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MERCURE
GALAN T.
UNI
AN
NIN
A
PARIS ,
M. DCCX.
Avec Privilege du Roy.
MERCURE
1
1
GALANT.
Par le Sieur Du F **
Mois
de Decembre
1710,
Le prix eft 30. fols relié en veau , &
25. fols , brochez .
A PARIS ,
Chez DANIEL JOLLET , au Livre
Royal, au bout du Pont S. Michel
du côté du Palais.
PIERRE RIBOU , à l'Image S. Louis,
fur le Quay des Auguftins.
GILLES LAMESLE, à l'entrée de la rue
du Foin , du côté de la rue
Saint Jacques.
MERCURE
GALA
ETREN
DE
DE
LYON
ES
MERCURE.
Dans un Sallon du Firmament
Où les Dieux aſſemblez
tenoient
appartement ,
A ij
4 MERGURE
On vit entrer le Dieu
Mercure ,
Qui d'un Marchand
Forain
avoit prisla figure.
Dieu te gard , dit Momus
, qu'as-tu dans ton
Balot ,
Des Etrennes ,fans dou
te ? ouy , dit le Mercelot.
Fort bien. Tu nous vas
donc étaler en paroles
Tout ce qu'un Mercelot
étale en babioles ;
Ouvrages délicats , Bijoux
de Cabinet,
GALANT.
Orpur bien travaillé, c'est
है.
à dire un Sonnet ,
Des Brillans enchaffez
en naïve Epigrame ,
Amours d'argent malfif
dans un Epithalame
Eloges tout fuerez , &
friands Madrigaux,
Portraits vrais on farde
fatyriques Tableaux ,
Des Odes de clinquant ,
des Tambours , des
Trompettes,
Nipes d'Eglogues , des
Houlettes ,
A iij
MERCURE
Petits Chiens , & petits
Moutons ,
Flutes , Flageolets &
Mufettes ,
Lyres d'Adulateurs
chantant fur tous les
tons .
Chut , dit le Mercelot
un brillant étalage
A plus que l'on ne peut
engage ;
Je n'ay presque dans mes
tiroirs
Que fideles petits Miroirs
,
GALANT.
Quifont voirles défauts..
Fy , dit le Dieu comique
Un fidele Miroir eft un
garde-boutique ;
A Paris tu vendras bien
mieux
Lunettes à tromper les
yeux's
Pour les Prudes du temps,
Eventails à lorgnettes,
Des Beficles pour leurs
Maris ,
Rubans à parer les Coquettes
,
A iiij
8 MERGURE
Nauds galands pour les
Favoris ,
Noeuds coulans , & poignardspour
les Amans
trahis.
Veux-tufinir, reprit Mer
cure
Je n'ay que des riens. Je te
jure.
Petits Riens de halard ,
qu'on va mettre au
rabais ?
Heureufement , les Ba
gatelles
Au Parnaffe comme au
Palais
GALANT. 9
Plaifent quand elles font
nouvelles ,
Enfemme , en belefprit ,
jeuneſſe & nouveaute
,
Tiennentfouvent lieu de
Beaute.
D'accort, mais nouveau
té pour les Dieux eft
ufée,
De leurgouftfur le Beau
la pointe eft émouffée;
Car ils en ont tant vu.
ça fais donc de ton
mieux
to MERCURE
On doit des Eirennes aux
Dieux
Dés le temps des Romains
, à ce que dit
l'Hiftoire ,
D'eftre Etrenne ilsfai
foient gloire,
Et par conféquent d'é
trenner ,
Chezles Dieux recevoir
neva pointfans donner.
Mercure , fois - donc magnifique
Et déploye icy ta Bouti
que.
GALANT IT
Tout beau ! du peu que
jay j'en veux faire à
deux fois ,
Tel quifait
aujourd'huy
des prefens à mains
pleines ,
Seroit moins liberal en
donnant des Etrennes,
S'il devoit comme may les
donner tous les mois.
LIVRE
Nouveau.
Il paroift depuis peu un
Livre intitulé , Regles
12 MERCURE
pour former un Avocat,
tirees des plus fameux
Auteurs , tant · Anciens
que Modernes.
Dans le premier Chapitre
, l'Auteur parle de
Î'Eloquence en general,
& montre que la nature
feule , toure éloqnente
qu'elle eft , ne fuffit pas
pour former un parfait
Orateur.
