menace vaine,
Un des fis d Esculape a détourné
sescoups,
Et pour vostre Heros force
encor l'inhumaine
De filer les jours les plus
doux. -
D'un nom celebre, ou d'un
bonheur durable
-
Achille ja d iseue 1-e ch oix,
-M>iis au Fils de Louis le
Sort plusfavorable
Veut les accorder à la
fois THETIS.
Ociel ! aprés un troubleextrême
Qjie le calme a d'attraits!
Le Destin me rend ce que
j'aime;
Je pardonne au Destin tous
lesmauxqu'il m'a faits.
Venez, bruyans Tritons ,
venez, tendres sirencs,
Apprenez par vos chants
mon bonheur aux Zephirs,
Vous partagiez mes peines,
Partagezmesplaisirs.
Choeur.
Apprenons par nos chants
son bonheur aux Zephirs,
Nous partagions ses peines
,
Partageons ses plaisirs.
Cette Piece qui est de M
de la Morhe, a esté miseen
Musique par Mr de Villeneuve
, & a esté executée le
4.Janvier par la Musique de
Monsieur le Comte de Toulouse,
en presence de Madame
la Duchesse d Orléans.
Il en plus rare de trouver
des Achilles de fang froid
dans l'accablement d'une
maladie cruelle
,
qu'au milieu
des combats, où l'ambition
& lagloire nous foutiennent
; l'yvresse de ces,
deux passions en nous étourdissantnous
cache lamoitiédu
peril. Un Guerrier est
animé par l'exemple de ceux
qui l'environnent, tous ces
grands appareils de guerre
inspirentquelquefoisducourage
à ceux même quin'en
ont point; mais le triste appareilqu'étale
la Chirurgie
fait souvent trembler ceux
qu'on a vûs intrepides dans
les combats; je prefertrois
peut estreà l'intrepidiré
guerriere cette fermeté d'ame
qui fait supporter sans
sourciller les douleurs les
plus violences; mais je n'ay
pas besoin lCY de l'art des
Panegiristes qui élevent toujours
au-dessus des autres
vertus celle qui domine dans
le Heros du jour, puisque le
Prince dontil s'agir icy possede
à un degré égal& la
fermeté d'ame & la valeur
& la bonté du coeur, sans
laquelle toutes les autres vertus
ne meritent point de veritables
loüanges.
EXTRAIT.
Du DoynTe de Mr Chambon
dans les Mines de Pologne.
Etant en Pologne, je
me ressouvins d'avoir Iù
autrefois un Livre qui
traite des Mines de Sel de)
ce Païs là, & je resolus de
voir la chose par moymesme,
je communiquay,
mon dessein à deux de mes
amis
,
qui mepromirent
de m'y accompagner ; la
plus fameuse de ces Mines
n'étoitéloignée que d'une
journée, nous nous y rendimes
le lendemain & nous
y trouvâmes plusieurs personnes
qui dévoient y descendre.
J'examinay l'ouverture,
les machines qui fervent
à la descente des homnies,
des chevaux, des necessitez
des uns & desautres
& au tirage des Sels. Cette
ouverture estquarrée; les
Machines font des Rouës
qui ne different de celles
qui sont à nos Carrieres,
qu'en ce qu'elles font couvertes,
la corde pour faire
la descente en: d'une bonne
grosseur. On nous demanda
si nous voulions descendre;
la profondeur de cette ouverture
a quelque chose
d'effrayant, mais moy qui
voulois voir,je répondis
brusquement que j'estois
prest à partir; cette resolution
determina l'un de ceux
qui m'accompagnoient ;
mais l'autre fut plus timide
& refusa de nous suivre.
On descend la grosse
corde; ceux qui ont fait ce
voyage en prennent de la
grosseur du petit doigt a£*>•
tachées à la grosse. Il faut
se representer les cordes
dont se fcrvent les Bateliers
qui tirent un Batteau pour
luy faire remonter la Riviere.
Quand ils se furent
placez sur ces petitescordes,
il faut nous dirent ils s'asseoir
sur nous. Allons, disje
à mon ami, il n'est plus
question de s'en dédire, je
me plaçay des premiers de
la maniere dont on me l'avoit
montré, & il en fit
autant. Tout le monde étant
rangé,on descend
: à peine
étois je à trois toises de profondeur,
que ceux qui gouvernoient
la corde,arrêterent
tout court, & crierent
qu'il falloit prier Dieu, j'entendis
dans le moment entonner
un Salve : je fus
frapé d'une idée facheuse,
je me repentis de ma curiosité,
mais reflection faite,
je me rassuray, de maniere
cependant que nature pâtissoit.
Nous coulâmes insensiblement,
& on arriva
à bon port, cette premiere
descente estde vingt toises
ou environ.
Ceux qui travaillent dans
ces Mines, & qui avoient
entendu le signal, vinrent
nous recevoir avec des
branches de Pin raifineuxallumées
en forme de
flambeaux. Ils nous conduisirent
à la Chapelle qui
est au bouc d'une Voute
soutenuë par des pilotis, &
appuyé par des travers de
distance en distance. A cinquante
pas delà se presente
sur la main droite une fontaine
d'eau douce à l'usage
des hommes & des bestes
qui habitent dans ces souterrains,
&. dont plusieurs
n'ont jamais vû le jour. Je
fis remplir une bouteille de
cette eau, je diray dans la
fuite ce que j'en fis, j'en
remplis une autre d'une eau
fallée qui se trouve un peu
plus avant sur la gauche, on
pompe cette derniere eau
que l'on monte par la corde
pour ladécuiredans un Village
appelle Wieliska,qui
n'est pas bien éloigné de
l'entrée de la Mine, & l'on
en fait un Sel propre à fervir
sur larable Enavançant
un peu plus du mesme côté
on trouve une voute aHe~
haute & a(kz lar ge sous la-I
quelle il peut y avoir une I
vingtaine de Maisonnettes i
avec des Ecuries J'ayappris
que les Chevaux qui y ont
demeuré une quinzaine de
jours, quelques maigres
qu'ils soient, y deviennenc
à pleine peau; que les Habitans
y sont rarement malades
; mais je conjecture
que leur santé peut proceder
des vapeurs salines ennemies
de la pourriture &
de la corruption, & que
leur corps s'affoiblit peu à
peu,& se trouve enfinnoyé
par la superiorité de ces
mesmes vapeurs qu'ils font
obligezde respirer, d'autant
plus qu'ils sont privez de la
lumiere qui préparéun baume
qui ranime les nostres,
& les soutient.
Les hommes fervent à ta
coupe du Sel, à le conduire
& à le transporter, & les
chevaux à tirer une seconde
rouë en forme de tour qui
sert à faire la seconde descente
dans un fond où l'on
cou pe le Sel en forme de colomne
de la grosseur d'un
quartaut de vin, & de la
longueur d'une aune & demie
ou environ. On y peut,
descendre si l'on veut par la 1
corde de la maniéré donc je
l'ay raporté ; mais il y a une
douzaine d'Echelles en zigzagattachées
à la muraille,
par lesquels je descendis. Le
Roy avoit fait faire des
Escaliers, qui faute d'appuy
sontruinez & fondus par,
les eaux. Arrivédans ce fond
qui cO: sort spacieux & fort
élevé,je goustay les murailks
que je reconnus estre des
masses de Sel. Ce Selestde
lacouleur dela craye dont
les*
les Tailleurs se servent. Je
goustay la matiere sur laquelle
je marchois, & je remarquay
dans certaines canelures,
principalement à la
racine où est la premiere
ébauche du Sel, une terre
semblableàcelle desSalpetriers
fort chargée de Salpestre
: plus on creuse, plus
elle est pleinedeterrestreïté.
Ce Sel en pierre est tres caustique,
très amertrèsdefagreable
à la langue; ceux
quienusents'y acoûtument;
les pcrfonnes de condition
n'ensontjamais servir sur
l urs tables. Il rougit Les
viandes comme le Salperre.
Ce Sel est tiré du fond de ces
Mines, par la mesme Machine
qui sertà la descente:
delà il est conduit sur des
Rouleaux jusqu'au premier
endroit d'où il esttiré delà
mesme maniere, puis on le
charge sur des charettes
pour le transporter dans
toutes lesProvincesde la
Pologne,dans la Hongrie,:
& dans la Silesie.
Il se rencontre beaucoup
4c Sel gemme dansces Mines
; ce Set est blanc comme
la neige, fort dur & cristalin,
on en fait des sallieres, des
Chapelets, de petites statues
& plusieurs autres ouvrages,
qu'on vendsur les lieux. IL
y a des veines dont on tire
de ces sels si solides & si
cristallins qu'ils ressemblent
à descristaux de roche ; ils
ne tiennent de la nature du
sel que parce qu'ils n'onc
paseûlamesmecuite, peutestre
qu'avec le temps, la*
nature lesauroit portez auj
metallique ouàla pierre pretieu
se. On peut conicâurer.
par la pureté & par la transparence
dont ils font,qu'elle
l'auroit fait si ellen'avoit
point étéinterompuëQuoy
qu'il en foie, l'Auteur de :
cette nature n'a pas voulu
quetoutfût dans le plus haut
degré de perfc£tion,que
toute animalité fut un érac
excellent, , quetout vegetal
fust balsamique,&quecouc;
le métallique fust or. Le
Verjus, quoy que moins
parfait que le Raisin, a ses
proprictez: le cheval moins
parfait que l'homme v a son :
mérité :
le fer quoy quIn-"
ferieur à l'or ne laissepas
d'estre d'une grande utilité.
On peut reconnoistre parce
que je viens de dire, bien
des especes de sel différentes
par leur cuitte & par leurs
filtrations: 1°. ayant fait
évaporer à mon retour,
l'eau douce que j'emportay
avec moy dans une bouteille
kelIlle se trouva chargée d'une
quantité assez considerable
|de sel presque insipide.
2.
°,
0 de l'eau de ma seconde bouiciite
on en tire par decoc- rrion
un sel blanc plus pic-
I quant que ce premier sel, Imais
beaucoup plus doux
que celuy que nous preparonsde
l'eau de la Mer. C'est
ce sel qu'on sert comme
nous avons dit sur les tables
des Gens de condition, &
on ne peut expliquer la
difference entre le premier
sel qui est insipide & celuy
cy ,
qu'en fupofant que le
le premier en tres-attenué
par une filtration plusétroite
& plus serrée. 3
°. Outre ces
fels dilayez, le sel gemme.
4°. Ce sel en greffes masses
tenant de la nature du salpêtre,
enfin ce sel rempli de terrestreïtez
quicfilaracine:", la
premiere ébauche des autres.
Après estresorti decette
representationinfernale, je
remarquay que la neige
(c'étoit au fort de l'hiver)
sur la surface, de la terre qui
environne £ette Mine &
1:Jlli la couvre, étoit aussi
dure que la pierre, & qu'il
y avoitune grande difference
entre celle là & celle
qui étoit dans des endroits
pluséloignez.Toutle monde
sçait que la dureté vicnt des
sels. La vue de ces objets
augmenta ma curiosité : je
resolus d'aller plus loin.
Vichfkjt au Midi de Cracovie
n'est eloigné que de
deux lieües de cette Mine
qui n'est pas le seul endroit
où l'on tire le sel blanc. Il
s'en fait encore à Bokonia, à
Sambor,àHarosoli,àCalouche,
& en beaucoup d'endroits
des Monts Crapaks. J'allay
visiter une Mine de soufre
qui n'étoit pas fort éloignée.
Je vis avec plaisir une grande
étendue de terrain aux environs
de l'ouverture sans
glace & sans neige; j'y trouvay
l'air très temperé, on
auroit ci û efirÇ. dans unBainJe
me fis descendre dans
le tond de la Mine qui n'est
pas bien profonde. J'yvis
avec surprise un gros Ruisseau
portant Batteau qui la
traverse &qui en sort à une
demi lieue de là
,
l'eau en
est nitreuse & sulphurée. Il
y a des deuxcôtez du ruisseau
des chemins qui sont
plus enfoncez que sa surface,
& pour empêcher qu'il ne
les inonde, on a posé tout
le long du Canal des Pilotis
contre lesquels on a ataché
des planches pour soutenir
l'eau. La voute de la Mine
est aussi soutenuë par des
Pilotis avec des travers, &
les murailles par des planches
appuyéespar des solives
ce qui se pratique dans les
Mines métalliques sulphurées,
au lieu que l'on se contente
de soutenir la voute
des Mines de [el, parce
qu'on ne craint pas que les
murailles s'éboulent.
La terre de cette Mine
ressem ble assez à la terre
gratte, & peu de gens s'avisent
d'en tirer la pierre de
souffre. On la fait boüillir
dans l'eau: par cette culte le
souffre se Icparc de la terre
& surnage; on la jette enfuite
dans différents moules.
A la vue de ces preparations
j'étois convaincu qu'on pouvoittirer
dufruit decegenre
d'étude, & que les Philosophes
avoient eû raison d'en
faire un precepte. Rempli
de ces pensées, je me promenay
longtemps dans ces
souterrains, & je cherchay
de tous costez à profiter: je
remarquay par le goust que
la racine de cette Mine participoit
fort du sel de minière
; je me perfuaday que
cette racine métallique ou
ce verjus mineral, étoit devenu
balsamique par la cuitc
qu'ilavoiteuë dela nature.
Voila mon principe, me
disois-jeàmoy-mesme, la
nature travaille par tout de la
mesmemaniere,elle mene toujoursses
ouvrages pardegrez.
Au forcir de cette Mine
j'en visitay de Vitriol,
d'Antimoine, & de Marbre,
j'allay à des fontaines où le
fer battu en petites lames se
change en cuivre en cinq oa
six jours,& le bois en pierre:
ces fontaines font entre Calouche
& Stry, aux environs
de Slochouf à une journée:
ily en a beaucoup d'autres
minerales qui ont des vertus
particulieres. L'esprit metallique
est tres puissant dans
cette Contrée; on y voit
desMarais où le fer se forme:
il faudroit un volume entier
pour décrire ce que j'y
ay vû :
il y a mesme quantité
de Mines d'or & d'argent.
La plus abondante en
or & en argent est prés de
Slochouf: elle est ordinairement
affermée à des Allemans
& à des Anglois, parce
que lesPolonois ne fc
piquent gueres d'industrieni
de soins. j'y achetay un morceau
de Mine afiez curieux,
de la grosseur d'un oeuf de
poule, formé par descanelures
d'arsenic jaune, de
sel, d'une pierre cristalline
de couleur d'agathc, & de
quelques unes d'or, que la
nature avoir jointes par des
dispositions bizarres qui se
rencontrent dans les entrailles
de la terre.
J'eus envie d'aller voir une
fontaine de bytume quiest
dans le mesme Palatinat de
Cracovie, voicy ce qu'on en
dit, & qui elt tres veritable.
Elle prend feu de temps en
tems, particulierement dans
le Printemps: ce feu cil si
violent que les étincelles
étant emportées par le vent
brulent les bleds voisins:&
mesme comme le fond de
cette fontaineest un bytume
assezépais, & que les veines
de cette matiere sont repanduës
tout autour à une
grande distance
, ce feu s'il
n'est éteint se communique
à ce bytume terrestre qui
s'enflame dans les terres; de
maniere que suivant la tradition
du païs,il brula toute
une forest,& qu'il enleva un
quart delieuë de la surfacede
la terre, faisant une caverne
assezvasté qui fut dans le
moment remplie d'eau, ce
qui donna la naissance au
Marais salé qu'on y voit aujourd'huy.
Ces accidents qui
intimident les Paysans, les
rend attentifs à ce qui se
passe sur certe fontaine, &¡
sur la riviere qu'elle forme
dés sa naissance. Ils ont soin
dés qu'il paroist quelques
étincelles,&mesme quelque
lueur, d'accourir avec
leurs fleaux ou delongues
verges dont ils battent l'eau
de toute leur force pour 1,1
faire élever par dessus le Bitume
;& pour en estre avertis
ils y mettent des Sentinelles,
quid'ailleurs prennent
garde que quelqu'un
par malice ou par curiosité
n'y mettent le feu avec quelque
bougie allumée, & à peu
prés comme on le met à rcali
de vie. Si quelques Seigneurs
Polonois ou des Etrangers
viennent voir cette fontaine
par curiosité
, les Gardes
permettent qu'on mette le
feu avec la bougie allumée
sur la surface de l'eau, mais
ils se munissent auparavant
de branches d'arbres pour
l'éteindre en battant l'eau.
Cette eau eO: cependant
froide au toucher, mais elle
ne se glace jamais, elle jette
une odeur tres agreable, &
a la faveurdu lait. La Montagne
sur laquelle elle est,
esi couverte de fleurs odo- riferentes.
Le Livre dont on a tiré cet
Extrait, contientune infinité
d'autres détailstrés cu.
rieux sur differentes ma
tieres.Il se vend sur le second
Perron dela Sain te Chapelle,
dans la boutique de Claude
Barbin.
ETRENNES.
Ceux qui se souviennent
de la dispute fameuse
qui s'eleva l'an
milseptcens,sçavoir si
cette annéeétoit la fin
du seiziéme siecle ou le
commencement du dixseptiéme,
me pardonneront
de faire une autre
question qui n'est pas
moinsinutile;scavoir d
le Mercure des Etrènnes
doit estre celuy de Decembre
qui [e donne au
premier jour de l'an, ou
le Mercure de Janvier
qui contient le premier
jour de l'an: ce doute ne
vaut pas la peined'estre
éclaircy ; mais il sufit
pour autoriser un reste
d'Etrenne qu'on m'aenvoyé1
.
L'Anonime éruditionné.
S'IUS demandez de l'érudition
sur les Etrennes ; de tous
temps lespeuplesontoffert aux
Dieux cv* aux hommes les
premices de toutes choses, ces
Etrennes ont été établies pour
offrir les premices de l'année
nouvelle; certain peuple d'Afrique
celebroit la premiere année
du siecle, le premier mois
de tannEe) le premier jour du
mois, &' U premiers heure
du jour
ETRENNE.
Par Monsieur de L. T.
Sur l'air d'unVaudeville connu.
Au nouvel an milsept cens
doae.,
Puissiez-vous devenir l'Epouse
&un jeune Epoux tendre cy
charmant
,
.f<!!i ne soit point d'humeur
jalouse,
jamais Mary toujours Amant
Pendant tout l'anmilsept cens
douze.
REPONSE.
yu/qu';' l'an milsept cens treize
Je chercheray la rime à treize>
Et ce Mary toujours Amant
Dans l'univers en est-il frei'{!,
On trouvera plus seurement
Rime riche à mil sept cens
treize.
IMPROMPTU.
Le premier jour de l'an à un
homme de qualité, par
Monsieur M. D. M.
Ne pas donner à plus riche
que soy,
A vôtre égard, c'est maxime
pourmoy.
Cettemaxime efi vraye,~& riofsensepersonne
;
Mais ce qu'on peut donner a#
Pape comme au Roy
c'ejl bonjour , ~& bon an, Sei
gneursje*votts ledonne^-
Le mesme à une Dlle, en luy
envoyant un de ces petitscoeurs
qui renfermentune Devise.
Tel quiJefiequey Iris ,pour
vous d'estresincere,
Vous dit qu'il vous ouvre son
coeur
Mais il efi quelque fois injidul
& trompeur.
Celuy-cy dont la forme efi fragile
& legere,
^uoy qu'un ouvrage de l'Art , n'estpoint un imposteur.
il renferme unsecret myflere,
Pour contenter un desir curieux,
Ouvrez, ce cællr, qui s'offre à
vos beauxyeux,
Tout autre en pouroit craindre
un regard homicide,
Pourêtre heureuxou malheureux
Souvent c'est moins le choix#
, que lesort qui decide.
- NOUVELLES.
-
De Londres le 18. Decembre. LE Parlement s'est assembléaujourd'huy
suivant la derniere prorogation.
La Reine étant allée
à la Chambre des Seigneurs,
& les Communes
y étant arrivées, elle a fait .,
un discours qui contient en
substance
: Qu'elle étoit
bien aise de leur pouvoir
dire que nonobstant les artifices
de ceux qui cherchoient
à continuer la
guerre,le lieu & le temps
pour l'ouverture d'un traité
de paix generale étoient
fixez: que la plûpart des
Alliez, principalement les
Etats Generaux, avoient
par leur promptitude à y
concourir témoigné leur
confianceenelle & qu'-
elle ne doutoit pas que ses
propres sujets ne fussent
persuadez del'affection
quelleavoit pour eux,que
sa principale attention (croit
d'affermir la Religion,
les droits & les libertez de
la nation, & la succession
à la Couronne dans la ligne
protestante: quaprés
,
une guerre qui avoit couté
tant de fang & tant de
trésors. elle travailleroit
Ide, tout son pouvoir à favoriser
& à augmenter le
commerce de ses sujets:
que non seulement elle
s'employeroit à procurer
une satisfactionraisonnable
à tous les Princes
[ & Etats engagez dans
ï cette guerre, mais qu'elle
se joindroit avec eux par
| les liens les plus étroits
pour rendre la paix ferme
& durable:que le moyen
le plus efficace pour réussir
étant de se préparer de
bonne heure à la guerre,
elle recommandoic aux
Communes de donner
avec toute la diligence poc.
sible les subsides necessaires
pour la campagne prochaine
: & elle finit son
discours en leur recommandant
l'union, & d'éviter
tout ce quipourroit
donner lieu de croire qu'il
y eût de la division parmi
eux. Les Communes se retirerent
ensuite, après quoy
il y eut un long débat parmi
les Seigneurs, qui conclurent
à la pluralité de six
voix de representer à la
Reine par une adresse,qu'il
ny auroit jamais de paix
fûre tant que l'Espagne seroit
possedée par un Prince
de la Maisonde France:
mais les Communes au
contraire rèsolurent à la
pluralité de cent cinquante
voix d'établir un Comité
qui seroit chargé de travailler
à une adresse pour
remercier la Reine de ce
qu'elle leur avoit déclaré
touchant la paix generale.
DeLille le16. janvier.
Les nouvelles que nous
avons reçuës hier de Londres
& de la Haye, nous
assûrent toutes une paix
prochaine. La Chambre
des Communes persiste
toûjours: L'Evêque de BrifiaI,
& M. de Buys qui
-
étoient à Londres sont arrivez
à Utrek, où les conferences
se tiendront le z2.
du courant.
Monsieur le Prince Eugene
quiest passé le8. en
Angleterre, n'y est point
allépourtâcher de mettre
quelque obstacle à lapaix;
au contraire i' on aÍfLlre
qu'il y est passé dela part
de l'Empereur pour assûrer
la Reine qu'il entrera avec
plaisirdans le CTaicé ral, gene- &qu'il y envoyera
incessamment ses Ambassadeurs.
La Reine a nommé Milord
Amilton pour être de
la Grande Chambre; mais
les Seigneurs ne veulent
point le recevoir à causè.
qu'il est Escossois.-

> ," De Berlin le 14. Decembre.
L'Electeurde Brandebourg
aordonnéunenouvelle
levée de six mille
nommes. Les Etatsseront
obligez dejes fournir, suivant
la répartition qui en
a été faite par chaque Bailliage,
qui fera obligé de
les fournir. Pour cet effet
on arrête tous les vagabonds
& les mandians.
-
Son. Altesse Electorale
a donné la Prévôté duChapitre
de Magdebourg,
vaccante par le decez du
Prince de Saxe Barbi , aa
Prince Louis son frere:
cette Prévôté vaut dix mil
écus de rente.
De Varsovie le 30. Novembre.
Les Generaux Szeremetof
ôù Ronne n'ont pû faire
consentir lesSenateurs
Polonois, qui sont à Leopol,
à accorder des Quartiers
d'Hyver aux Troupes
du Czar, & ont enfin été
obligez de promettre qu'ils
les feroient sortir du Royaume,
suivant le traitté
conclu avec les Turcs. Elles
doivent aller hyverner
dans le Duché de Severie,
& vers Kiovie & Sivoleusko.
De ?tome le5Decembre.
Le General des Jesuites , ses Assistans, & les Procu.
reurs des Provinces ont
presenté au Pape dans une
audience que Sa Sainteté
leur a accordée, un aéte
signé de tous, portant qu'-
ilssesoûmettoient entierement
aux Decrets de 1704.
& aux autres émanez en
consequence sur les ceremonies
Chinoises,& donnerent
toutes les marques
& lesassurances d'une entiere
obeïssance pour le S.
Siege. Le Pape qui les re-
5ur très favorablement ordonna
que cet acte fût
imprimé.
MonsieurPignatelliEvêque
de Leccé, ayant été
enlevé violemment de son
Palais par ordre du Viceroy
de Naples, & ensuits
conduit horsdu Royaume,
est arrivé ici aujourd'hui
dans un carosse à six chevaux,
que le Cardinal Paulucci
avoir envoyé au devant
de lui avec un de ses
Gentilshommes, & estallé
descendre aux Théatins,
où le Pape lui avoit fait
préparer un logement.
Dans la Congregation de
rimmumceEccIefiaiHque
tenuë au sujet de ce Prelat,
il a été resolu de le
soûtenir.
Sa Sainteté a reçû des
lettres de Dom Annibal
Albani, par lesquelles il
mande que l'Archiduc lui
avoitpromis dans deux audiences
qu'illui avoit données)
qu'il restituëroitComacchio
au S. Siege aprés
foa couronnement.
rDu 12,.
Mardi, jour de la Conception,
on celebra l'anniversaire
du couronnement
du Pape, dans sa chapelle.
Les illuminations, les feux
d'artifice, &: les aumônes
se firent à l'ordinaire.
MonsieurCafarelli,Gouverneur
de cette ville, est
mort aprés une longue maladie,
ôc le Pape a dispensé
sa famille de faire la cavalcade
accoûcumée à la mort
du Gouverneur,n'étant pas
assez riche pour faire cette
dépense. Sa Sainteté a donne
ce Gouvernement à M.
Scorti, Milanois, Auditeur
de Rote; & sonCanonicat
deS.PierreàM.l'AbbéRiviera
Secretaire du sacré
College,& de la Congreigation
consistoriale.
Du 19.
L'Archiduc, ayant enfin
tdonné part de son Election
:au. Pape par le Marquis de
Rona, Sa Sainteté ordon-
:na aussitôt qu'on chantât
le Te Deumy & qu'on fist
des feux & des illuminations
,le Marquis de Prié
a étédéclaré Ambassadeur
de l'Empereur 'en! cette
--
Cour, & le Prince ,d'A.
vellino retourne à Naples
avec laqualité de Grand
Chancellier du Royaume.
M. Odescalchi a été nommé
Nonce en Pologne,&
M. Doria qui revient de
sa Vicelegation d'Avignon
a été nomme Archevêque
in partibus. Mardi dernier
la Congregation consistoriale
confirmal'élection
du Doyen de Saltzbourg,
à l'Evêché d'Olmutz, nonobstantles
instancesde l'ElecteurdeTreves
en faveur
de son frere. Le même jour
Monsieur le Cardinal de la
Tremoille assista à la Messe
que le Chapitrede S. Jean
a
a coutume de dire pour le
Roy le jour de sainte Luce,
& il y fut accompagné par
plus de soixante carosses.
Son Eminence donna enfuite
un grand repas.
M. de Molines refusant
toûjours de remettre aux
Ministres de la Cour de
Vienne les carosses que le
Duc d'Ucede avoit laissez
au Palais d'Espagne
, & qui
ont été confisquez depuis sa
rebellion
,
ils le menacent
de les faire enlever de vive
force; ce qui a obligé M.
de Molines d'augmenter le
nombre des gens qu'il avoir
déja pour la sûreté de son
Palais & de sa Personne.
De Vienne le 16. Decembre,
Toutes les lettres de Valaquie
& des frontieres de
Turquie portent, que le
Grand Visir aprés avoir celebré
le Beïram à Andrinople
un Capigiarrivé de
Constantinople lui avoit
apporté de la part du Grand
Seigneur un riche Caftan
,
avec d'autres marques d'affection
-& de distinction ;
mais quelemême Officier
aprèsles lui avoir delivrées,
avoit porté un ordre à l'Aga
des Janissaires, par lequel
il lui étoit enjoint d'arrêter
le GrandVisir, de
l'enyoyer prisonnier à Constantinople,
& de prendre
le commandement de l'arméejusquà
ce que le Grand
Seigneur eût nommé un
autre GrandVisir : ce qui
a été execute.
Dtf Hambourgle25. Decemb.
On a reçû des lettres de
Rostok qui portent que le
Commandant dés troupes
que le Roy de Dannemarck
y a laissées pourgarder
les magasins qu'il a en
cette ville, ayant demandé
permission aux Magistrats
devisiter leur Arsenal&
leurs magasins,ilslalui
refuserent : mais que s'en
étant fait ouvrir les portes
- deviveforce pendant que
les habitans étoient au sermon,
cette violence caafa,
un grandtumulte. On demanda
à ce Commandant
quelle railon il avoit pour
en agir de la sorte; & sur
ce qu'il répondit qu'il avoit
voulu visiterl'Arsenal pour
s'en servir en cas de besoin,
les habitans répondirent
qu'ilsperiroient plûtôt que
de laisser enlever leur artillerie
& leurs munitions. Incontinent
les Magiilrats firent
tendre les chaînes dans
les ruës qui aboutissent à
l'Arsenal, & y firent pointer
du canon chargé à cartouche,
& plusieurs compagnies
de Bourgeois y
sont tous les jours de garde.
u.
DeLisbonne le 14.Decembre.
,
On a reçû des lettres d'Elvas
du 6. qui portent que
les troupes Espagnoles qui
font en quartier aux environs
de Badajoz, ont fait
une course fort avant dans
le pays, d'où elles ont amené
cinq cent bêtes à corne,
&beaucoup d'Orages pour
les contributions.
De Cadis le 27. Decembre.
La Flotte de Bucnotaires
a mis aujourd'hui à la
voile avec quatre Navires
François, qui vont à la
Mer du Sud.
Il eH: arrivé une Corvette
de la Martinique, qui a
rapporté que M. du Gué-
Troüin en revenoit avec
M. du Casse, & qu'il étoit
richement chargé.
De Toulon le24. Decembre.
Trois vaisseaux de guerre,
sortis de ce Port pour
aller donner la chasse à
quelques armateurs ennemis,
quicroisoient sur les.
côtes de Provence, ont
trouvé quatre vaisseaux
Hollandois, qui portoient
des provisions à Porc-Mahon,
qu'ilsavoient chargées
en Calabre.Dés qu'ils
apperçûrent les nôtres ils
prirent chasse pour les éviter,
mais ils furent bientôt
joints: deux se rendirent
sans faire grande résistance
}
mais les deux autres
se deffendirent pendant
quatre heures, & ne
si: rendirent qu'aprés avoir
perdu la plus grande partie
tie de leur équipage.
De Namur le 6.Janvier.
Un Parti de nôtre Garnisonsétant
joint avanthyer
à un détachement de
celle de Charleroy, attaquerent
auprès de Louvain
cent quarante hommes
des ennemis, qui en
étoient fortis pour aller à
Bruges, & les poursuivirent
jusqu'aux Portes de
cette Place: quatorze furent
tuez,&quarante-deux
faits prisonniers, qui ont
été amenez icy.
Un autre détachement
a été mettre le feu à des
batteaux chargez de fourages,
qui remontoient la
Meuse pour aller à Liége;
mais en se retirant il aété
attaqué par un Parti de la
Garnison d'Huy beaucoup
superieur, qui tua six hommes,
&en fit seize prisonniers.
Le reste se sauva à
la faveur de la nuit qui
survint.
De Dunkerque le 5Janvier.
Un Armateur de Calais
a amené un vaisseau Hambourgeois
chargé de diverses
Marchandises pour
plus de cent cinquante
mille écus.
Un autre Armateur a
aussi amené une grosse
Flutte Hollandoise du port
de quatre.cent tonneaux,
chargée de Saumon, de
Cuivre &: d'Etain.
De Lauterbourg le 16. Dec.
Un Capitaine de Hussars
de nôtre garnison a brûlé
avec trente hommes seulsment,
les magasins de fourages
que les ennemis
avoient entre Philisbourg
& Spire, & il est revenu
sans avoir été joint par les
detachemens qui avoient
été envoyez à sa poursuite.
De Thionville le 24.Decemb.
La garnison du Fort de
S. Martin prés de Treves,
ayant attaqué un détachement
de celle de Traerbach
,
l'a défait entierement
:mais elle a perdu30.
Hommes, & en a eu 19. de
blessez.
De Condéle 18. Decembre.
Nostre Commandant
ayantenvoyé soixante dragons
& quarante Grenadiers
pour mettre le feu à
plusieurs Batteaux chargez
de fourage & de munitions
que les ennemis avoient sur
l'Escaut, entre Mortagne
& S.Amand, pousserentd'abord
deux cens hommes
qui les gardoient: mais ils
furent obligez ensuite de
se retirer avec précipitation
, pour éviter d'être
coupez par plusieurs détachemens
ennemis qui les
cherchoient.
DeMessinele 26.Décembre,
; Onembarquaavanthier
ici deux bataillons & des
munitions de guerre& de
bouche, pour Portolongone.
On a reçu des remises
de Madrid pour lesrecrues,
& pour la remonte denôtre
cavalerie.
Les Liparotesontattaqué
le convoi de Naples qui
venoit de Calabre, chargé
de grains, ils en ont coulé
quatre bâtimens à fond, &
en ont pris six autres qu'ils
ont menez à Lipari.
Un vaisseau François de
64. canons, eH: arrivé ici
ce matinavec un gros Navire
Angloisqu'ilavoit pris
dans le canal de Malthe.
Ce vaisseau est chargé de
soye, decotton,, Ôc. de caffé.
La nuit du 14. & celle
du
2.y. on ressentit ici plusieurs
secousses, assez violentes
de tremblemens de
terre, mais qui n'ont cependant
causé aucun dommage.
G iiij
LETTRE
De M. le Chev. de p***
sur un petit vol fait chez
Payen, Traiteur, ruë
des Bourdonnois,le 21.
Décembre 171u
MONSIEUR,
Je vous avois promis des
mémoires surcertaineavanturegalantedontjejustémoin
au
bal qui s'ejl donné il y a
huitjours,à l'Hôtel des Ambassadeurs,
ruë de Tournon:
mais comme rvOllS- ne ¥lommeZ,
jamais les masques dans vôtre
Mercure, CT que les noms,
les caracteres, & l'âge des
deux personnes quevoussça-
'Ve,:\ font tout le plaisant de
cette avauture,je ne vous en
parlerai pas davantage:contentezvous
du recit d'un petit
njol quifutfait en mapre,
ftnce ce même soir.
Deux de ;mes amis &moy
en ayantrassemblé quatre autres
ponr aller souper chez
Payen, un Filou,qui étoit apparemment
dégtttjé prés de
nous dans ce même bal, &
qui entendit de quoy il s'agissoit,
prit les devants, & avec
un habit de laquais ,tenant à
samain une épée & unecanne
fort belle, qu'il avoit peutêtre
volée à ce mêmebal,entra
chezle Traiteur, (g) contrefausanttyvrogne,
lui annonça
septconvives,du nombre
desquels, disoit-ily étoit
son maître, Cfit allumer du
jeu dans une chambre qu'il
choisit: peu de temps après il
appela un des garçons, qu'il
pria de le mettre dans quelque
petit endroit caché, de
peur que son maître ne levît
jvie, & ne l'assommât de
coups. Le garçoncharitable le
fit entrerdansunpetitcabinet
sur le degré proche la chambre,
& c'est où il desiroit être
pour pouvoir prendre son
temps , comme vous AlleZ
voir.
Nousarrivâmeseffectivement
au nombre de sept
avecplusieurs laquais ; on mit
la nape avec sept couverts&
un buffêt garni
, comme on
jfait qu'ilslesontchezPayen,
de eva-iflègedargent tréspropre:
notre couvert mis, &
lesouper commandé, les garçons
nous lasserent,& e'etf
le moment qu'attendoit nôtre
Filouauguet danssa cachette:
ils'etoit deguisélui-même
en garçon de cabaret, un tablier
blanc en écharpe,laveste
grasse, C9* le bonnet de caprice
; il entre en feignant de
pestercontresescamarades qui
nous avoient donné une table
trop petite, & nous pria de
permettre qu'il nous en donnât
une plus grande, parce que
celle-ci leur étoit necessaire
pour un autre écot: aussitôt,
avec uneadressemerveilleuse
que nous admirâmes, ilfit tenir
danssa maingauchesept
coûteaux,sept cuillieres,sept
fourchettes, &deuxsalieres,
sanslesrenvtrfer,depeur9
disoit'-',jl,de nous portermaL
heur:ilnousremarquer
.la capacité de sa main gauche
& l'agilité de sa droite, lors
quilentendit quelqu'un de
nous qui dusoit bas à un autre:
Voula un nouveau garçon que
je neconnaispas,.& cependant
jesoupe tous les joursici depuis
que l.e)(atu marié Nôtre Filou
aussitot faisant le folâtre,capriola
de la table à la porte,
qu'il tirasur lui, CTfuidan
la rue en trois entambees: 01 criaaussitotauvoleur,&l'ot
fut dans la ruépresqu'aussito
que lui;cependant il dtsparut,
cYon le chercha inutilementt
l'on napprit qu'une heure
après qu'il s'étoitréfugié dam
une boutique,en priant qu'on
ne le décelât point à cesjeunes
Officiers quivouloient l'enroler
de force.
Le Maître de la boutique
a dit que le Filou étoit entré
cht'Z lut ne tenantrien asa
main, (2* avecun habit tout
différent de celui d'un garçon
de cabaret. C'eflce qui ma
paru ddeplus surprenant dans
tavanture, car de la vitesse
dont il fut poursuïvi, ilfaut
quen courantilait changédû
décoration pluspromptement,
quArlequin hote & hotelle*•
rie n'en changesur le theatre,
ODE
DE MONSIEUR
DE LAMOTTE.
DAns le temps qu'au
Dieu du Permesse
J'adreubis mon premier
tribut,
Heureux fruit de ma douce
yvresse,
Ce Dieu lui-même m'apparut.
Deux Déesses suivoieny ses
, traces, -
L'une à l'oeil sier, au front
bautain;1r
L'autre avec un ris plein
de grâces
Savançoit l'encens à la
main.
C'est la loüange ôcla critique,
tique,
Me dit Phoebus, choisis
des deux,
Qui dans la lice poëtique
Guidera ces pas hazardeux.
Phoebus me quitte, & la
louange
Confuse de mon peu d'égard
Disparoît , & déja se vange
Avec un dédaigneux regards
L'autre prés de moy prend
sa place,
Et l'arbitre demesécritsi
Elle ôte, elleajoute, elle
efface,
A chaque chosemet son
prix.
Elle veut la raison pour ,baze
De mes plus badines chansons
-
Chicane les mots & la
phrase,
Va même à critiquer les
sons.