Au fecond Chapitre ,
de la nobleffe & prérogative
de laprofeffion d'AGALANT:
13
vocat , il rapporte que
parmi les Grecs & les
Romains , les Conquerans
même defcendant
du char de leur triomphe
, venoient immoler
aux pieds de la Juſtice,
l'ambition de perdre les
hommes , pour fuivre
celle de les' deffendre .
C'eſt ainfi que le Roy a
rravaillé luy même à former
ce Chef- d'oeuvre de
nouyelles Ordonnances ;
monument immortel de
14 MERCURE
la fageffe & de la juſtice
de Louis LE GRAND .
Aprés avoir parlé de
l'Eloquence en general ,
l'Auteur traite à fond celle
du Barreau , qui eſt
fon objet particulier.
Je fais confifter , dit - il ,
l'Eloquence
du Barreau dans
quatre principales choſes .
La premiere , dans la
Science .
La feconde , à bien Compofer.
La troifiéme , à bien prononcer.
GALANT is
La quatriéme & derniere,
à poffeder les vertus que
doit avoir un Avocat.
Sur chaque partie je rapporteray
les Regles qui y
conviennent
, & voila tout
mon deſſein.
L'Auteur marque en
fuite les differens carac
teres de l'Eloquence
" que chaque Avocat peut
chofir par rapport à fes
talens naturels , & à l'étenduë
de ſon eſprit . Il
marque à ce propos les
differens genies de quel
16 MERCURE
ques Orateurs anciens.
Cefar , parloit avec force
& vehemence.
Celius , fe faifoit admirer
dans fes difcours par un genie
tout fingulier.
Calledus , eftoit fubtil dans
Les raiſonneinens .
Brutus , avoit de la gravité
en parlant en Public .
Sulpicius , avoit des pointes
trés - agreables.
Caffeus , plaidoit avec
chaleur .
Pollion ,
compoſoit avec
·majeſté,
GALANT. 17
Calvus , avec ſcrupule &
circonfpection .
Seneque , avoit la fecondité
en partage
.
Africain , l'énergie .
Crifpus , l'agrément .
Tracallus , une belle déclamation.
Secundus , l'élegance .
Demofthene , emportoit la
piéce ( fi on peut fe fervir
de ce mot )
Ciceron , femble avoir luy
feul toutes ces éminentes
qualitez.
Enſuite l'Auteur aprés
B
18 MERCURE
avoir établi pluſieurs Regles
generales pour deve
nir excellent Avocat ,
convient que la grande
difficulté , eft de mettre
ces Regles en uſage .
Il faut , dit il , à un Avocat
un efprit profond pour
penetrer le fond des Regles ,
fon difcernement les diftingue
, & les compare , fa Jufrice
n'y voit que ce qu'il y
faut voir , fa droiture les
prend toûjours par le bon
cofté , & fa délicateffe apGALANT.
19
perçoit celles qui paroiffent
imperceptibles ; tout cela
fait qu'on ne peut donner
pour l'ufage , des Regles
fixes & immuables,
En effet les Regles generales
font des écueils
pour les petits genies qui
les fuivent à la lettre , les
genies faux méprifent les
Regles parce qu'ils n'ent
fentent pas la jufteffe , &
les grands genies s'élevent
au-deflus des Regles
, par ce qu'ils fçavent
Bij
20 MERCURE
plus que les Regles .
Tout le refte du Livre
eft conformement à fon
titre , un receüil avec ordre
de Regles, de Maximes
& de Confeils :
j'en rapporterai quelques
traits en abregé fans les
choifir ,
pour
$
vous donner une idée
generale du Livre , que
pour vous en citer les plus
beaux endroits .
Le fublime & les ornemens
ne font pas bons dans
GALANT 21
toutes fortes de caufes ; il
faut traiter les petits ſujets
d'un air fimple & naturel ,
&c.
Vous allez voir une maxime
qui paroiſt d'abord
un peu obfcure , l'Auteur
la développe tres - finement
& tres - nettement
; mais ce qu'il en
dit eft trop étendu pour
eftre placé icy ; il y a des
chofes excellentes dont
on ne peut faire l'extrait
fans en diminuer la beau
£2 MERCURE
té , voici la maxime.
II y a
de l'art à paroiſtre
quelques fois douter de ce
que nous difons pour mieux
perfuader la verité , &c ....
Un des cas ou l'Avocat
peut utilement pa
roiftre douter de la bonté
de fa caufe , c'eſt
quand il s'agit de prouver
aux Juges qu'il ne la
foûtient point par opiniâ
treté, & qu'il n'eft point
aveuglé par la préven
tion.