Elle orne sfibiIenma pen- lec' ,,;..,
Et met tant d'art dans mes
accords,
Qu'enfin la loüange est
forcée
De me rapporter ses trésors.
Je goûte aujourd'hui le
mélange
De leurs différentes fIal -
veurs,
Et la critique, & la loüange
Vivent avec moy comme
soeurs.
MADRIGAL NOUVEAU
à une femme jalouse.
SUrmontez les transports
de cettejalouseie,
Les chagrins & l'emportement
Ne ramenent point un
amant-
L'implacable Junon, la
terrib leMede'e,
En proye aux mouvemens
,;,; i jaloux,
Dont vous êtes si possedée,
Ont fait trembler, frémir
leurs amans, leurs
époux,
Lisez de leurs fureurs l'histoire
déplorable;
Lisez-la pour en profiter.
L'une s'est fait haïr, &,
-
l'autre redouter,
Mais pour se faire aimer
il faut se rendre aimable.
< MADRIGAL, ParlajeuneAiuferainsi surnommee
par tous ceux qui ont du goût
- pourla PÚfte, parcegoellee,
entre les autres qualitt;{.,qui la Ji.
-
flinguent) le naturel le plus hetiç
'feux pour laPoè'fie-
QUand le sage Damon
dit qued'un trait mortel
L'Amour blesseles coeurs
sans qu'ilsoientleplaindre,
Quecest un Dieu traître
& cruel;
L'Amour pour moy n'est
point a craindre:
Mais quand le jeune Atis
me vient dire à son tour,
Ce Dieu n'est qu'un enfant,
doux, caressant,
aimable,
Plus beau mille fois que
le jour,
Queje le trouve redoutablen
Lafamese dispute qui
excita en 1699. entre
jMejJïeurs Mery& Du*
verneysur la circulation
du sang par le coeur du
fétus humain,ayant donne
occasion d'examiner
celle de quantité de differens
animaux tant terrestresqu'aquatiques,
&
amphibies,&même leur
maniere de respirer
, &
tout ce qui s'elf dit à ce Jujet, aussi-bien que toutes
les experiences quiont
été faites par plusieurs
sçavans anatomistes de
France & d'Angleterre
se trouvant dispersé ei
differens volumes qui on
paru depuis pendantplusieursannées
;M. Parem
a cru faireplaisir au Public
de lui donner le tout
rassembléen abregé,&
comme dans un point de
vûè, afin qu'ilpuisseplus
aisément embrasser cette
partie danatomiequisans
contredit efi une des plus
interessantes qu'on puiffc
traiter.
ABREGE
desafameusequestion
sur la circulation du
sangpar le coeur dufoe~
tus, où l'onrapporte
les experiences f5 les
raisonnements deMes
sieurs Mery, Tauvigi,
Duvernay, & Deliire,
~Cfparoccasîon le
Systeme de Mr Duvernày
sur la respiraclasses,
sçavoir les terres-
,. tres ,
les aquatiques, & les
amphibies. Le mouvement
du sang dans le caur des
aquatiques est le plus aisé
à expliquer,& ne souffre
aucune difliculté ; parce
que leur coeur n'ayant qu'-
une oreillette & qu'un ventricule
ou cavité
, on ne
peut douter que lesang ne
se rende de toutes les parties
de leur corps danscet-,
te oreillette,qui par sa contraction
le verte ensuite
dans le coeur, tandis qu'il
se dilate ; après quoy le
coeur en fè resserrant le
;
pousse dans l'Aorte, &de
là dans routes les parties de
l'animal. Mais à l'égard des
animaux terrettres donc
i le coeura deux ventricules
ou cavitez
,
& chaque cavité
une oreillette
, tout le
monde aujourd'huy convient
que dés qu'ils refpi-
«? rent le fang de tout leur
corps, ( excepté celuy des
poumons) est apporté par
les veines caves ascendantes
& descendantes dans
l'oreillette droite de leur
coeur, en mesme temps
que celuy de leurs poumons
est versé dans la gauche
par la veine du poumon;&
qu'ensuite ces deux
oreillertes Ce resserrant toutes
deux en mesme temps,
expriment tout le sangdonc
elles font chargées chacune
dans son ventricule,
tandis que le coeur se dilate,
a prés quoy le coeur venant
à se resserrer
,
pousse
le fang de son ventricule
droit dans les poumons par
l'artere pulmonaire & celuy
de son ventricule gauche
dans les Aortes ascendantes
& descendantes
d'où , il estensuite distribué
àtouteslesparties du corps.
Quant auxamphibies tels
que les tortuës, les serpens,
&c. LesAutheurscydessus
conviennent que leur
coeur a trois cavitez
,
sçavoir
premierement une
droite,&une gauche,comme
les animaux terrestres ;
.& outrecelaunetroisiéme
cavité, comme feule, ainsi
que dans les animaux aquatiques
, laquelle est firuée
entre les deux premieres;
en telle
6
forte cependant
qu'elle communique avec
la droite, comme celle-cy
communique avec la gauche
, & qu'elle n'a point
d'oreillette, comme ces
deux dernieres.
Ils conviennent de plus
que le fang des différentes
parties du corps de ces animaux
(excepté le poumon)
-vient se rassembler dans
1"oreillette droite de leur
coeur , & que celuy des
poumons ,ou si l'on veut
du poumon, parce que les
serpensn'enont qu'un)est
rapportédansl'oreillette
1
gauche
,
d'où il est versé
dans son ventricule pendant
que le coeur se dilate,
le tout comme dans les
animaux rerreftres : mais
pendant le resserrement du
coetir l'adion est differente
de ce qui se passe dans
les animaux rerrestres;parce
que dans les amphibies
l'Aorte part du ventricule
droit, & non pas du gauche
, & l'artere du poumon
vient du troisiéme ventricule,
commedans les aquatiques.
Il sort encore du
ventricule droit une feconde
ou nouvelle Aorte qui
va se reunir avec l'artere
descendante au dessous du
coeur, à peu prés comme le
canal Botal dans les foetus
rerrestres;& pourun usage
tout semblable; & les quatre
Autheurs citez conviennent
encore de toutes
ces parties. A l'égard de
leur usage je considere que
pendant le resserrement du
coeur) le fang estobligéde
passer du ventricule gauche
dans le droit, n'ayant
point d'autre issuë;&comme
ce passage se fait par le
haut du ventricule droit,
& que ce fang imprégné
del'air des poumons,est
peu propre:à se mo lier
avec celuy qu'il trouve
dans le ventricle droir, lequel
en est beaucoup plus
destitué;le fang qui vient
du ventricule gauche dans
le droit, en chasse celuy
qu'il y rencontre & l'oblige
de fuir dans le troisiéme
ventricule dont la communication
avec le droit cft
plus bas, pour de là passer
dans l'artere pulmonaire,
& aller aux poumons, tandis
que luy-mesme prend
le chemin des Aortesascendantes
& defcendanres
,quisontau dessus du
ventricule droit &ce chemin
du fang par le coeur
des amphibies ne souffre
pas encore de difficulté,
parce que les communications
& les valvules le démonstrent;
mais ces mesmes
Autheurs ne s'accordenr
pas dans le reste,c'està
dire, dans l'application
que Mr Mery en fait à son
Systeme.
Car depuis la découverte
de la circulation du sang
dans les adultesterrestres,
du trou ovale,&du canal
Bocal
, tous les Anatomistes
convenoient que le soetus
ne respirant point, ses
poumons devoient estre
très affaisez,&qu'il n'y
pourroitpasser par consequent
que très - peu de
ifang: c'est ce qui les obHgeoit
à en faire passer au
i,.,joins-L de l'oreillette droite
dans la gauche par le
trouovale, pour soulager
les poumons, & plus d'un
tiers.par le canalBotal dans
l'Aorte descendance,poi
la mesme fin. Le premi
se joignoit dans l'oreille
gauche avec le peu qu'ell
en recevoit des poumon
pour entrer
-
conjointe
ment dans le ventricul
gaucher de là estre pourfi
pesle mesle dans les Aor
tes;maisparticulierement
dans l'ascendante qui eii
auroit reccu trop peu sans
ce recours; & le secon d se
mesloit avec celuy de l'Aor-j
te descendante pour arrofer
les parties inférieures
du corps.
Mais Mr Mery ayant
ouvé dans plusieurs soes
qu'il adissequez l'Artee
pulmonaire mesme au
elà du canal de commuication
,
plus grosse que
Aorte à sa naissance
, a
reu qu'il devoir paffer
eaucoup plus de fang par
L premiere que par la deriere
, &qu'ainsi tout le
ang, qui felon cet Auleur)
passe par les pounons
du foetus, ne pouant
monter par l'Aorte,
[ falloit qu'unepartie de
e fang arrivé dans l'oreillette
gauche,repassastdans
la droite , pour soulager:
cette Aorte. Il a creudes
plus que la disposition de:
la membrane qui est am
trou ovale, favorisoit les
passage du fang en ce sens,
Mais ce qui fèllllble l'avoir
le plus déterminéà fonden
ce nouveau Systeme, ç'a
este le partage du fang dui
ventricule gauche de la
Tortuë dans le droit dont
on vient de parler; parces
qu'il a creu qu'on pouvoit
comparer la communica—
tion de ces deux vencricu[
es avec le trou ovale, &
la secondé ou nouvelle
Aorte des amphibies avec
le canal Bocal. Mr Mery
auroit pu adjouster à toutes
ces rairons, que peutestre
le fondement sur lequel
l'ancien Systeme est
establi, n'est pas inebranlable;
scavoir que les poumons
des foetus terrestres
font tellement affaissez,
que le fang n'y sçauroit
passer; car il n'est pas necessaire
de vesicules pleines
d'air, dans les autres
g landes pour y faire passer
le sang,& l'effort du coeur
de la mere suffit. Pourquoy
donc l'effort des
coeurs de la mere & du
foetus enrero ble ne suffisent-
ils pasaussîpour pouffer
le fang - au travers des
poumons,qui ne sontcomposez
que de glandes ; il
semble au contraire que
s'il y avoit beaucoup d'air
comprimé entre les glandes
du Pancreas, du Mezentere,
&c. ilferoitplus.
propre à arrester la circulation
du fang qu'ellescontiennent,
qu'à la faciliter
>
par
par la compression qu'il
feroit sur leurs vaisseaux
sanguins.
Mais revenons à nos Au.
theurs. MrsTauvry & Duvernay
se font opposez à
ce nouveau Systeme, &
pour cet effet le premier a
fait voir des coeurs de foetus
dans lesquels l'Aorte à
la sortie du coeur estoit
plus grosse que l'artere pulmonaire
au delà du canal
Botal. Cependant cette experience
ne détruit pas absolument
le premier fondement
de Mr Mery, parce
qu'il y a plusieurs foetus
donr l'Aorte eH: plus
menuë que l'arrere pulmonaire
dans les premiers
mois de leur accroissement,
& plus grosse dans
les derniers mois.
-
Mais
Mr Tauvry l'attaque d'une
autre maniéré , en arrribuant
la grosseur excessive
de l'artere du poumon, par
rapport à rAortetà la difficulté
que le sang trouve
a circuler par les poumons,
particu lièrement quand le
foetus est peu avancé en
âge; ce qui semble affoiblir
le nouveau Systeme,
(supposé que son fondement
foit bon.) Mr Chemineau
a examiné un foetus
qui a eu vie, dont le
coeur s'esttrouvé semblable
à ceux des amphibies, (excepté que son Aorte
ancienne naissoit de son
troisiémeventricule
, ôc
non pas du droit, & que
la féconde ou nouvelle
Aorte ne s'y trouvoit point
du tout. ) Dans ce coeur
l'artérepulmonaire,qui a
sanaissanceestoit plus menuë
que l'Aorte, la furpassoit
de beaucoup proche
les poumons, ce qui
semble favoriser les partisans
de l'ancienne opinion
,
supposé toujours
qu'ils soient bien fondez.
A l'égard de Mr Duvernay,
il neconvient pas de
la com paraison que Mr
Mery fait du trou ovale
,
avec la communication du
venrricule gauche, & du
droit dans les Tortuës, à
cause des différentessituations
de ces ouvertures.,
dont l'une est entre les oreillettes
dans les animaux
terrestres, & l' autre entre
lesventricules dans les am- --..
phibies. Il objecte de plus
à Mr Mery
,
qu'en voulant
décharger l'Aorte par le
trou ovate~ôe les poumons
par le canal Botal, il furcharge
d'un autre costé les
poumons, du fang qui revient
de l'oreillette gauche
dans la droite. A quoy il
adjouste, que dans le nouveau
Systeme le fang de la
ere efl: trop ralienti ôz
trop affoibli par son partage
au travers des poumons
du foetus, ôc qu'il est plus
a propos d'en faire palTer
du moins une partie par
l'Aorteascendante immediatement
comme il en
passe une autre partie immédiatement
dans l'Aorte
descendante
,
afin que
les parties superieures n'ayent
pas en cela une condition
pire que les inférieures.
Quam à la seconde
ou nouvelle Aorte des amphibies
Mr Duvernay ne
convient pas non plus qu'-
on puisse la comparer au
canal Botal:caril prétend
qu'elle ne fert qu'à distribuer
du fang à leur estomac.
Mais on ne sçauroit
cependant douter, que si
ellen'existoit point,le fang
qu'elle porte ne deust palfer,
du moins en partie,
par l'artere pulmonaire;
ainsi on ne peut disconvenir
qu'elle ne foulage les
poumons danslesanimaux
oùelle se trouve;& on ne
sçauroit penser non plus,
qu'elle soit delhnée uniquement
pour leur estomac
, puisque la Nature
pouvoir s'en paffer en tirant
de l'Aorte defcendante
des rameaux pour l'usage
deceviscere.Onpeutdonc
croire, que quand l'am- 1
phibie ne respire pas comme
quand ilest dans l'eau,
l'air qu'il tient comprimé
au dedans de ses poumons
y retarde lacirculation de
sonsang,cequi l'oblige de
s'échaper alors en partie
par l'ancienne & la nouvelle
Aorte plus abondamment
que quand l'animal
respire
, comme il arrive
dans le foetus qui ne respire
point encore, parce que la
rerpiration met les parties
des
des poumons au large, &
facilite le cours du sang,
au lieu que l'expiration les
comprime & les retarde,
ainsi l'expiration ou la
compression de l'air dans
les vesicules des poumons
fait précisément le mesme
effet que leur propre
poids dans les foetus
,
1 d'où il suit qu'estre amphibie
,
c'est en quelque
façon encore estretantost
adulte
,
sçavoir quand ils
font à l'air, & tantost foetus,
scavoir quand ils font
dans l'eau.
On peut penser la mefme
chose d'une autrees--
pece d'amphibies qui nont
qu'un ventricule, qu'une
oreillette,&qu'une Aorte,
comme les poissons
,
tels
fontla Salamandre, la
Grenouille
,
&c. sçavoir
que quand ils respirent
l'air, leur coeur par cette
aorte envoye une quantité
considerablede son fang
dans leur poumon pours'y
vivifier; mais que quand
l'animal est dans l'eau &y
comprime de l'air enfermé
dans ses poumons, ily /s
passe alors moins de fang,
& tour prend le chemin des
Aortes ascendantes & descendances.
A l'égard des poissons il
sembleZD qu'ils devroient
avoir aussi cette nouvelle
Aorte préférablementaux
autres espèces d'animaux,
parce qu'ils ne paroissent
pas respirer ; mais on va
voir au contraire qu'ils respirent
continuellement;
ainsi ils n'en ont nullement
besoin.
Pour revenir à la question
du trou ovale MrDelitre
a fait voir à l'Académie
le coeur d'un homme
de quarante ans dans lequel
le trou estoit encore
tout ouvert. La continuation
de la veine pulmonaire
qui le compose conjointement
avec l'oreillette
droite, y offroit à la veuë
une espece d'entonnoir,
dont l'embouchure regardoit
l'oreillette gauche,
comme il paroist dans les
foetus humains. De plus
l'artere du poumon y estoit
de beaucoup plus grosse
que l'Aorte, quoy qu'elle
ne souffrist pascependant
de resistance du costé des
poumons de cet homme
qui avoit l'usage de la respiration
libre. Ainsi la réfutation
prétendue de Mr
Tauvry dont on a parlé,
& celle qu'on prétendoit
tirer du foetus de MrChemineau
ne peuvent plus
subsister.D'ailleurs le canal
Botal estantdesseiché
dans cet homme comme
dans tous les adultes, tout
le fang de l'artere du poumon
estoit obligé de revenir
par sa veine pulmonaire,
qui luy estoit égale en
grosseur;ainsi pour contenir
tout ce fang, il auroit
fallu une oreillette & un
ventricule gauche,& une
Aorte aussi spacieux que du
cossé droit, au lieu qu'ils
cftoient de beaucoup plus
petits. Il faut donc dire
qu'une partie du sangrapporté
par la veine du poumon
, se dechargeoit par
le trou ovalaire dans l'oreillette
droite,& qu'il n'y
en avoit qu'une partie qui
entrast dans l'oreillette
gauche) & de là dans son
ventricule, pour estre poussée
par l'Aorte précisement
comme dans le nouveau
Systeme de Mr Mery
touchant les foetus. Au lieu
que selonl'ancien Systeme
il faudroit dire que les parties
gauches du coeur de
cethomme
,
recevoient
autant de fang, que les
parties droites qui sont
plus amples, ce qui paroiss
renfermer une espece de
répugnance., Il ne reste plus que d'examiner
ce qui se paÍfe
dans lesVeaux & Agneaux
foetus, où Mr Tauvry
a
trouvé les parties gauches
du coeur plus grandes que
les droites. Car s'il suitdelà,
selon Mr Mery mesme,
que le mouvement du fang
se fait dans le coeur de ces
animaux d'une manière
opposée à celle du foetus
humain, c'està dire, selon
le Systeme d'Hervée. C'est
aussicedont Mr Mery convient
, pourveu qu'on luy
accorde que dans les foetus
humains la circulation se
fait selon son nouveau Systeme.
lequel ne suppose
autre principe dans l'Autheur
de la nature, sinon
celuy-cy donc tous les
Philosophes conviennent.
(Disposuit omniasuaviter. )
Quant à la respiration
des poissons dont on vient
de parler,il faut considerer
premièrement que le
fang qui va de leur coeur à
leurs oüyes par l'artere des
oüyes
,
est noiraftre
, en
comparaison de ce qu'il est
au sortir des mesmes oüyes,
où il est vermeil comme
au sortirdes poumons dans
les animaux qui respirent,
d'où il suit desja que les
oüyes des poissons leur
- tiennent lieu de poumons.
Secondement les poissons
vivent tres peu de temps
dans l'eau donc on a tiré
l'air. Troisiémement lorsqu'on
les enferme dans
une bouteille pleine d'eau
ils n'y demeurent pas longtemps
sans y estre étouffez,
à moins qu'on ne la débouche
pour y laisser entrer de,
l'air nouveau dans l'eau ;
car on sçait que seau destituée
d'air s'en remplit en
peu de temps quand on l'y
exposeà découvert. C'est
pour cela que pendant les
longues gelées on estobligédecasser
la glace des
rivieres, estangs & autres
reservoirs de poisson
,
afin
qu'ils puissent respirer l'air
qui entre dans l'eau par
ces ouvertures. C'est par
la mesme raison que quand
on remplit un reservoirde
poisson, peu de temps a près
tout le poisson tient sa teste
à la surface de l'eau pour
venir respirer. Quatrièmement
l'action des paneaux
des oüyes des poissons est
perpetuelle,sçavoir de s'elever
& de s'abbaisser successivement
comme lapoitrine.
Cinquiémementon
- ne sçauroit douter que par
cette action ils ne prennent
continuellement de
reau par leur bec qùlis
cliaffent" ensuite au travers
de leurs oüyes. Or si cette
action ne servoit pas à filtrer
de l'air dans leur fang,
comme celle despoumons
des autres animaux, il paroist
que la Nature auroit
fait de lamachine la plus
composéelachosE la plus
inutile;car premièrement
l'eau que les poissons avallent
avec leursaliments,est
plus que suffisante pour
leur nourriture; & ils n'ont
pas besoin d'oüyes pour cet
effet. De plus on ne voit
point ce qu'ils peuvent tirer
de l'eau, sinon de l'air
qui leur estnecessaire comme
aux autres animaux
pour former des esprits &
desferments. Enfinonne
voit point non plus en eux
aucun autre instrument
pour attirer de l'air que
leurs wyesJni que la feparation
de l'air dans l'eau au
moyen de ces oiiyes
,
soit
plus difficile que celle des
parties de la bile dans le
foye
,
de l'urine dans les
reins, du lait dans les mamelles,
& de toutes les autres
liqueurs contenues
dans le fang des animaux,
dans le fang mesme, puifqu'il
ne faut que supposer
dans lesoüyesdespoissons
des glandes ou des tuyaux
desjapleins d'air & tout
ouverts qui s'embouchent
dans les arteres des oüyes;
car l'eau venant à couler
(ur les orifices de ces
tuyaux, ne pourra se joindre
à l'air qu'ils contien-
;nene à causede la diversité
- ede leurs parties; mais l' air
contenu dans les pores de
-
de leau, ne manquera pas de s'incorporer avec cet
air , & de le chasser en
avant,àcause qu'ilest prefsé
luy mesme par les paneaux
des oüyes. Quant à lacomposition des cuves
il suffit pour en juger, de
se representer ce que Mr
Duvernay nous en apprend
, sçavoir qu'il y a
soixante neuf muscles qui
servent à leur aétionj que
chaque feuillet d'oüye est
composéde270. lames,ce
qui fait u£o. lames pour
les deux ouyes
,
à quatre
feuillets pour chaque oüye.
Que fîirla face de chacune
de ces lames il y a 21 6 o.
petits filets de vaisseaux
sanguins ou d'anastomes,
ce qui fait prés de
10000000. d'anastomes
en tout.
MéÚs pour avoir une
idée
-
plus nette de toute
cette mechanique admirable
rable des ouyes
,
il faut
sçavoir que l'arterc qui
tient lieu de pulmonaire
dans les poissons à laforcie
de leur cceur, se partage
en huit branches ; sçavoir
quatre à droite
,
& quatre
à gauche; les quatre ra.
meaux vont de chaquecofié
se rendre à quatre arcs
osseux qui soustiennent les
feuillets des oüyes, sçavoir
chaque rameau dans le demi
canal ou goutiere qu^
regne te long de la convexité
de cet arc. Ce rameau
dans tout son cours le long
de cette goutiere
, envoye
deux branches d'artere à
chaque lame des oüyes
dont un feuillet est composé,
parce que chaque
lame est elle
-
mesme composée
de deux parties ou
lamelles faites en forme de
faux adoffécs
,
posées de
travers sur le chan par leur
base sur la goutiere, & liées
par quantité de filets de
nerfs. Le dos & la bafe de
ces faux est pareillement
osseux pour leur donner de
la consistance,& pour soustenir
le rameau d'arterc
& de nerfs, qui monte le
long du dos de chaque
faux jusqu'à sa pointe où
il se termine. De cette
pointe part une veine qui
descendant le long du
tranchant de la faux passe
par dessous sa bafe
, ôc là
se reunissant avec la veine
pareille de la faux opposee
, elles entrent conjointement
dans un tuyau veineux
qui regne le long de
la mesme goutiere à costé
;de l'arreriel. On trouve encore
le long de cette mes-
[me goutiere un rameau de
nerf qui fert à former les
membranes & ligarnens
donc les lames des oüyes
font unies entr'elles. Ilya
de plus un nombre presqu'innombrable
de petits
vaisseaux sanguins qui s'estendent
directement du
dos de chaque faux à son
tranchant sur chacune de
ses faux & ce sont les communications
ou anastomeses
si cherchées par les Anatomistes
des arreres avec
les veines. Enfin ces anastomeses
font distinguées
les unes des autres, & foustenues
par autant de filets
osseux faits en forme
de poils,& par des rameaux
de nerfsqui partent du dos
de chaque faux.fW'
Les tuyaux veneux qui
régnent le long des goutiercs
estant arrivez à leur
extremitédu cossé de dessus
ou du cerveau du poisson,
prennent taconditance
d'arteres, & suppléent
àce que le coeur manque
de faire dans les poissons;
car ils se réunifient en un
tronc qui forme l'Aorte
amendante&descendan-
** — - *
te & par là fournissent du ;
fang vivifié d'air à la teste
& aux parties inférieures.
Mais à l'autre extremité
des goutieres ils se reunissent
en un seul tronc veneux
qui va se rendre à
l'oreillette du coeur avec les
autres veines qui rapportent
le fang du reste du
corps de l'animal Voila
bien des merveilles jusques
là inconnuës aux Anaromistes.
Il faut esperer,
- que le temps nous en découvrira
bien d'autres.
A VANTVRË
14 duBaL
Elleefldefraifche.date
y l'une des personnes interessees
dans l'Avanture
mela vient de conter; elle
est de la Semaine passée. - Un jeune Officier fort
amoureux d'une femme
fort vercueuse, en fut rebuté
plusieurs fois,& de
tres-bonne foy car elle
fut preste d'en avertir son
mary. Elle en menaça
l'Officier qui luy representa
qu'elle avoit grapd!
tort d'estre si fidelle à un
mary qui avoit une maistresse.
Une maistresse!
s'écria la Dame qui estois
encore- plus jalouse que
vertuéuse. Ah Jsi vous
pouvez meprouvercelaw
a-aa. Achevez, Madame,,
achevez, luy dit TOfÉcier
; vous avez voulu
dire que sije pouvoisvous
prouver l'infideliré de
vostre mary , vous vous
en vengeriez.J'avoue
reprit
*
reprit vivement la Dame,
que j'ay voulu dire
cela dans mon premier
mouvement ,
mais la
raison me revient bien
viste comme vous voyez
, car je n'ay pas
achevé, il en feroit de
mesme si je voyois réellement
l'infidelité de
mon mary, mon premier
mouvement feroit de me
vanger ,
mais la raison
me reviendroit si viste
que vous n'auriez pas le
loisir de profiter de ce
moment-laJe me le tiens
pour dit3 reprit le Cavalier,
la question n'estdonc
plus que de vous prendre
dans un moment de colere
qui dure assèz pour
vous déterminer à la
vengeance, la question
fèroit encore, repliquat'elle,
en le quittant bruC.
quement, si cette vangeance
ne le tourneroit
point contre vous plustostquecontremonmari.
-
Le Cavalier estoit de
ceux qui expliquent tout
à leur avantage, parce
qu'ils jugent desavantageusement
de toutes les
femmes3 il conceut de
grandes esperances s'il
pouvoit trouver l'occasion
favorable, il la chercha
avec foin; enfin ayant
gagné à force d'argent
la femme de Chambre
de la maistressè du mary,
il sceut que le foir mes.
me ils dévoient se trouver
à un bal, 06 cette
femme de Chambre luy
monstra la lettre que sa
maistresseécrivoit au mary
pour ce rendez-vous,
Voicy ce qu'elle contenoit.
Trop infortunémary
d'une femme jalouse je
ne pourray te consoler ce
soir dans mon appariemil'
5
car j'y reçois des
Dames qui.sj viennent
deguiser pour un bal qui
Je donne dans le grand
Appartement bas qui est
au dessous du mien tu
m'y trouveras deguisée
simplement en chauvesouris,
avec deuxjuppes
noires, un ruban jaune
: autour du col, (jf un
rougesur la teste, viens-y
avec la mesme robe a"Arménien
que tu aVOIS aux
deux derniers balsyÇtfc*
LeCavalier copia cette
lettre en écriturede
femme, & y adjoufta
feulement cecy : C'est la
seconde fois aujcurai.ry
que je t'écris la nicj;>ie
close
, jet'envoye cette
secondeinsiruction en cas
que tu n'ayespas receu la
premiere.
La femme de Chambre
recacheta l'original de
cette lettre, & l'envoya
naturellement au mary
dès le matin comme elle
en avoit l'ordre, & le
Cavalier envoya la sienne
par un laquais fort
adroit,qui faisoit le niais
a merveille, 6C qui alla
droit au logis de la Dame
jalouse
,
où feignantde
n'avoir trouvé en bas aucunlaquais
de Monsieur,
il montachezla femmede
Chambre de Madame
à qui il demanda niaiiè,-
ment., si Monsieur n'estoit
point au logis, il
tenoit negligemment à
sa main la lettre que cette
femme de Chambre-cy
cofidentede la jaloufiede
sa maistresse, se sceut bon
gréd'avoir attrapée à
nostre faux niais, qui la
pria bonnement de la remettre
entre les mains de
Monsieur sans que Madame
en sceust rien, elle
fit tout le contraire com-
, me vous pouvez penser,
&c'estoit l'intention du
Cavalier qui se doutoit
bien que la femme jalouse
feroit suivre son mari,
& seroit convaincuë de
son infidelité,c'est tout
ce qu'il souhaitoit, mais
le hasard pouffa la chose
plus loin.
Le mari voulant aller
au bal àl'insceu de sa
femme, feignit le foir un
mal de teste,elle comprit
d'abord qu'ayant receu
la lettre dont elle avoit
le double
,
il se disposoit
à se derober d'elle pour
aller au rendez-vous, Se
pour luy donner beau,
elle feignit aussi une migraine
, & se retira de
bonne heure dans sots
appartement, sa confidente
eut foin de luy
trouver pour le bal un
habit de chauve souris
pareil à celuy que devoit
avoir sa rivale, avec le
signal des rubans marquez
dans lalettre.
Le mari sortit en secret
sur les dix heures du
- foir pour aller se deguiser
je ne scay où; la femme
prit le carrose un peu
aprés,& se rendit au bal
avec safemme de Chamre
qu'elle fit aussimaiquer,
le bal ne faisoit
que de commencer, elle
leposta dans un coin, où
elle ne fut remarquée
que <lefonjeune Amant,
ui voyant la Chauve
Fouris de ii bonne heure
m rendez- vous, & sçabhantquelle
ne devoit
i'j trouver que fort tard,
devina que cette Chauve
-
souris-cy pourroit
bien estre la femme jalousequi
prenoit les devants
pour donner le
change à son mari
,
cC
le convaincrede perfidie,
ce soupçon fut bien tost
confirmépar la femme de]
Chambre avec qui il estoit
d'intelligence, jfbuvenez
vous que c'est celle
de la maistresse du ma- 1
ri, & qu'estant de la maison
où le bal se donnoit,
elle y pouvoitestre naturellement,
elle y cherchoit
le mari Amant de
sa maistresse qu'elle vesoit
prier de ne point
impatienter, parce qu'-
elle ne pouvoit venir que
sur la findu bal. Comme
cette femme deChambre
sec nostre Amantmasqué
s'entretenoient ensemble,
l'Armenien ,c'està
dire, le mari en robbe
d'Armenien,parut, 6L
fut aussitost reconnu par
sa femme
,
qui chercha
l'occasion de l'attirer
dans quelque coinpour
le confondre. Nostre
Amant qui les observoit
pour voir le denoüement
de cette Scene
, en imagina
unequi pourroic luy
estre plus favorable, il
concerta impromptu avec
la femme de Chambre ,
qui voulut bien sacrifier
sa maistresse à cet Amant
passionné & liberal : voicy
comment elle sy prit.
Elle aborda,l'A-rme- nien, & luy dit que fin
maistresse le prioit de j
changer son deguisement,
parce qu'on l'avoit
trop remarqué au
dernierbal, & le pria de
lasuivre jusqu'à une petite
chambre où elle luy
donneroit un autre ha-
; bit: voilà donc la femme
:de Chambre qui marche
;
la première,l'Arménien
la suit, la Chauve souris
fuit l'Arménien, & l'Amant
fuit la Chauve-souris
, marche mysterieuse
&interessante dont je ne
vous tracerai point icy
*, !..Jr,m
tous les detours, car je
n'ay point sceu exactement
quel estoit le plan
de ces appartemens; mais
enfin à la faveur de quelque
obscurité chacun allant
à ses fins nos quatre
personnages se trouverent
postez comme vous
allez voir le mari entre
d'abord avec la femme
de Chambre dans un cabinet,
y quitta son habit
d'Armenien pour en
prendre un autre avec un
masque
masque different, & retourna
au bal attendre sa
maistresse. L'Amant à
quilafemmedeChambre
donna l'habit que venoit
de quitter le mari, resta
dans le cabinet pour y
estre pris pour luy si l'occasson
devenoit favorable
& elle le devint, car
la femme jalouse trou-
| vant la porte ouverte, Se
voyant l'Amant Armenien
qu'elle prit pour son
mari
, crut avoir trouvé
le moment de le confondre.
Elle entre, ne doutant
point qu'il ne fust là
pour y attendre la Chauve
souris sarivale, l'Amant
Armenien feignit
-
-
de s'y méprendre comme
auroit fait le mari -& cela produisit , une icene
que je prie le Lecteur
de ne pointdeviner trop
tost, il feroittort à l'honneur
du mari, à la vertu
de la femme, oC à celuy
qui écrit cette avanture,
car il se garderoit bien
d'en faire le récit si le déncoueimeentuen
exstoi.t vi-
A Cette femme par malheur
pour l'Amant n'aimoit
pas assez son mari
pour se foncier qu'il la
prit en ce moment pour
sa maistresse, elle se demanqua
d'abord pour
l'accabler de reproches
6c d'injures, le faux mari
feignant un repentir
sincerervoulut reparer
son infidélité par un raccommodement
des plus
tendres, mais il la trouva
inflexible: ah, Madame,
s' écria-t-il, en le démarquant,
puisque vous ne
voulez pas pardonner à
un mari perside, vengezvous-
en donc dans ce
premier mouvement de
colere où la vengeance
est si pardonnable » la
vertueuse femme luy respondit
avec sa vivacité
ordinaire qu'unautrepremier
mouvement avoit
desja succèdéà celuy de
la vengeance , & quelle
se sentoit siindignée contre
luy que s'il paroissoit
jamais en sa presenceelle
luy mettrait en telle un
mari qui sçavoit aussi
bien se vanger d'un suborneur
qu'estre infidellelIa
femme.
Apres cette m- enace
elle laissa nostre jeune
présomptueux convaicu
pour la première fois de
sa vie que ses charmes
avoient bien peu de force,
puisqu'ils n'avoient
pas pû vaincre une fClnme
desja affoiblie par le
desir naturel de punir un
mari infidelle.
- Vers sur £inconstance
par feu Mr P
La confiance f5 lafoj ne
font que de vains noms,
Dont les laides es les
barbons
Taschent d'en;bara[ferla
jew/ejjecvcduie,
Pour retenir toujours
dans leurs herisahveux
Par le char?r:e d'un faux
ferapule
Ceux qu'un just,e de^ouft
a cLajJt de chez, etix,
Cupidonsous les lolx de la
si'mple nature,
Réduit tout ce fait
soupirer icy bas,
Ilnepunit jamaisrebelle
ny par*jure; C'estun empireqm nedure
QJu'autant queses Sujets trouvent des appas.
Des qu'un
-
objetcesse de
plaire,
Le commerce amoureux
aujjîtofl doitifnir,
Et l'effetdesifrmi-ns?/eji
plus qu'une ilhnere
La , perte du pLiifir qui
nous les afait faire,
Nous dispensé de les tenir.
&Amourdeson {!::f';;n est
tousjoursseul le '?y
Et
Etsansque noussçachions
nypourquoy nycommenty
Comme dansnostre coeur a toute heure il peut
naistre,
Il en peut malgré nous
sortir a tout moment.
ZJliffe qui parfafagtjJeJ
Fut sivantédedans la
Grece,
Quoyqu'amoureux f5
bien traité,
Refusal'immortalité,
ji la charge d'aimertous,
joursuneDeesse,
Aimez.., tant que l'amour
•.
unira ruas esprits,
Mais ne vous piquez,
point d'une follecon-
,
stance,
Et n'attendez, pas que
i'altfence,
Ou le degoust
, ou les
mépris
Vousfajfentfairepenitece
i Desplasirs que vous
4nurçzj pris.
Quandonfent mourirsa
tendresse,
Qu'onbâille auprès d'une
maiflrefje,
Et que le coeur riejtplus
content,
Queservent les efforts
qu'onfaitpour le Pdroifire,
L'honneur depasserpeur
constiant,
Ne vautpas la peine de
l'estre.
,
E NV O Y.
On vous envoyeMonsieur,
cet Extrait de Lettre très-curieux
, C'F si vous juge^ apropos
de l'inserer dansleMercure
on continuera devousfaire
part de pluficurs autres Disserrationshistoriques
, que lePublic
ne regardera pas comme
indifférentes, EXTRAIT
d'une Lettre écrite de arts àMr MO DEY Conseilseiller
en la Cour souverainede
la Province d'Utrecht,
par AIr * ** le
28. Décembre 1711.
Le public est redevable
à Mr Herman Sehminkè
vostre compatriote
,
de la
nouvelle Edition delaVie
de Charlemagne par Eginhard
,avec des Notes qu'il
viene de faire imprimer;
&quoyque je n'aye paillé
d'autreconnoissance de
cette Edition que celle que
j'ay tirée de la lecture de
nostre Journal des Sçavans
du sept de ce mois qui en
parle, je ne laisse pas de
comprendre que les matières
historiques luy sont familieres,
& qu'ilen fait une
estude particulière. Je suis
persuadé que j'en aurai encore
une meilleure opinion
lorsque j'aurai pu voir le
Livre entier & les Notes
qu'il y a faites. t~
Cependant,Monsieur,
vous croirez peut -
estre
aussi bien que moy
y
qu'une
histoire entiere deCharlemagne,
& traitée par une
fçavante main,auroit encore
esté plus agreable.
ment receuë du Public,
que l'Edition d'Eginhard
qui n'en contient qu'un
petit abrégé.
La vie de ce grand Empereur
cft trop racourcie
dans Eginhard & l'est
mesme tellement qu'elle
ne satisfait pas le lecteur
pour peu qu'il soit instruit
de nostre Histoire : & ce n'est, pour ainsi dire,qu'un
petit éloge. De. plus la vérité
des faits de ce Monarque
, ne se trouve point
dans tout ce qu'Eginhard
en rapporte. Eginhardne
parle point des premieres
années de la vie de Char-
Lemagne, parce que, dit- il,iln'yavoitplus personne
lorsqu'il écrivoit qui
pust l'en instruire : ce qui
fait connoistre qu'il n'a
composé cet Abregé ou
plustost cet Eloge que 1
quelques années après le
deceds de ce Monarque,
d'où il est facile de conclure
qu'il ne la composé
que de memoire, & non
pasamesurequelesactions
se sont parsées; & à moins
que par les Notes que Mr
Schminke y a faites, il n'aie
rempli tous les faits qui
manquent dans Eginhard,
& corrigé ceux qu'il rapporte
contre la verité
,
je
suispersuadé que ce ne
peut estre un ouvrage où
il ne reste encore beaucoup
dechoses à desirer.