GALANT 23
Ce n'est pas peu dans
l'Eloquence de bien fça
voir ce qui doit eftre ne
gligé , & ce qui ne le doit
pas eftre.
La veritable Eloquen
ce doit eftre
proportionnée
à la capacité de ceux
à qui elle parle.
Que vostre ftile foit pur
fans eftre énervé par une
exactitude
fcrupuleufe .
Lcompofition
de l'Ayocat
Demandeur
doit
eftre differente
de celle
24 MERCURE
du
Deffendeur. Le premier
doit établir fimplement
fa demande ; le fecond
eft toûjours en action
, il nie , il refute , il
excufe, il fupplie, il adoucit
& diminuë... A tout
prendre il est bien plus
difficile de foûtenir le
Deffendeur , que le Demandeur.
Si vous plaidez pour
un accufateur , veftre
compofition
doit eftre
hardie , ſevere , & vigou-
+
reuſe ,
CALANT 25
reufe , parce que vous avez
à combattre la douceur
& la clemence des
Juges ; fi vous deffendez
un accufé , voſtre compofition
doit exciter &
foûtenir par fa douceur ,
la clemence de ces mê
mes Juges combatuë par
la feverité des Loix .
Un Plaidoyer qui manque
d'art doit ſe ſoûtenir
par l'affemblage de fes
forces , par le poids &
par les fecouffes redou-
C
fe
26. MERCURE
༡༩
I
blées des railonnemens,
& des
preuves.op į sv
Un Avocat doit fi
bien ménager,fon Eloquence
qu'on impute à
la bonté de la cauſe , les
traits que fon habileté
luy fournit , omslą st
Pour bien exprimer les ,
chofes , le tour le plus
naturel eft le plus diffircile
à trouver à ceux qui
le cherchent , ceux qui,
le trouvent fans le chercher
, font prefque les
a
GALANT
feuls qui le trouvent.
Ce n'eſt pas affez à un
Orateur d'eftre Eloquent
; il doit conformer
fon Eloquence au goût.
de fon fiécle.
La mode n'eft pas ar
negliger dans les chofes,
où il eft effentiel de plaire
au plus grand nombre. !
Il eft dangereux de faire
voir les Factums aux Juges ,
avant qu'on ait plaidé la caufe
, car fe flatant qu'ils fça.
vent palavance tour će qu
qui
Cij
28 MERCURE
on leur peut dire ſur l'affaire
, ils n'écouteront point
l'Avocat avec attention , &
vous perdrez le fruit de certains
traits d'éloquence , qui
touchent & qui émeuvent
les Juges ; quand on les pro
nonce , & qui font peu d'ef
fet dans la lecture.
Le dernier confeil que
l'Auteur donne à un fameux
Avocat , c'eſt de
fe retrancher au Cabinet
quand il commence à
moins briller au Barreau.
Il cite là - deſſus Affer , le
GALANT 29
plus celebre Orateur de
fon fiécle , qui à quatrevingt
ans , croyoit plaider
auffi bien qu'à trente
; on difoit de luy qu'il
aimoit mieux renoncerà
La réputation , qu'à fa
profeffion. Cet exemple
doit rendre fage les Auteurs
, dont le feu & la
délicateffe commence à
1
s'émouffer par le grand
âge , car la malignité ſe
plaift à juger d'un Auteur
par les derniers ou
C iij
30 MERCURE
vrages , ou par fes premiers
; quelle injuſtice
de condamner un bel ef
prit par des effais qui luy
font échappez en fortant
du College ; il eft
moins injuſte de blâmer
celuy qui ne peut ſe refoudreà
ceffer d'être Auteur
, car il eft plus pardonnable
à un jeune étourdy
de commencer
trop toſt , qu'à un homme
cenfé de finir trop
tard.
CALANT . ir
Il fe vend à Paris , chez
Daniel Joller , fur le Pont S.
Michel , du cofté du Marché-
Neuf , au Livre Royal.
MORTS.
Charles Theodore Othon
Prince de Salm & du S. Empire
, Maréchal de Camp ge
neral de l'Empereur ; ci-devant
Gouverneur de l'Empe
reur Jofeph, & grand Maître
de fa Maifon , qui eftoit né le
27. Juillet 1645. mourut le
TO. Novembre à Aix la Chapelle
en fa 66. année .
llavoit époufe en premies
res noces Godefroide Anne
Cüüj
32 MERCURE
Maric Agnés , fille de Walfgand
Comte de Glein , & de
Maric Comteffe de Amftenract
, morte en couches le
2. Novembre 1667 .
Il en a cû Marie Chriſtine
Godefroide Princeffe de
Salm , née le 2. Novembre
1667. & mariée le 15. Juiller
1687. à Leopol Prince
de Dietrichstein.