,.. Ce queMr SchminKe
dit dans la seconde Dissertation,
que le nom de Chapelain
estoit pour lors ce
que nous
appellons aujourd'huy
Secretaire d'Estatsouffre
, ce me semble, quelques
difficultez
,
puisque
l'on ne voit pas qu'avant
Mr de Laubespine, sous le
regne du Roy Henry II. il
y en ait eu aucun qui se soit
qualifié du titre de Secretaire
d'Estat; mais ce qu'il
dit que lodrchlcbapelaiii estoit
le premier Secretaire
d'Estat de nos Rois, est en..
core bien plus esloigné de
la verité de l'histoire : car
quoyqu'on voye que l'ona
quelquefois désigné les
simples Secrétaires fous le
titre de Chapelains
; ce qui
estoit cependant rare fous
le regne de Charlemagne;
on ne voit pas qu'on ait
donné le nom d'Archichapelains
à d'autrespersonnes
qu'a ceux que nous appellons
aujourd'hui grands
Aumofniers.
Il estvray que souvent
J & mesme d'ordinaireces -
1
grands Aumofniers ou Arjehiehapelains
devenoient
ensuite,& estoientenmesrne
temps grands Chan-
^.cclicrs ou Apocrisaires:
mais, non premiers Secretaires
d'Estat : & je ne sçay
quelle bonne raison Mr
SchminKe pourroit en
donner,puifqu'on trouve
plusieurs preuves dans l'eftat
de la maison de nos
Rois par Adalard, & dans
d'autres anciens Autheurs,
& en particulier dans le
Glossaire de du Gange, &
dans les autres Glossaires
Latins fous les mots Anhïcapellanus
ÔC Apocrysarius
,
que l'un & l'autre ne signifioient
autre chose que
Grand Aumosnier de nos
Rois de la premiere& de
la seconderace.
-
Il paroist par le mesme
Journal des Sçavants que
Mr SchminKe deffend fortement
la reputation d' Eginhard
contre l'Autheur
de l'Esprit de Gerson
,
qui
s'est efforcé de rendresuspecte
la bonne foy de cet
ancien Autheur
,
sur tout
par rapport aux Rois Merovingiens,
accusant Eginhard
d'avoir prisà tasche
derabbaisser ceux-cy
,
ôc
de les noter de faineantise
pour donner plus de relief
à la valeur des Carlovin- t giens qu'il avoit entrepris
de Hacrer..
Monsieur le Noble qui
est l'Autheur del'Esprit de
Gerson
, ne parle pas coume
il faut de la basseflatterie
d'Eginhardàce sujet ;
Pl
iD
& quand il auroit eu des
raisonssolides,Mr Schminkeavoitunplusgrand
adverfaire
à combattre; c'est
le sçavant & celebre Pere
le Cointe, qui a clairement
prouvé en plu sieurs endroits
de ses Annales Ecclesiastiques
des François,
l'injustice de cette basse
flatterie d'Eginhard, fondée
sur un mensonge manifeste.
Ceux qui ne cherchent
uniquement que la
verité dans l'histoire, auroient
veu avec plaisir les
coups que Mr Schminke
au*oic porté au Pere le
Cointe c'est à dire les
preuves >
s'il s'en rrouvp
aucune qui ioit assez forrepour
resucer le sentiment
de ce sçavant Autheur de
nos Annales Ecclesiastiques
,
qui a demonstrativement
prouvé que lesderniers
Rois de la premiere
race depuis Clovis II. fils
du grand Dagobert
,
estoient
de grands Princes,
<5< que ce qu'ils n'ont pû
faire dans le cours de leur
Regne, ne doit estre attribue
qu'aleur bas âgeic'est
.Ce que l'on voit dans les
Annales du Pere le Cointe
sous l'an 6.,1.. depuis le
nombre 6. pag.265.jusqu'au
nombre 30. pag. 275.
Tome 4. fous l'an 694. pag.
298. Sous l'an 711. nombre
3. pag. soi. Sous l'année715.
nombres 19. & 42,.
pag.360. &551. Sous 1année
73 7. nombre 37.pag.
886. Sous l'an 640. nombre
8. Tome 5. pag. 34. ôc
s35.unomibvre 1a3.npagt.e325s.&.
C'est dans les endroits
citez ci-dessus que ce sça-
.,. vant
vant fait voir que ceux des
Rois de la premiere race
qui ont tilé d'âge à faire
la Guerre, l'ont fait avec
courage ôc vigueur, foie
contre les Ennemies de
l'Etat, foit contre Pepin &
ses fils
, pour secouer le
joug qu'ils vouloient imposer,
ou qu'ils avoient déja
imposé à leurs Majestez.
Qu'ils ont rendu la justice
par eux-mesmes avec tant
d'équité,que quelques uns
d'entre eux, comme Childebert,
ont merité le furnom
de Justes, & qu'enfin
loin qu'ils residassent toute
l'année dans leur prétendu
Palais de Mamacas,
comme le dit faussement
Eginhard
, on a des Jugemens
rendus par ces Monarques,
& un grand nombre
de Chartes qu'ils ont
données dans divers Palais
ou differens lieux situez
dans les diverses Provinces
qui composoient laMonarchie
Françoise, quijustifient
le contraire. Le Pere
le Cointe y fait voirenfin
que ces Princes ont eu
de la valeur & de la prudencc,
& qu'il ne leur a
manque pour devenir des
Rois excellents
,
qu'uq.
plus grand nombre dannées.&
unplus long regne.
LETTRE D'AVI
Sur une nouvelle machine
inventée pourscierlesmar- 1 bresavec plus desimplicité
* & de promptitude qu'aucune
des machines qu'on ait
encore veuës. MONSIEUR,
-il Lehasard m'a fait fça-«
voir ce que toutes mes re-n
c herches n'avoient pu mep
»faire découvrir: j'ayen-
-fiii ~sceur le secret de'Mrvl
»
de Corvolles, de la ma-
"mère que je vais,ivousi.
»conter. Je l'aymené àq
»
Nostre. Dame y voir le3
Ilouvel Autel ; je luy ay
dit que j'estois surpris que
»
l'on fust si long-temps à-s
travailler le marbre,&
»
qu'il ne luy estoit par per~3
»mis, ayant eu les "privi':l
leD-es qu'il a pleu au ~Roy
»iuy accorder, de ne les
»pasmettre en mouvement
depuis le temps
qu'il lesavoit.
Les reproches que je «
luy ay faits qu'il n'est ja«
mais content de ce qu'ilfA:
imagine
,
& qu'il s'occu- te
pe tous les joursà des dé
eç.
couvertes nouvelles, sans«
les rendre publiques,l'ont«
piqué d'honneur; il ma«
respondu en ces termes
cen'est point pour refiifer
au public la connoiC.CQ
sance deschoses que j'ay
inventées, que je ne fais
« point faire d'ouvrages; « mais comme il ne fuffic*
» pas de trouver dessecrets,
* & qu'il faut encore pour
» les rendre utiles au pu-
»blic, trouver le moyen de
»les rendre d'un facile usa-
»ge & de peu de frais, je
» n'ai pu merefoudre à met-
»trema machine en oeuvre
» qu'aprés quelques augmentat.
ions que je n'ay
» pas pû trouver que de-
» puis peu.
Il y a une machine pour
scier les marbres, & une
pour y faire tous les profils
sans ciseau ni maillet; ellesont
toutes deuxun mesme
mouvement, celle à
faire les profils n'est autre
chose qu'un calibre de fer
fondu,sur lequel font marquées
les differentes mouleures
qu'on veut imprimer
sur le marbre:& celle pour
scier n'est autre chose qu'-
un chassisquarré long, aux
deux bouts duquel il y a
deux pieces de bois épaisses
de cinq à six pouces,&hau.
tes de douze, dans le milieu
desquellesilya de petites
fentes où on passe le
bout des scies. Ces scies l[ont trouéesdans leurs extremitez,
& dans ce trou
on met une broche de fer,
entre laquelle& le bois on
fourre un cornu fendu par
le moyen duquel on tend
la scie de telle iorte qu'elle
ne se lasche point.
Je ne vous explique peutestre
pas cela assez nettement
; mais comme vous
entendez mieux la mecaniqueque
moy , vous devinerez
ce que je veux vous
faire entendre.




CHANSON
nouvelle.
f/Ai trouvé cetteChan-
~on dans mon porteeüille
avec le titre de
Nouvelle, parce qu'elle
~toit nouvelle quand je
'eus faiteilyatroisans;
:llc l'est encor pour ceux
qui la verront, car elle
n'a point couru. J'aver-
:15 qu'ayant été compoce
à tableelle doit être
chantéeentre deux vins,
le Carnaval peut aider
à faire entrer dans le caractere
de l'air,quiest
fait pour exprimer une
demi yvresse, c'est-àdire
une yvresse d'honnêtes
gens,& pourainsi
dire, une yvresse moralisante,
qui faittourner
la tête sans faire tourner
l'esprit.
I. Couplet.
Q-vand on a bû la tete
tourne, tourne,tourne.
A jeun la teste tourne
aujji, , tou$i mortel la tefie
tourne, t. f.
Lefa%e nous le dit ainfx
Et moyje,disquandla
testeme tourne,
Sagement je dis:
Heureux celui dont la
,
teste ne tourne
Qjiatable avec[es amis.
2. Couplet.
Qu'entre nous la bou~/
7~
Et nous enyvre à coups
égAUXy
Qu'à la ronde son beau
feu tourne, t. t.
Tourne & retourne nos
cerveaux.
Si de sang froid le meilleur
esprit tourne
Toûjours de travers,
Ne craignons point que
le vinle retourne,
SerA-t-.jlpi.! à l'envers?
3. Couplet.
Ce Courtisan dont l'esprit
tourne,t.t.
Paroîtra sincereaux
fins,
En vous caressantilvous
tourne t. t-id-
Il qjom faitaller à ses
fins,
Son coeur, àfroidjamais
au vrai ne tourne,
Toujours du travers,
Il trompe encor quand le
vin le retourne,
Cest un coeur à deux envers.
4. Couplet.
Prés de Phi/il la teste
tourne,t. t.
Quejesuis loes desa rigueur,
Grand Dieu du vin, qui
lescoeurstourne,t.t.*+
Enyvres-la de ta liqueur,
Qjtelle en prend bien ?
déjasonbel oeil tourna •
Quasi vers le mien,
Pourpeu que labouteille
elle retourne -','
Elle va tourner à bien.
MORTS.
*
Dame Catherine l'AVCK
çat, veuve de MessireSimon
Arnauld
,
Chevalier
Marquis de Pomponne
Sire , & Baron de Ferrieres
, Chambrois)&Auquinv¡lle,'
Ministre & Secretaire d'Etat
&: des commandemens
de Sa Majesté, & Surintendant
des postes ôc relais de
France, mourut le31. Décembre
en sa 75. année.
Lsesoenfanns qu'etlle:laisse Nicolas-Simon Arnauld
Marquis de Pomponne , BrigadierdesArmées du
Roy, Lieutenant General,
& Commandant pour .Sa
Majesté au Gouvernement
de Tlfle de France, Envoyé
extraordinaire prés de
Monsieurl'Electeur de Ba-,
viere au mois de Mars
1699. * ,4>
Henry-Charles Àrnai^Id
de Pomponne, Abbé de S.
Médard sleSoissons, ôc
Conseiller, d'Etat d'Eglise.
Et CatherineFelicité,
qui épousa le
1 3.Août
1699. Messire Jean-Baptiste
Colbert, Marquis de Torcy
,
Ministre & Secretaire
d'Etat, & Chancelier des
Ordres du Roy.
Dame Marie de Falconis,
veuve de Messire Loüis
Comte d'Amanzé,Lieutenant
General au Gouvernement
de Bourgogne, ôc
Gouverneur de Bourbon-
Lancy, mourut aussi le ;f..
Décembre. Elle laisse Marie-
Joleph qui épousa le
20. Mars 1706. Anne de la
Qyeille, Marquis de Châteauguay
,
qui a eu en faveur
de ce mariage la même
Lieutenance Generale,
& le même Gouvernement.
Loüis Comte damanzé,
pere de Marie-Joseph
étoit fils de Gaspard Comte
d'Amanzé. Gaspard étoit 1
fils de Jean Vicomte d'A- JI
manzé, & d'Isabeau d'Escars.
Isabeau d'Escarsétoit;
fille de Jean d'EscarsPrince
de Carency
J,
Comte de
Vauguyo,Chevalier de
Ordre du S. Esprit , &
Anne de Clermont-Ton
terre. Jean d'Escars etoic
ls de François d'Escars,
dgneur de laVauguyon,
; d'Isabelle de Bourbon,
ame de Carency.Isabelle
e Bourbon étoit fille de
Charles de Bourbon, Serneur
de Careney, & de:
Catherine d'Alegre.CharÎS
de Bourbon étoitfils.
e Jacques de Bourbon,
eigneur de Carency
,
ôc
Antoinette de la Tour
pliergues. Jacques de
Bourbon étoit fils de Jean
de Bourbon, Seigneur de
Carency, & de Jeanne de
Vendosmois, & ce Jean de
Bourbon étoit fils de Jean
de Bourbon I. du nom,
Comte de la Marche, ôc
de Catherine , Comtesse
de Vendosme.
Messire François Petit
d'Estigny, Prieur de saint
Jean le Cencenier, mourut
le3. Janvier,
.-
Messire Jacques Jannard,
Seigneur de Thoiry,
qui avoit été reçu Conseiller
au Grand Conseil
'n 1675. mourut le 16. Janvier
sans laisser de pofterié
de N. de Gaumont,
Maître desRequêtes. *
Nicolas Clement, Garle
de la Bibliotheque du
Roy, mourutaussi le 16.
anvier. Il est fort regreté
de tous les Sçavans.
< MARIAGES. ** *i*- Messire Charles Augu-
:e de Benoise, Conseiller
u Parlement,fils deCharrs
de Benoise,Conseiller
Lhonneur en la même
>
Cour, & de Marguerite
Pichon, épousa le27. De
cembre N.Berthelot
fille d'EtienneBerthelot
Seigneur de Pleneuf,& d
Marie-Henriette-françoi
se Galland: sa premier
femme.-« v »
MessireFrançois-Henry
EdouardColbert, Comte
de Croissy, Lieutenan
General des armées d
Roy , épousale 30. Decem
bre Marie Brunet de Ran
cy, fille de Paul-Etienn
Brunet de Rancy, Sei
gneurd'Evryles Châteaux
*
Maître des. Requêtes, ôc
Intendant d'Alençon, &:
de GenevièveColbert. Le
nouvel épouxestfils de
feu M.. Colbert, Ministre
& Secretaire d'Etat,& frere
de M. le Marquis de
Torcy, aussi Ministre &
Secrétaire d'Etat ; ainsi il
se trouve parent de Marie
Brunet de Rancy ,à cause
de sa Mere. Son Pere est
frere defeuMessire Jean
Baptisse Brunet, Conseiller
d'Etat, Garde du Tresor
Royal- de François ,Brunet de Mont-ferant,
President en la Chambre
desComptes de Paris, &
chef du Conseil de feuë S.
A. R. MONSIEUR; de Jean
Gérard Brunet, Marquis
de Serrigny, President au
Parlement; de feu Gilles
Bruner, Abbéde Villeloin
& deMureau, Conseiller
de la GrandChambre, &
de Joseph Brunet, Abbé
de S. Crespin de Soissons,
Docteur de Sorbonne, si
fameux par sa grande piété,
Se sa charité envers les
pauvres.
Piece
PIECE FVGITIVE.
J'ignore l'autheur &
la datte de cette piece
, maisellem'a paru jolie,
&je ne pense pas qu'elle
foit imprimée
,
il n'en
faut pas davantage pour
me persuader qu'elle fera
plaisir au public.
LETTRE
A une Damoiselle Suedoise
surfin Portrait.
Je ne fçaijMadcixioifcllCj
si en me donnant l'honneur
de vousécrire j'écris
à quelqu'un. Sur vôtrenom
qui efl: fortillustre il faut
que je vous croye Suédoise,
sur les grands yeux noirs
pdouretrja'aiti veus dans vôtre
& quidoivent être
pleinsde feu dans l'original
,je vous crois Espagnole;
surde fortjolis versFrançoisqu'oj}
uCa montrez de
vous, je voriscroisFrançoise;
sur d'autres vers Italiens,
jevous crois Itapenne
, ssir tout cela ensemblevous
n-êtes a'auc,hri
pays.
Pour rendre le miracle eneor
plusachevé.
Dix-septans à, ptll prés, cejl
l'âge qu'on vous donne.
Dix -ftpt ans jusqu'ici n'a-¡
- voientgatéperfonne,
Pour vous ils vousfont tort,
ïefpritJîcultivé
Et dixfèpt ans font que je
voussoupçonne
Denêtre, Dieume le par-
"- donne, -'
Qluequelque objet en qu'unPoëteàrivé.t'ait
Cependantiléftcertaîh
que M. L.,.. de.« S.
prend l'affaire fort serieusement,
& si l'on a à écrire
desprodiges ce doit être
sur son authorité plusque
sur celle des autres.Il foutient
que vous êtes à Stokolm,
quemille gensvous
yont vue36c
yous y ont
parlé, ildit même quevôtre
Portrait, quirepresente
le plus charmantvisage
du monde, ne represente
pas le vôtredanstoute sa.
beauté
,
Çc que les Peintres
de Suede ne flattent pas.
Maispourquoynousqui
sommes danslePaysbeauté,
del'esprit, & des
agrémens,n'aurions-nous
jamais vu rien de pareil à
une personne si accomplie?
Voila ce que la va- nitéFrançoise nous fait dire
aussitôt; à cela je ne
sçai qu'une réponse, qui
paroîtnous aider à croire
tout ce que l'onditdevous.
VÀmorn ailleurs si redouta-
.) ,. yte -
Netrocuviep,atssans doute un vorable
Sous le Ci.èîde Suide &si
*
plws 1a1/e'sLà^ttm\s^
Les coeurs y sontglacez, &':
pour fondre ces glaces
N'a-t-il pas dû produire un
Chef-d'oeuvre où les Graces
Eussent répandu tous leurs
, Dons ?
Si nos Climats n'ont rien quix
ne vous cedey
Soiten esprit,soit en attraits,
C'est qu'Amourysoumet les
coeursà moindre frais
Qu'il ne pourroit faire ce
Suede.
Voila, MademoifeIIe"
tout ceque je puis mimaginer
pour me persuader
que vous soyez une choses
vrai-semblable, tirez-moy
d'embarras, je ': vous en
conjure ,.'& ayez la bonté
de me faire sçavoir si vou£
êtes
; que vôtre modestie
ne 'vo\is\ empêche pas de
me l'avouernaturellemet,
je vous promets de n'en
parlerà personne, je me
pique d'être bon François,
& jenevoudrois pas qu'on
Fçût que j'eusse intelligence
avec une etrangere, qui
triompheroit de toutes -les,
Françoises, & qui effaceroit
l'honneur de la Nation.
Ce seroit là un aÍfez
grand crime contre ma
Patrie, cependant je m'accoûtume
peu à peu à en
faire un plus grand, tous
mes soupirs à l'heure qu'il
est sortent de France, &
vont du côté du Nord:
Lieux defoleX^y ou PHyver
- tient son fiêgc
Sur devastes amas de neige,
Où lesaquillons violens,
Où les frimats, & les ours
blancs
Composent un trisse cortége,
Mer glaciale; affreux climats
, C'efl
"ejlapré's vous quejesoupire,
Les lieux où regne un éternel
Zephire,
Le séjour de Venus, Cypre
nevousvautpas.
Vous voyez, Mademoiselle,
que mon coeur a déja
bien fait du chemin, quoique
je doute encore que
vous soyiez au monde:
Mais c'estdestendres caurs
l'ordinaire deffaut,
Ilssebâtenttoûjours unpeu
1< -
plus qu'il ne faut
Desuivre une agreable idée.
Avec ardeur ils courent la
saisir,
Et des( charmes trompeur.
leur otent le loisir
De s'assurer qu'elle foit bien
:', fondée.
Cette idée seule,quej'ai
de vous, a fait sur moj
l'effetque pourroient faire
les belles même decePaïs,
Vous pouvez conquerir la
Suede par vous-même, &
lerestedu monde par les
deux Portraits que nous
avons, car je compte pour
un Portrait les vers où vôtre
esprits'est si bien peint.
Je meflatte que mes hommages,
qui ne feroient asseurement
pas dignes de
vous à Stokolm
,
deviendront
de quelque prix en
traversant cinq cent lieuës
de Païs pour aller jusqu'à
vous, & que s'il est triste
de vous adorer de si loin,
ce me fera du moins une
espece de méritéauprés de
vous ; je n'en ai point d'au- treà vous faire ~valoir) &
je ne croispasmême que
vouspuissiez jamais sçavoir
qui je suis,
Si ce n'est que peut-être un
coup de lafortune.
AitportéjufIuefir nos bords
Le nom de l'enchanteur, qui
fait parler les morts,
Et qui voyage dAnl la Lune.
NOMINATION
du Roy.
Messire Louis lePeletier,
premier President du Parlement,
s'est demis volontairement
de cette Charge
entre les mains du Roy.
Il est fils de Claude Le
Peletier, Conseiller d'Etat
Ordinaire, President holoraire
du Parlement,Ministre
d'Etat, Controlleur
General des Finances, cidevant
Prevôt, des Marchands
de Paris, & Sur-
Intendant des Postes &
Relais de France, mort le
10. Aoust de l'année derniere.
SAMAJESTE'achoisi,
pour remplir cette importante
Charge, Messire
Jean-Antoine de Mesmes,
Comte d'Avaux, & de
Neufchâtel, Seigneur d'Irval
& de Cramoyelle,cidevant
Prévôt&Grand
MaîtredesCeremonies,
des Ordres du Roy. Cet
illustre Magistrat àété
ConcilierauParlement
en 1687.Presidenta Mor-* -,,' tier en 1689. Prevôt &Me
des Ceremonies des ordres
du Royen1703delaquelle
charge il s'est demit.,en,.
1709.
en faveurdeM.le
Comte de Pontçhanx^jji.
Ilestfils de M.JeanJacquesdeMesmes
Préfid^nt/
à Mortier, & de Dame
Marguerite Bertrand de la
Basiniere,&petit-fils de M.
Jean-Antoine de Mesme,
seigneur d'Yrval , Baron
deBreüil, Vicomte de
Vandeüil, Conseiller d'E-,
tat ordinaire, & de Dame
Anne Courtin,& arriérépetit-
fils de Jean-Jacques
de Mesmes, Maistre des
Requestes, & ,Conseiller
d'Etat, & de Dame Antoi.
nette de Grossaine, fille
unique & heritiere de Hierôme
deGrossaine, Ecuyer
Seigneur d'Yrval&d'Avaux.
Baron de Breûil, &
,.
Vicomte de Vandeüil, lequel
Jean-Jacques de Mesmes
fut envoyé en plusieurs
négociations importantes,
il est mort fort
âgé en 1642.
M. le premier President
avoit pour Oncle Messire
Jean-Jacques de Mesmes,
Comte d'Avaux,Conseiller
d'Etat ordinaire, Prévôt
& Maître des Ceremonies
de l'Ordre du St
Esprit, lequel s'est distingué
en quantité de negociations
importantes,ayant
été deux fois Plenipotentiaire
pour la Paix. La première,
au Traitté de Nimegue
en 1675. Laseconde,
au Traitté de Risvick
en 1697.
Cette famille a produit
beaucoup de grands hommes
, entre lesquelsse sont
distinguez Henry de Mesmes
& Claude de Mesmes,
tous deux Grands-Oncles
de M.le premier President.
Henry de Mesmes, Ecuyer
Seigneur de Roissy, Marquis
de Moigneville, &c
d'Everly, qui fut President àMortier en 1627. aprés
avoir occupé long-temps
les premieres Charges, &:
servi l'Etat en plusieurs occassons
importantes.
il fut député aux Etats
Généraux tenus à Paris en
1617. & à l'assemblée des
Notables à Rouën: Il fut
marié deux fois, la premiere
, avec Jeanne de
Montluc, fille du MaréchalBalagny',
delaquelle
il neut point d'ensans
: La
seconde, avec Marie Fossez
,
fille duMarquis d'Everly,
Chevalier des Ordres
du Roy, de laquelle
il eut plusieurs enfans, &
il n'én est resté que Dame
Antoinette de Mefn-les
épouse de Louise de Rochechoüart-,
Duc de Vivonne,
Maréchal de France.
", ClaudedeMesmes Che-
Valler3 Comte d'Avaux,
Maistre des Requestes ôc
conseillerid'EtatfutAmbassadeur
en piufieurs
Cours de l'Europe : Sçavoq
?à.Venifq,à Roipe3a
Mantouë, florencecà1
Savoye,deuxfois en Allemagne,
en Dannemarck,
en Pologne & Suede: la
derniere fois qu'il fut en
Allemagne, il traitta des
Préliminaires de la Paix
generale,&fut un des Plénipotentiaires
au Traité de
Munster; il fut aussi Secretaire
des Ordres du Roy,
& Surintendant des Finances
avec M. le President
de Bailleul, & il mourut
sans alliance.
Cette famille de Mesmes
est originaire de Bearn,
sortie
de
Pierre Chevalier,
Seigneur de Mesmes, qui
est nommé entre les premiers
& plus apparens du
Bailliage de Roquefort en
la Vicomté de Marsan; ce
Pierre de Mesmes vivoit
en 1179. & avoit pour frere
Guillaume de Mesmes
pour Aumônier du Roy S.
Louis; il eut pour fils Roger
de Mesmes, dit Coudun
Chevalier, Seigneur
de Mesmes, pere d'Arnauld
premier du Nom,
Seigneur de Caixchen en
l'Evêché d'Aire, duquel est
descendu M. le premier
President aprés neuf degrez
de générations.
Cette famille a donné
un premier President à
<' Rouën, qui fut aussi deux
fois Ambassadeur en Allemagne
j un Chancelier de
Navarre; desPresidens au
grand Conseil,à la Chambre
descomptes,un Prévôt
des Marchands à Paris,
trois Presidens à Mortier,
plusieurs Conseillers au
Parlement, Maistres des
Requestes & Conseillers
d'Etat, & quatre Officiers
* de l'Ordredu S. Esprit.
Cette Famille atoûjours
protégé les belles
lettres. Voiture écrit à
Monsieur d'Avaux, à
propos de sa Maison,
qui efl: à presentl'Hôtel
de Bauviliers.
je me réjoüis avec
*vous au nom des Penates
de Jean Jacques de Mesmes
ftl de tant degrands
hommes vos ayeuls Àu
nom de ces Penates qui
ont été les Dieux tutelaires
de P~~ de
tous les sçavants de ce
siécle-la~de celui-ci, de
ce que vous avez renouvelle&
embelli leur ancienne
demeure, &c.
Non feulement Messieurs
de Mesmes &
d'Avaux ont protégé
les belles Lettres, mais
ils les ont cultivées euxmêmes.
Il rfeft pas honnête,
dit encor Voiture,
à un personnage , aussi
grand que vous têtes,
d'êtreplus éloquent que
nous.
Je pourrois repeter
icy
ici pour M. le premier
President,tous les éloges
que Voiture donne
à ses Prédecesseurs,
puis qu'il rassemble en
lui toutes leurs grandes
qualitez. Mais j'ai banni
du Mercure les Panegyriques.
J'ajoûterai feulement
quelques quadrins au
premier de ceux que
Voiture envoya à M.
d'Avaux, à la mode de
Neufgermain. Les lcttres
du Nom finissant
les Vers :
L'autre jour:}pf1Îtejf
Par Mercure tt) Parrs:es lesDieuxeur
Ton*ksDteuxféfktir
command-a.
Qu'on fit honneur ati grandd'Avaux,
Themis,quicetordre
approuv-a,
A ses côtez ïnfadçfljty,
0; }
Pour le siécle suivant
plaç-a ,,' ¡
Un premier President , ,/ Oui,ditThemis,ces d'Avauxl-a
Detouttempsmefua--
rent de-vots, 1
Pfourel'anroù-la Paaix fè Jegarde à Paris un
àyA<vaux.
Enmérité il égaler-a
Suos Avos&Pro-avoS)
Peuple, Senat, tout aimer-
A,
Ceàsu'cAcessevurad1uugrxan.d On fait quelquefois
de grandes fautes dans
le Mercure , par le desir
de bien faire
, veut-on
donner des Nouvelle^
trop fraiches, on est en
danger d'en donner de
douteuses, c'estcequ'on
afait lemois passé, pour,
ne s'être pas donne le
temps de verifier un
mémoire, qui portoit:
que M. Anisson,député
de la ville de Lionau
conseildu Commerce,
avoitété fait Prevost
des Marchands de ladite
Ville, & cela ne s'est
pas trouvé vray. C'est
M. Ravat, qui, ayant été nommé pour les années
1708. & 1709. &
continuépour 1710. 8C
1711. a é1 té continué1 une
xçconde fois pour 1712.
&C171}.
,', De Lion.
Le Prevost des Marchands
de Lion préside
à !af JLÏrifdi&iÇ>n de la
consignation de Lion
Ja plus celebre de l'Europe
pourles affaires du
Commerce, dont les Jugemens
sont executez
dans toute l'étenduëdu
JVpyaume , &.-meme
dans les Pays étrangers,
8c il commla'nade'dbansfla Ville en l'absence du
Gouverneur,!
, M,, Ravat. s'est donduit
dans cette place
avectant deprudence
&desagesse,pendant
les quatreannéesdernieres
,qu'il a mérité
d'êtrecontinué une fecondefois,
parune distinctionqui
n'a - point
eûd'exemple depuis117
aannssqauueclala PPrreévvoositeé ddeess
Marchands a été établie
dans Lion.
Quoiqu'on n'ait point
dû prévoircette continuation
, M. le Maréchal
de Villeroy a bien
connu qu'il rempliroit,
en la faisant, les voeux
de tous les ordres de la
ville de Lion, qui regarde
comme une justice
de faire joüir M.
Ravat de la tranquillité
que nous esperons
par la Paix, puisqu'il a
1
essuyé
,,ffuye pendant quatre
années toutes fortes de
~raver[es, l'aproche des
ennemis, la famine,
& le dérangement du
Commerce, ayant remedié
à tous ces maux ila satisfaction de tout
le monde,& retabli la
~seureté, l'abondance,
& la confiance dans les
affaires
LIVRE NOUVEAU.
L paroîtdepuis peu
dans Paris un Livre
imprime à Amsterdam,
qui a pour titre Nouveaux
dialogues des Dieux,ou ré,
-
jllxiansjûr Ils pasîons; avec
un discourssur la nature du
dialogue. À
Le dialogue, dit l'auteur
,
est le genre d'écrire
le plus ancien. Il est à croi4
que lespremiers que la va
nité, ou l'oisivetéengageeut
à travailler, choisirent
,ette maniere!Lès homnesayanttrouvéle
moyen
le rendre leurs idées par
l'usage des mots, lierent
les conversations, & je
~le doute point qu'avec le
penchant qu'ils ont à l'initation,
ils n'ayent don-
~éà leurs écrits la forme
le conversation ou de diaogue,
qui devoit vraifem-
~diablement se presenter à
eux, &c. - Après cette reflexion
censée,qui fait sentir qu'en
effet. la premiere maniere
de s'exprimer par écrit a
dû être une mitation naïve
dela manierenaturelle
dont les hommes s'expriment
entr'euxde vive voix,
il donneà Platon l'honneur
d'avoir renouvellé de
son temps l'usage du dialogue.
Ensuiteil fait l'élogede
Platon, il nous peint avec
force les grandes qualitez,
& justifie avec adressedes
défautsqu'il n'estplus permis
de blâmer dans un
homme qui s'est acquis le
surnom dedivin.
Il convient par exemple
que Platon ejiiresdtjjus,
il dit pour l'excuser que
Les anciens ne se viquoiet
point d'aller à la vérité'
parle chemin le plttKourt:
ilsst ménageoientleplaisir
dela chercherlongtemps.
:.' Si l'auteur dit que
Platon cft obscur, que
ses idées ne sont point
nettes ,
il a joûte que
toutes,les foisqu'il tmrle
de l'amoursonstile enfait
leloge, sonimagination
échauffée par son
coeur en devient une fois
plus brillant:e; quand il
parle de Ubeauté, tvow
le croye.Ztiflmdthiranfsorts"
qtteUtcause; ce ne
font quegrands mots qui,
parcequ'ils ontde confar,
peignent parfaitement le
desordredel'amour.
C'est ainsi que l'Autheur
, en jugeant sainement
& sans prévention,
des deffauts de
Platon, évite de heurter
de front la prévention
de ceux qui croiroient
blasphemer, en
convenant que Platon
manque quelquefois de
jupefJe. plit] a
du chimerique dansson
élevation d'esprit.
L'Autheur donne enfuite
à Platon la plus
grande loüange qu'on
puisse donner à un Philosophe.
Il tft certain, dit-il,
que de tous les Payens
Platon a Cf eu laMorale
la plttf pure, & la plus
conforme aux intérêts de
ll4 societé.
L'Autheur établit ensuite,
une maxime trés
veritable, & à laquelle
peu de gens font attention.
L'cfprtt,quis'ex4erce
sur un genre particulier,
a bésoin pouryexceller,
de toutes les qua.l,tè.(" necessaires
pour réussir dans
tous les genres en generaL
Je croirois qu'il en
est de même des beaux
arts J. qu'unPeintre, par
exemple, ne peut être
excellent Peintre, qu'il
n'ait un genie propre à
laPoësie,&àla Musique
; Lully n'étoit si
grandMusicien,que
parce qu'il eût pu erre
prand Poëte,& grand
Peintre, s'ileût cultivé
la poësie &: la peinture;
Racine eût été bon Peintre,
M. le Brun eût été
bon Poëte, & ainsi des
autres, qui ont excellé,
& qui excellent encor
apresent dans ces trois
genres; c'est ce que je
tâcherai de prouver
dans une Dissertation
que j'espere donner
quelque jour au public.
L'auteurparle enfuite
de Ciceron & de
Lucien qu'il joint à Platon,
& les donne tous
trois pour les plus parfaits
modeles du dialogue.
Avant que de parler
du dialogueilkèX*rdt
quelques,t&fljeftures sur
coe quuIvfarnalagbeeaut.é d'un à"uju
J'entrcprens,QQM\n\i.è~
t-il
,
de montrer quepour
plaire
,
il ne s'agit que
de flater l'esprit humain , accommoder sa partjje.
1
L'auteur fait pluficurs
reflexionstrésdelicates
sur la maniere de s'accommoder
à ces deux
foibles,en donnantdans
les ouvrages d'esprit
assez à penetrer, à deviner
,
fic non pastrop:
parce que,dit-il, on
veut bien chercher,pourvuqu'on
ne cherche pas
longtemps, & qu'onsoit
Jitr de trouver.
Aprés cettepetitedissertation
ilvientaudialogue,
ex; semble VOlt."
loir prouver que c'est
le genre d'écrire le plus
difficile:tousceux qui
y réussissentenconviendront
;ceuxqui travaillent
dans un autre gen-
- re s'y opposeront, & ils
ptouroroientrbientavo.ir Le style oratoire le
style poëtique font pins
commodes: il ne s'agit
poury réujjirquc de donner
à son imagination le
degré de chaleur qui fait
enfanter les idées vives
qui produit les images
fortes.
Dans le dialogue vous
êAtes ffjrIce dd''ê..,tre naiOff, réduit
au naturel; cvOUJ ne
sçauriezdonner à vos
idées que le feu qu'elles
ont> & elles ne doivent
point en emprunter de celui
qui les expose.
Q^uand vom faitesun
Poëme, ou une Odevous
vous donnezpourinspiré,
vous aVtZ, une Muse
ou un Dieu, sur le compte
duquel vote pou vez mettre
tous les écarts que
DQMS faites.
A pres plusieurs autres
reflexions sur le dialogue
,l'auteur paroist
conclure& avec raison,
qu'entre les dialogues
le plus difficile est celui
du theâtre : mais le
temps de rinlpreffiorl
me presse ,remettons au
mois prochain à parler
durestedulivre qui
merite plus de temps&
plus d'attention que je
11ay pû en donner à la
premiere partie du Ji,
vre, qui ne m'est tombe
dans les mains que dans
le moment qu'il a salu
finir le Mercure dece
mois.
COM..
CO1MPLIMENT
De lA Sorbonne à Monsieur
le premierPresident.
MONSEIGNEUR,
Agréez,s'il vous plaît,
que la Maiion de Sorbonne
vous témoigne la joye
particuliere qu'elle ressent
dans la joye publique; de
ce que le Roy vous a choisi
pour remplir la premiere
place du premier
Parlement de son Royaume.
C'est un effet du fage
discernement
,
de S. M.
d'avoir elevé à ce rang une
personne de vôtre mérité;
en qui se trouvent si bien;
réunies les qualitéz qui
conviennent.lelonl'Ecritu-1 * re,àunMagistrat que Dieu'
établit pour juger, le peu-1
ple; la droiture d'eiprit. ôcj
de cocur,y l'intelligence Se
l'amour des Loix; & une
fermeté à l'épreuve; pour
maintenir
,
la. milice &
I
vaincre tout ce qui lui fait
obstacle.
Je ne parleray point des
autres venus, MONSEIGNEUR,
qui éclattent en
vous; de ces maniérés nobles
genereuses,obligeantes
mêlées de douceur &
de gravité,qui vous rendent
agréable & redpectable
aux Grands & aux petits,.
& qui vous attirent
la bienveillance, la faveur
& l'amitié des Princes mêmes.
Je dirai feulement, qu'en
ce choix le Roy a confideré
vos Services, &ceux
que vos illustres Ancêtres
ont rendus à l'Etat dans les
Charges les plus importances
de l'Epee&dela
Robe ; dans l'Armée, &
dans lesAmbassades, dans
la Guerre & dans la Paix. On n'oubliera jamais,
dans le nombre deces
Grands hommes, le Comte.
d'Avaux, PlenipotenÛûiV£,
a'Munlter pour la
dontf la capacité,la
prudence, la Religion, ôc
l'affectionpour,les Lettres
<54 pour les.Sçavans ( !L}lÜ a
toûjours été propre a la
maison de Mêmes ) orst
immortalisé la memoire.
Mais permettez- moy ,
MONSEIGNEUR
,
de faire
encoreici mention de
Guillaume de Mêmes; qui
du temps de S. Louis pos-
[èdà par lechoix hono.
rable de ce, Prince, lapremiére
dignité Eclesiastique
de la Maison Royale
_.J Il perutoïC--que. ce .même
Princehonioroit aussi de
sa confiance & deses bienjÊiics
Robert, de Sorbonne
nôtre fondateur.,
Nous osons esperer,
MONSEIGNEUR,que la
maisonde Sorbonne qui
doit sa naissance à S. Louis,
& qui révéré depuis si
long-temps les personnes
de vôtre nom, trouvera
de la prorcétion auprès de
vous; &elletâchera de la
merirer,par rattachement
pleinderelpedt qu'elle
aura toujours pour votre
personne , & par les voeux
qu'elle fera à Dieu pour vous,MONSEIGEUR, & pour vôtre conservation.
;
On A reçu ces trou Articles
trop tard pour les placer dans
l'ordre le plus convenable.
REPONSE A LA QUESTION
Quest-ce que le coeur a de COTTUmun
avec l'esprit?
QUoiqu'ils soient souvent
en querelle,.
Ma femme contre moy les
sçait bien accorder:
Ce qu'ils ont de commun
enelle,
C'elï qu'ils me font bien
enrager. RECEPTION.
Monsieur Amelot de
Gournay, Maître des Requêtes,
aété reçuPresident
à Mortier au Parlement
le 18. Janvier, à la
place de feu Monsieur le
PresidentMolé deChamplastreux.
MORT.
Madame Ravot, veuve
de MonsieurRavot, Gonseiller
d'Etat, tante de M.
Ravotd'Ombrevalle,Avocat
General de la Cour des
Aydes de Paris, est décédée
le 14. Janvier 1712. à
six heures du matin, âgée
de quatre-vingt onze ans.
BENEFICES.
Le Royanomme à l'Evesché
de Châlons furSaonc
Messire François Madot,
Evesque de Bellay.
L'Eglise Epifcopalc de
Châlons n'a que sa feule
antiquité de remarquable,
& rien de beau que ses deux
clochers au dessus du Portail,
ses Cloîtres,& quelques
tombeaux des anciens Comtes
de Châlons. Cette Eglise
autre fois de Sainr Estienne,
& aujourd'huy de Saint Vincent,
a son Chapitre compote
de vingt-cinq Chanoines
parmy lesquels il y a
sept dignicez;le Doyen, le
Chancre, le Tresorier, &
quatre Archidiacres. Le
Dioceserenferme deux cens
quatre Paroisses partagées
en cinq Archiprestrez qui
font ceux de Montigny
,
Migny, Bresle, Tornus -, Ouches, avec six Abbayes.
L'Evesché en suffragantde
Lyon:Saint Marcel qui vinc
prêcher la Foy à Châlons,
l'an 179. accompagné de
Saint Valerin ou Valaien„
fous l' Empereur Antonius
Verus,& qui y souffrit le
Martyre par la Sentence de
Pritcus, Chef de la Justice
pour les Romains, en est
reconnu l'A pôtre. StSylveste
sur fait: Evesque de
Châlons aprés le Bienheureux
Jean vers l'an 45)o.
& ilmourut l'an 531. ou
553. S. Agricole, dit S-iint
Aregle Evesque du lieu,
mourutTan580. ilavoit
succedé à S. Sylvester. Saint
Grat futEvesquede Chalons
en 640. aptes Gelion successeur
de S. Lou p.
Il y a cû un Concile à
Chalons sur Saone; la dixhuitiémeannée
de Gontran,
cc''eesstàt- dire. en 5;'9. où Sa
-
dire 575?. ou Salonius
Evesque d'Ambrun
& Sagittaire Evesque de
Cap, furent deposez. On
en peut voir les particularirez
dans l'histoire Ecclesiastique
de Monsieur Fleury
Tome 7. page 6oS/ri'
Sa Majestéadonné l'Abbaye
de Maizieres, Ordre de
Cisteaux, Diocese de Chalons,
à Mr l'Abbé dEgvilly.
Elle vacquoit par la more
deMsfiire Henry Felixde
..-.,. ,¿. -
Tassy
,
dernier Evesque de
Chalons.
Celle de la Pièc,e,Ordre de
Ç,Iflcaux,Diocese de Troyes
à Don Fitz Herbert.
Celle de Pralons, à Me
de Bussy Rabutin. Cette Abbaye
de Eilles est de l'Ordre
de Saint Benoist, & dans 1g
Diocese de Langres.
Celle deNôtre-Dame des
Anges, aussi de Fllles, à
Me Carbonel de Canisi.
Elle est de l'Ordre de Saine
Benoist & du Diocese de
Coutances.
Celle d'Aumale
,
dite
aussi Saint Martind'Acy,
Ordre de Saine Benolit,
Diocese de Coutances, à
Mr l'Abbé Colbert, Chanoine
& Grand Vicaire de
Tournay.
.,'
-
La VilledAumale: est
dans le païs de Caux, en
Normandie. Elle est fiiuéc
sur le penchant d'une colline
bornée d'unePrairie quiarrose
la Bresle, & éloignée
dequatorzé leuës de Roüen,
de cinq de Neuchatel & de
Blangy,&de huit d'Amiens.
Il y a une Paroisse qui porte
letitre de Saint Pierre, &
une autre sous celuy de
Sainte Marguerite hors la
Ville, prés de l'Abbayede
saint Martin de l'Ordre de
lîaint Benoist. Les batimens
de cette Abbaye qui n'étoit
autrefois qu'un Prieuré conventuel
dependant de saint
Lucien de Beauvais
,
étant,
tombez en ruine, & n'y
ayant plus qu'un Religieux,
Mr l'Abbé de l'Epinne,
Conseiller, Clerc au Parlement
de Roüen, ancien
Chanoine de la Cathedrale,
homme d'esprit & de merire
& qui mourut au mois
de Decembre 1711,y introduit
la reforme des
Benedictins de la Congregation
de saint Maur au commencement
de l'année1704
Aumale où l'on trouve encore
un Convent de Pcnitens
& un de Dominicaines,
a Baillage,Vicomté, Maîtrise
des Eaux & Forests,
Lieutenant de Police,
Maire, quatre Echevins &
autres Officiers de Ville.Son
commerce principal consiste
en Serges appellées Serges
d' Aumale, & qui font fore
recherchées. Cette Ville
etoic anciennement assez
bien fortisiée; mais on n'entretient
plus ny les murailles
ny les fossez Elle a eu des
Comtes particuliers. Eudes
II. fils d'Henry dit,Etienne.,
Comte de Troyes & de
Meaux, épousa une soeur
uterine de Guillaume le Bâtard
Duc. de Normandie,
& Roy d'Anglettrre, qui le
fie Comte d'Aumale. Ce
Comté entra depuis dans la
Maison de Ponthieu,&ensuite
dans celle de Lorraine,
par le mariage de Marie
d'Harcourt, fille de Jean
VIII. Comte d'Aumale,
avec Antoine de Lorraine.
L'un de ces Comtes ayant
fondé l'Abbaye d'Aumale,
la Comtesse Ais ou Adclis
y fit venir des Religieux de
faine Lucien de Beauvais,
& le Comte Etienne son
fils confirma l'an I I ij. tout
ce qui avoir été fait touchant
la fondation de cette
Abbaye. La Ville d'Aumale
fut erigée en Duché l'an
1547.par leRoy Henry II.
en faveur de François de
Lorraine,fils ainé de Claude
de Lorraine Duc de Guise,
qui ceda ce Duché d'Aumale
à Claude son frere :
Ce dernier entrautres en-,
sans eut Claude de Lorraine
pere deCharles Duc d',Au..
ipalc*; -• •-
Sa-Maielle a aussi donné
la Coadjutorerie de rAb..
baye de filles deVigniogou
Ordre de Cisteaux,1Diocese
de Montpellier
,
à Me de
Bernis.
.Le Prieuré de Nôtre D,nne
QU Puy Chevrier, dit d'Entresin,
vacquant par la more
deMrl'AbbéPetitdeVilleneuve
,ConseillerauParlemène,
à Monsieur l'Abbé
Normande Docteur en
Theologie. Ce Prieuré est
du Diocese de Poitiers, 6c
de l'Ordre de Grammon.
Saint Estienne de Muret,
Comte de Thier, commença
la fondation & la
reforme de cet Ordre dans
son propre païs : mais pour
se derober davantage au
monde, il alla choisir dans
le Diocese de Limoges, un
desert presque inaccessible,
entre Monime & Razés;
où il fit l'établissement qui
dure encore. Les Rois d'Angleterre,
pour lors Maistres
de l'Aquitaine & du Limouzin
,
contribuerent à
cet établisement, & les
Seigneurs de Monime n'y
contribuerent pas moins,
& de pereen fils ils ont
continué dans tous les tems
de faire de grands dons à
cette Abbaye: leurs tombeaux
y sont aussi ; cette
Maisonest éteinte
,
leur
nom de famille étoit Razés.
Le 17. du mois paflTé , Monseigneur l'Evesque de
Grafie donna les premices
de son Episcopat à l'Eglise
Paroissiale de S. Jean l'Evangeliste
du Cardinalle Moine
il ychanta le matin la gran de
Messe polit]ifcalcnient., & le :
foir il prêcha dans la mesme
Eglise d'une maniere fore
pathetique ,Mr Leulier
GrandMaistre du College
& Curé, n'oublia rien pour
rendre la ceremonie celebre.
ARTICLE
-w
des Quejhons.
REPONSE".
çjlh à la Qucflion.
Quest-ce que le coeur a decommun avec l'esprin
UAnonïrm Laconique.
Le coeur fent,&c 1eC
prit pense.
REPONSE.
Je sens bien que le
coeur sent, & je connois
que l'esprit pense, tout
le monde conviendra de
cette distinction, cependant
les esprits font à
present si souples & si
deliez, quil est aisé de
s'y méprendre ; à la véritélecoeur
fait rarement
le personnage de l'esprit,
mais l'esprit,est souvent
-
le Singe du coeur.
Dans l'art decoquetter,
Cidaliseest maitresse.
Et son nouvel Amant
l'autre jour s'y méprit,
Elle a tant de delicatesse
Et de rasinement d'esprit,
Que c'est presque de la
tsndresse.
REPONSE
Parl'Anonimc jeune &
tendre.
Il me semblequ'en amour
le coeur & l'esprit ont tant
de rapport ensemble qu'on
pourroit les confondre si
l'on aimoit toujours; les
sentimens du coeur déterminent
le caractere de l'Esprit;
est-on touché de quelque
objet, lesimpressions qu'il
fait sur le coeur passentjusqu'al'esprit
,
le premier
ressent, l'esprit comme interprète
expl, ique jles
mouvemens ,
du coeur
& ces mouvemens sont
toujours le principe des
penfées de l'autre; en un
mot, quand on aime, Tefprit
est du party du coeur,
il en prend les interests il
cntre dans tous ses motifs
il serejoüir, il genijr avec
luy, il en fait le portrait, ill'estluymesme:c'est dans
le coeur qu'il puise ses sailliesJ
il y trouve la^naïveté,
l'emportement de ses exprenions,&
semblable aun
écho, l'esprit repete les
transports du coeur à proportion
de sa capacité;mais
pour marquer encore mieux
le rapport qu'ils ont ensemble
, examinons un
homme véritablement amoureux
;est-il jaloux, le
coeur souffre, il entraine
l'esprit dans son desordre.,
& ce dernier s'épuise par
contrecoup en de tristes réflexions
qui ne finiront
qu'avec la jalousiedenôtre
amant malheureux; s'il est
Poëte
, que de Vers lamaladie
du coeur va. t'elle exiger
de l'esprit, le coeur outré
veut exhaler sa sureur,
déja l'esprit est entré de
moitié dans sa rage, il la
fert, il la peint, & devient
furieux luy-mesme en l'exprimant.
- Mais si de nôtre amant la
maitresse eil: absente,
Le chagrin à l'instant, vient
s'emparer du coeur
Il soupire, & sa voix touchante
En pénétrantl'esprit, y
porte la langueur.
Il se fait alors entre le
coeur & l'esprit, une union
sinaturelle & qui fait passer
si rapidement les mouvemens
de l'un à l'autre, que
le commerce qu'ils ont ensemble
les confond, & dérobe
à qui voudroit les distinguer
la différencequ'ils
ont entre eux.
Et si dans le moment de
la cruelle absence
Le coeur a l'objet de ses feux
Veut marquer son impa- ticnce.
Il veut, & c'est assez, l'esprit
d'intelligence
Averti dés l'instant de Cc.
foins amoureux,
4
Les partage, les peine, négligétout
pour eux.
Si la maitresse à son tour
témoigne a nôtre amant
qu'il est aimé.
Le coeur auparavant à la
tristesseen proye,
Sent disparoître son chagrin
Et l'esprit à son tour,à
l'acpcâ de la joye ;
Du coeur content fuit le
dertin.
Que l'accord de l'esprit
èc du coeur, est charmant
alors, mais qu'il est rare que
l'amour les unisse avec tant
d'agrément, les delicesd'un
retour sincere est un bonheur
inconnu , pour les No-7
bles malheureux qui livrent
leur coeur sans reserve, la
tendresse est une vertu que
le tems ou l'inconstance
a
tari dans les femmes, la vanité
d'estre aimées est aujourd'huy
le guide de leur
coeur,& si l'amour trouve
às'y placerquelquefois, c'est
un moment de caprice qui
-~ l'introduit, il ne (ubfifte,
&ne finit que par le caprice.
Si d'un amour parfait le,
sexe étoit.cipable^
Nostre fort seroit trop
heureux,
Ce qu'on y trouveroit d'aimable
Suffiroit pour combler
nos voeux,
Malgré la trisse expérience
Des maux qu'il fait aux cendres
coeurs,
Du plaisir l'aveugle esperance
Bannie la crainte des malheurs
Le caprice, la fourberie
Suivis de la coquetterie,
Sont les écueils certains où
l'on va se brifer ;
Mais un appas flatteur dérobe
le naufrage,
Le
Le dévot se lalÍfe abuier,
Le Philosophe est sans courage>
Le foible aprés leur chute
a de quoy s'excuser,
La sagesseestenfin d'un si
penible usage,
Quequelque sont le danger.
On trouve moins d'avantage
A le suit qu'à s'engager,
Le fuir! helas le peut-on
faire,
*1 L'amour,quand il surprend
est un mal necessaire,
Et lors que deux beaux yeux
ont sçeu nous cnflamer,
Adieu lecoeur. il faut aimer.
SUITE
des Nouvelles.
De Vienne le 30. Decembre.
L'Archiduc a fait écrire
au Prince Esterhafi Viceroy
de Hongrie, de faire faire X
Presbourg tous les préparatifs
necessaires, parce qu'il
esperoity arriver le 2. Janvier
pour y recevoirla Couronne
de ce Royaume. Il
arriva hier un Courrier de
ce Prince, dépêché de Francfort,
qui a rapportéqu'il y
avoit esté couronné le 2.2..
& qu'il en devoit partir insessamment.
Quelques Lettres
particulières portent
qu'après son Couronnement
il avoit refusé de signer
la Capitulation perpstuelle.
Celles. d'Hongrie
marquent que plusieurs
Troupes de Mécontens recommençoient
à faire des
courses, de maniéré qu'il
n'y a aucune seureté dans
les chemins, & qu'il y a à
apprehender qu'il ne se forme
dans ce Royaume une
nouvelle Confédération;
mais on espere que par une
Diette que l'Archiduc fera
assembler à Presbourg dés
qu'ily aura estécouronné,
la tranquilitéde ce Royaume
fera entierement rétablie.
De Hambourg le 8 Janvier.
Les dernieres Lettres qu'on
a reçeues de Staden, portent.
que le Roy de-Danneinarc
& le Roy Auguste desesperant
de pouvoir s'emparer
de Stralzund de vive force,
parce qu'ils crouvoient de -
grandes difficultez à faire
une descente dans l'Isle de
Rugen ,d'où cettePlace tiroit
tous les secours dont la
Garnison avoit besoin9
avoient resolu d'attaquer
Wismar dans les formes , la Garnison ayant esté
considerablement affoiblie
par la dernicre sortie: que
pour cet effetils avoient renforcé
les Troupes du blocus
de six mille hommes,&
qu'ils y avoient envoyé du
canon & des mortiers,après
quoyle Comte de Rantzau
avoïc resserré cette Place
tres étroitement : que le
Gouverneur se preparoit à
une vigoureuse resistance ;
qu'il avoir fait dépaver les
ruës pour empêcher l'effet
des bombes, & fait publier
que tous les Bourgeois qui
auroientquelque répugnanceà
prendre les armes pour
la deffense de leur patrie,
eussent à sortir; que le General
Rantzau, avoir de son
côté fait avertir les habitans
ques'ils prenoient les armes
pour la dessense de la Place
il les traiteroit avec la derniere
rigueur; que nonobstant
ces menaces tous les
Habitans, ainsi que la Garnison
,
paroissoient resolus
de se deffendre jusqu'à la
derniere extremité; que le
17. Decembre les Assiegeans
s'approcherent à trois cens
pas de la Ville où ils dresserent
des batteries de canons
&de mortiers;que le29.ils
commencerent à y jetter des
bombes & des boulets rouges
, & continuerent jusqu'au
2. de cemois; mais
avec peu de succés, le Gouvencur
ayant fait dépaver
les ruës, & fait poster des
troupes d'Ouvriers & d'autres
Bourgeois dans tous les
Quartiers, pourestreàportéed'éteindre
promptement
le feu
; que ces précautions,
jointes à l'incommodité,
que les Assiegeants reçoivent
de l'Artillerie des Assiegez
qui renversoit leurs
ouvrages&démontoit la
pluspart de leurs canons,
les obligerent à se retirer
dans leur ancien Camp,&
à convertir de nouveau le
Siege de cette Place en blocus.
Que les Troup es du
Roy de Dannemarc & du
Roy Auguste avoient aussi
jeuté des bombes & des bouletsrouges
pendant vingtquatre
heures; mais aussi
sans aucun succés considerable,
ce qui avoit déterminé
ces deux Rois à mettre
leurs Troupes en quartier
d'hiver, de maniere néanmoins
que cctrc Place demeureroit
toujours bloquée
,par les Troupes Moscovites
quiestoient en marche
pour venir renforcer
leur Armée, dont les Quartiers
seroient à Anclam &
à Gripswald
, & soutenuës
par les Troupes Saxoncs
qui ne retourneroient pas
en Saxe avec le Roy Auguste
;& qu'à l'égard de celles
du Roy de Dannemarc,
elles hiverneroient dans le
Holstein Danois.
De Madrid le 4. Janvier.
Nous venons d'apprendre
par les Lettres du Camp de
Calaf du 22. que Mr le
Comte de Muret avoit enfin
esté obligé faute de vivres
& de munitions de lever
le SiegeduChasteau de
Cardonne; voicy ce que
portent ces Lettres, A.,
Malgré le secours que le
General Staremberg préparoit
pour le Chasteau de
Cardonne, on auroit pû
s'en rendre maistres si la
bréche qu'on y avoit faite,
cust esté dans un endroit
un peu plus accessible. On
avoit placéune autre batterie
pour faire une nouvcllc
bréche, mais la plus grande
partie du canon ne put servir
faute de punirions. Cependant
le General Staremberg
estant informéque la
Garnison eltoïc sur le point
de se rendre pareillement
faute de munitions & de vivres,
dont les Assiegeants
manquoient aussi, renforça
le Détachement qui estoit,
à
Salegariga
le 2 1. avec lequel
il tenta de secourir ce
Chasteau ; mais après avoir
esté repoussé trois fois, il
sur obligé de se retirer avec
beaucoup de perte;celle que
firent les Troupes du Siege
dans ces rrois attaques, fut
de soixante hommes tuez,
& d'un plus grand nombre
de blessez ; parmi les premiers
il y a eu le Ser gent
Major general, deuxCapitaines
du Regiment de la
Couronne Mr le Comte de
Melun
, un Capitaine de
Grenadiers de la Compagnie
desGardes à pied Espagnoles.
Le General Staremberg
,
outré de n'avoir pu
réiifljr dans son entreprise,
retourna le lendemain à la
charge: ses Troupes furent
encore fortmal-traitées à
l'attaquedu Pont de las Corminas,
gardé par les Regimens
de la Couronne&de
Truxillo
,
sans pouvoir les
forcer, mais ayant trouvé,
moyen de passerla l:iviere.,
à gué, elles prirent ces deux ,
Regimens en £tanc,-& les
obligerent à se retirer en
desordre. Mr le Comte de
Muret donna aussi tost avis
à Monsieur de Vendosme
de ce qui s'estoit passé ; envoyaau
Gouverneur du
Chasteau pour avoir une
Sauvegarde pour les mala-"^
des qui estoient dans »la
Ville, ensuite il se retira
avec les Troupes & lesBagages,
abandonnantson
Artillerie faute de voitures.
Les Ennemis ne le poursuivirent
point, & se contenrerent
de faire entrer le secours
dans le Chasteau, aprés
quoy ils se retirerent.
Lettre de Sarragosse du 3.
Janvier.
Les Ennemis, au nombre
de quatre mille hommes de
Troupes reglées & d'un plus
grand nombre de Miquelets ,
attaquerent le Camp du /{egiment
de la Couronne le
vingt - deux du moispasséà
lapointe du jour devant.Car^
donne}javonsiT^pay un brouillardsiépais
que Cm ne voyoit
pas a quatre pas devant foy.
Cependant quoy que ce fut
une especedesurprise 3ce Regiment
fit tout ce que de
vieilles Troupes peuvent faire
,
mais ils fut obligé d'abandonner
leur posse par la ftiperiorité
des Ennemis , &se
retira sur une hauteur où ils
nejugerent pas à propos de le
poursuivre ce jour-là.
Le vingt trois les Ennemis
qui estoient quatre êontre
un, l'attaqua de nouveau ,
ensorte qu'ilfutobligéde
se retirer. Il a eu plus de deux
cens hommes tuez ou bleffi{.
Mr Bonnet, Commandant du
second Bataillon de ce Régiment
est du nombre des Morts;
Mr Dautruy
,
Major, a ejlé
blepé de trois coups au travers
du corps, & on ne croit pas
qu'ilen revienne; Mrle Chevalier
de TeiJé, Colonel, a esié
perdu une heure,maisiln'aesté
ny blessénypris.Les Ennemis
ont perdu beaucoup de monde
dans cette action, puisque de
quatre cens hommes seulement
qui sortirent de la Place pou,
favorser L'entrée du secours
,
cinquante furent tuez avec
l'Officier qui les cornmandoit,
gr cent furent blcffe^.
Le soir du mêmejour, Mr
le Comte de Muret, qui commandoit
au Siege
,
sçachant que
ses Troupessouffroient extrêmementfaute
de vivres, les
Soldatsn'ayant depuis huit
jours qu'un quart d'une ration
de pain, prit le parti de lever
le Siege,sansyestreforcepar
d'autres raisons, laissansl'artillerie
faute de mulets pour la
retirer.
LesTroupes,du Siege tJIant
arrivées au Camp, Aionjuur
de Vendosme prit le party desi
retirer: il fit lever en plein
jour les Gatdes de dcjlus les
ruisseaux qui Jéparoient les
-
deux Armée* ,
les unes après
les autres, &se mit en bataille
à un quart de lieuë des Ennemis,
où l'Armée campa. Le lendemain
il ne luyfitfaire qu'une
demi-lieuë; mais le General
Starembergn'osasortirdeson
Camp pour lasuivre.
Monsieur de Vcndosme conserve
le posse de Cervera , où
il a mis cinq Bataillons& un
Régiment de Dragons qui ria
pas foujfat comme les autres
pendant la Campagne. Ce
Prince efl avec l'armée à Agramunte,
où il diflribuë les
Quartiers d'hiver aux Troupes
qui garderont la Segre. Nous
avoKS Arens,Venasque, &
Castel-Leon de cette Campa-"
gne. Cardone l'auroit renduë
plusavantâgeuse
,
mais cen'est
pas une chose irréparable au
commencement de la Campagne
prochaine, en cas qu'on lafasse,
lesmesures que l'on a déjà pri-
[es
, Cm que ton prendra pour
le transport des vivres & des
munitions, donnant lieu d'ejperer
que les Troupes n'en manquerontplus.
D'Utrecht le 19. Janvier,
Mrs les Plénipotentiaires
du Roy arriverent le 9. à
Gambray
,
où ils fejournerenc
le 10.
Le 11. ils arrivèrent à
Valenciennes. .fLe11.vMons, où Mr
le Comte de Dhona qui en
est Gouverneur, les fit saluer
par trois déchargés générales
de l'artilleriey& leuc
donna un grand repas,
Le 13. ils arrivèrent à
Bruxelles, où ils furent
reçus avec les mesmes honneurs.
Mr le Maréchal
d'Uxelles alla descendre avec
Mr le Commandeur de Beringhen
qui l'accompagne,
chez Me la Princessè difenghien
qui les regala magniquement
; Mr l'Abbé de
Polignac descendit
-
chez
Me de Rupelmonde qui luy
donnaaussi un magifique
soupé, & Mr Mesnager,
logea dans uneautre maison
avec ses Officiers.
Le 14. ils arriverent à
Anvers où ils sejournerent le15.
Le 17. à Gorcum. s
Le 18. à Ucrechr.
Ils ont été reçusdans
tous ces lieux avec les mefmes
honneurs qu'ils l'avoient
été à Mons & à
Bruxelles, les Hollandois les
ayant toûjours fait accompagner
par des Commissaires,
tant pour les faire
recevoir honorablement ,
que pour les défrayer pendant
toute leur route depuis
Bruxelles.
JNDaenMvonitpeelrlie.r le n,
Les Erats de Languedoc
firent faire hier un Service
magnifique pour le repos de
l'ame de feu Monseigneur
le Dauphin. Mr l'Archeverque
de Narbonne y officia
comme President de
cette Assemblée. Mr l'Evêque
de Alep prononça
l'Oraison funebre, & Mrs
les Evesques de Mirepoix,
de Lodeve, d'Agde, & de
Beziers firent les Absoutes.
Tous
Tous les Deputez y assisterent
chacun dans leur rang,
avec le Chapitre de Saine
Pierre & un grand concouts
de monde.
ARTICLE
desEnigmes.
Enigme du mois pasle.
Peum'ontfçâdeviner
onmappelle Fenesetre,
Vous le sçavezDocteurs
maformefait mon être,
Et je puis existersans
corps,
Onm'endonnepourtant
defoibles &deforts;
Hors de moy lesvolets en
cerclesepromenent,
Etleschassisenmoy, haut
&basse demenent ;
Par moy sefitjadis quelque
amoureux larcin,
Etparmoy futsauvé jadis
quelqueassassin;
Entoutpaysjefoisd'une - mêmenature,
, Mats]echange denomen
changeantdéfiguré.
Noms&Envoisde ceux
qui ont deviné
l'Enigme.
La Comtesse des Mathurins
: la spirituelle Normande
des Fossfez: Mathieu senestres
& le Baron de Fenestre
: quand on ne peut trouver
la porte, il faut passer
par la Fenestre: Rigolin le
reflechisseur
: la jolieTortiborgni-
boiteuse : Pytame
&Thisbé
Envoy à la Belle endo: mie,
Sur l'Air,Réveillez vous.
Belle à qui quelque Amant
peut-estre
Afait quelques larcins d'amoury
Souvenezvous de la Fenestre,
Fermez la mieux, même en
plein jour.
ENIGME.
Jesuisnéprisonnier,petit
- &méprisable,
Souvent Je mes prisons
l'on me délivre à tables
J'engendredesenfans pri
sonniers comme moy , Etjeporte le nom d'un
Roy;
J*enfteme dans mon sein
l'imagedemon pere,
Je nesuis point le Dieu de
: lqedeCyihere;
J'habitepourtant dans les
-
coeurs.
Icy,Mortels,versez,des
pleurs;
Vn de mes logementsa
tuè'vofire.merey
Et vous causa bien des
malheurs.
AUTRE ENIGME.
Lorsque par de justes liens
On sçait unir à moy celuy
qui meresemble,
Nous ne faisons plus qu'un
ensemble,
Je vois tout par Ces yeux, il
voit tout par les miens;
Si je luy fais tenir quelque
discours frivole,
En revanche je sçayluy couper
la parole.
Dernieres Nouvelles.
De Rome le 13. Décembre,
Le Pape s'est enfin déterminé
à donner le Chapeau
de Cardinal à Don Annibal
Albini. S. S. après avoir
demandé dansunConsistoire
le sentiment des Cardinauxsur
cette Promotion, ils y
applaudirent tous, & le S.
Pere dit, puisque vous lejugez
tous à propos nous nommerons
Don Ânmbal Jlbant
Cardinal; & ff prie Dieu
que cettePromotionsoitàjapltts
grande gloire, & au bien de
l'Eglise. Ensuite S. S. prononça
la Formule, & aussitôt
le Canon du Château
S. Ange sefit entendre.
Tous les Cardinaux qui se
trouverent au Consistoire
allèrent ce jour-là complimenter
Dona Bernardina,
Mere du nouveau Cardinal,
qui reçut aussi les f,.e. l,i.c.ita-
-
tions de toutes les autres
personnes les plus distinguées
)&ilYeutleCoirdes
iVlluminaitiolnslpaer to.ute la
-
De- Caiiz le 8.Janvier.
UnAimatcCfr de S. Malo
a amené icy une Prise Hollandoifc
estimée dix mille
Ecus. On a levé l'Arrest
qu'on avoit mis sur deux
Bâtimens Genois qui étoient
dans nostre Port, &C(S -
Bâtimens ont remis à la
voile pour retourneràGenes,
mais l'Arrest mis sur le
Vaisseau Venirien n'a point
icle Irve, & au contraire,
ce Vaisseau a été déclaré de
bonne prise.
On a appris par un Vaisseau
d'avis arrivé de la
Martinique d'où il est parti
le premier Décembre, que
MrDucasse dévoieen faire
voile le
1 5. avec quacrre
Vaisseaux de guerre François
qui l'y avoient joinr.
Un Vaisseau Anglois de
60. Canonsayant été poussé
sur nos cotes par un coup
de vent, y a échoüé.Léquipage
qui s'est sauvé à
terre, est venu icy, & on
luy donne lasubsistance. On
travaille à remetrre le Vaisseau
à flot, & l'on espere
y reüssir.
D'Hmingue le 15. Janvier.
Nonobstant le débordement
du Rhin, environ
trois cens hommes des Ennemis,
ayant passé ce Fleuve
dans des batteaux prés de
,
l'Isle de Newbourg, étoient
entrez en Alsaceoù. ils
avoient commencé à piller;
mais nôtreCommandant en
ayant eû avis a aussitôt fait -
sortir cent Dragons & autant
de Grenadiers pour les
aller chercher Ils les ont
trouvez au Village de Rù.
mensheim, les ont attaquez,
enont tué trente, & fait un
plus grand nombre de pri-
[onolcrs, qui ont dit que
leurPartisan, qui avoir été
tué, étoit l'un de leuts plus
fameux.
De Charleroy le 26. Janvier.
Un Party de nôtre Garnison
surprit hier un convoy
de vingt Chariots chargez
qui alloient à Mons, fous
l'escorte de 30. hommes
qui prirent la fuite dés qu'ils
apperçurent qu'on alloit les
attaquer; & comme ils
curent le temps de dételler
les chevaux, on fut obligé
de brûler les Chariots, ne
pouvant les emmener.
UAbbeville le 17. Janvier.
Un gros party ennemi
étant entré dans le Boulonois,
pour lever les contributions,
a été coupe & en
tierement deffait par les
Troupes qui sont icy en
quartier.
De Vienne le 6. Janvier.
,
Quoy qu'onaffcde de
publier icy que tout cft
tranquile en Hongrie, on
a des avis certains que la
plus grande partie de la
Noblesse Hongroise (si trés
mécontente de ce qu'on
n'a encore donné à la nation
aucune satisfaction sur les
Griefs dont elle s'étoit
plainte dans les precedentes
Diettes, & entr'autres de ce
qu'onne donnoit pas à des
Hongrois les Gouvernemens
des Places du Royaume
,
&
qu'on n'en retiroit pas les
Troupes Allemandes, ainsi
qu'on l'avoit promis.
LArchiduc ne doit arriver
à Presbourg
,
qu'au
commencement de Fevrier,
Quoy que ce Prince ait fait
une nombreuse promotion
de Conseillers d'Etat, plusieursSeigneurs
seplaignent
de n'y avoir pas été compris,
& parriculieremenc
ceux qui avoient été honorez
de cette Dignité par
l'Empereur Joseph.
On a reçu un Courrier
du Resident de l'Empire à
Constantinople
,
qui a rapotté
que le party du Kan
des Tartaresayant prévalu
sur celuy du Grand Visir,
ce Ministre avoir été deposé
le 20. Novembre, tous ses
biens confisquez le lendemain,
& que l'Aga des Janissaires
qui avoir été mis à
sa place, avoir écrit au Roy
de Suede qu'il luy mencroic
au Printemps une Armée
de deux cens mille hommes.
D'Utrechtle21.Janvier.
Mr l'Evesque de Bristol,
premierPlenipotentiairedela
Reine de la Grand Bretagne
arriva icy le IJ. avec une
nombreuse suitte, & Mr le
Comte de Strafford arriva le
17. Apres que Mrs les Plenipotentiaires
de France y furent
arrivez,ils le firent sçavoir
aux Magistrats, & Mrs
les Plénipotentiaires d'Angleterre
allerent incontinent
les visiter
,
& le soir
Mrs les Plenipotentiaires de
France rendirent la vifitc à
Mrs les Plenipotentiaires
d'Angleterre.
Mr leComte del Borgo,
Plenipotentiaire de Mr le
Duc de Savoye, arriva le20.
& la pluspart de ceux des
sept Provinces unies, se sont
aussi déja rendus icy.
de lasanté de Monseigneur le
Comte de Toulouse, y
Extrait du Voyage de Mr Chambon
dans les Mines de Pologne
, 15
Etrennes, 43
Nouvelles, 49
Lettre de Mr le Chevalier p**
jùr un petit vol fait chez
Payen ,
Traiteur , 80
odede MrdelaMothe, 87
Madrigal nOltVeAH ,
à unefemmejalouse,
91,
Madrigal par la jeune Muse
,
5J3.
TABLE.
Ahregédt lafameuseJguejlum
fùr la circulation dufingfar
le coeur du Foetus) 97
jivanture arrivée dans un Bat)
143
Vers sur l'Inconfiance, far ft-
Mr P. 166
Envoyd'un Extrait d'une Lettre,
171
cMbanjoon nroutveslle>y191993
Mariages, 205"
Piece fugitive, Lettre à une DernoifelleSuedoisesurson
Partrait)
109
Vémijfioft de Mr lePeletitrde la
Charge de PremierPresident
,
Le Roy chotfit Mr de Mefines
f,ulr remplir cette importante
Place, zzt:
TABLE.
PRIPILEGE. IJV. Rot.
LOUIS par la grace de Dieu,Roy de
France & de Navarre: A nos amefc
&fauxConseillers les gens tenants nos
Cours de Parlements
,
Maiffre des Requêtes
ordinaires de nôtre Hôtel,Grand
Conseil, Prevost de Paris, Baillifs
,
Sénéchaux
,
leurs Lieutenant Civils & autres
nos Justiciers & Officiers qu'il appartiendra,
SALUT. Ayant choisi nôtretrescher,
& bien amé Chapes DU fRESNY,
Sieurde Rivière, NôtreValet de Chambre
ordinaire ; pour continuer de faire le
Recueil de plusieursnouvelles, Relations
& Histoires; & le faire imprimer sous le
titre de Mercure Galant
; ilnous a tres..
humblement fait supplier dit lui vouloir accorder
nos Lettres de Privilege sur ce nécessaires.
ACES CAUSESNous lui avons
permis & permettons, par ces Presentes
de faire imprimer le Livre intitulé LE
MIXCOM GALANT, Contenant
plusieurs Nouvelles, Relations, Histoires&
generalemejtt tout ce qui dépend dudit Livre,
& qu'on a coutume d'y mettre depuis trente
ans,en telle forme, marge,caractere , &
lautadt de fois quebon lui semblera
, par tel
Imprimeur & Libraire 'l1ol"U voudra ckoiûx
& de de le faire vendre & débiter par tout
nôtre Royanme
,
pendant le temps de trois
années consecutives à compter du jour de
la datte des Presentes; filifonsddLnCes à
toutes fortes de personnes de quelque lité qua- &condition qu'elles soient d'en introduire
d'Im pressionsEtrangeresenaucunlieu
de nôtre obéissance,& à tous Imprimeurs,
Libraires &Colporteurs, & tous autres
de faire imprimer, vendre, & débiter
,
&
contrefaire ledit Livre, ni graver aucunes
Planches servant à l'ornement d'icelui,
ni même de le donner à lire pendant ledit
temps, fous quelque prerxteque ce soit,
sans la permissionexpresse, & par écrit
dudit Exposant, ou de ceu* qui auront
-
droit de lui à peine de confiscation des
;;,.. Exemplaires contrefaits ;
de fîi rnillivres
d'amendecontre chacun descontrevenants, dont untiers à l'Hôtel Dieu de Paris, un
tiers au Denonciateur, & l'autre tiers audit
Exposant, & de tous dépens dommages 8c
interests à lachargeque cesPresentes serontenregistrées
tout au long sur le RegHhl"
de la Communauté des Imprimeurs
& Libraires de Paris, & ce dans trois mois du jour & dated'icelles
; que l'impression
dùdltlivre sera faite dans nô-te Royaume,
& non ailleurs, & ce conformément aux
ï(cgleraens de la librairie; & qu'avant de
k'cjtpofer envcûre,ii CA fcu misdfui
plaires dans nôtre Bibliotheque F'ubriqae-;'
un dans celle de nôtre Château du Louvre,
& un dans celle de nôtre tres cher & féal
ChevalierChancelier de France, le Sieur
PHELIPEAUX, Comte de Ponchar-
(
train, Commandeurde nos Ordres
,
le tout
à peine de nullité desdittes p esentes, du
contenu desquelles, Vous MANDONS, &
enjoignons
de
faire jouir & user ~lediisieur
Exposant, ou ses ayant causé, pleinement
& paisiblement sans souffrir qu'il leur soit
c,m(e aucun trouble, ouempêchement.
Voulons qu'à la Copie des presentes qui
fera imprimée au commencement ,ou à la
fin dudit Livre, soit tenue pour bien
,
&
duëment signifîée, & qu'aux Copies collationnées
par l'un de nos amez & seaux
Conseillers & Secretaires foy soit ajoûtée : comme à l'original. Commandons au Pre-
:, mier nôtre Huissierou Sergent de fairepour
l'execution des Presentestous Actes requis,
& necessaires sans autres permissions nonobstant
Clameur de Haro, Chartre Normande
, & Lettres à ce contraires:~CAR
tel est nôtre plaisir. DONNE' à Versailc»'
le trente uniéme jour d'Aoust, l'an de
..c grace mil sept cens dix, & denôtre Regne
t.
le soixante huit, Par le Royen son Conseil. ,DEVA loi0.1LiS.
JRegftré sur It nom -j. de lttY
CtmmHmutéde* Imprimeurs & Ltf,r.irH
de Paris, page 63 nUM,136.conformement
4IIUX Reflements, & notamment à l'¿ff
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le