Sa feconde femme eftoit
Louife Marie , fille d'Edouard
Comte Palatin du
Rhin ; & d'Anne de Gonzague
, & foeur de Madamé
la Princeffe , & de Madame
GALANT. $
la Duchefle d'Hanovre.
Il en a eû Louiſe , née le
13. May 1672. Louis Oron
né le 24. Octobre 1674.
Louiſe Apollonie , née le 2 r.
Janvier 1667. & Eleonore
Chriftine , née le 14. Mars
1678.
N. de Harlai , fille de Nicolas
Augufte de Harlai ,
Comte de Cely , Confeiller
ordinaire & Plenipotentiaire
au Traité de Rifwick , &
de Françoife Louiſe Marie
Boucherat , fille de feu Mr
le Chancellier Boucherat
eft morte fans alliance le
34 MERCURE
cinquième Decembre.
Ń... Eſcart , épouſe de
Mr Belanger de Tourote ,
Brigadier des Armées du
Roy & Colonel de Cavaleric
, eft morte.
Mre Henri de Ghaifnes,
Comte dudit licu & de
Monfmont , ci-devant Enfeigne
des Gendarmes de
Berri , eft mort le 10. Decembre
âgé de 45. ans . Il
avoit époufé Marie Helene
de Mailli , fille de Charles
Marquis de Jalelnes & de
Marie Madelaine de Broc.
N. Pecquot veuve de Ni
GALANT . 38
colas Edouard Mier , Chevalier
Seigneur de Maiſons
Verneuil & Doyen du
Grand Confeil , mourut lo
8. Decembre.
Michel de Loy,Doyen des
Profeffeurs de Droit dans
l'Univerfité de Paris , mourut
le 10. Decembre âgé de
85. ans.
MARIAGE.
Mr de Planque , Brigadier
des Armées du Roy , & Infpecteur
General de l'Infanterie
, époufa le premier
jour de Novembre Mademoifelle
de Cadelan , niéce
36 MERGURE
de feu Mr le Maitre de la
Maiſonfort, Fermier Genc-
*ral.
Le pere de Mr Planque
qui eft d'une tres- ancienne
& tres bonne famille du
Languedoc , eft mort aſſez
jeune , eftant Brigadier &
Commandant à Bayonne .
Mr de Planque a cû la confiance
de Mr le Duc de
Noailles dans cette action fi
bien concertée , qui obligea
les Ennemis de fe rembarquer
; ce fut Mr de Planque
qui conduifit le corps ..
GALANT. 37
d'Infanterie de Perpignan
à Cette.
L'affaire de Cette me rappelle
l'idée d'une circonftan
ce que j'ai apprife depuis &
qui regarde Mr Poujer ,dont
j'ai parlé dans mon premier
Mercure,
Il eſt bien vrai que les
Anglois s'emparant de la
la Ville de Cette , où il eft
Juge de l'Amirauté , voulurent
le forcer à prefter ferment
entre leurs mains , fa
fermeté à le refufer , & les
fervices qu'il a rendus en cette
occafion lui ont attiré des
MERCURE
louanges de Mrs de Ro
quelaure & de Bafville . De
pareils temoignages , & une
lettre de lui tres - autorifée,
m'obligent à lui rendre jufrice
; voici un Extrait de fa
Lettre.
beures
Le 28. Juillet , qui fut la
beille du départ des Ennemis,
toutes les Froupes fe rembar
querent , & fur les 4 .
aprés midi , il né reftoit dans,
Cette qu'environ 40. hommes,
diftribuez en diferenspoftes
Il me parur que so . Maitres
envoyez en diligence au
roient på fe rendre maîtres dis
GALANT 39
lieu : les fuites d'une affaire con
certée me paroißoient à crain
dre. Cela joint à donner avis
à nos Generaux de cette fitua
tion , je le fis par un Bourgeois
que j'envoyai c
Sur les huit heures du ma
tin du 29 , je fus pris par les
ordres du Chevalier Noris qui
eftoit à terre ; je fus mis dans
Sa Chaloupe , où ilfe mitluimême,
il me dépofa fur le
premier Vaiffeau quife trouva
àfon paffage. C'eftoit une Fre
gatte d'environ 40. Canons
qui eftoit à l'entrée du Port le
cofté à travers , qui tira toute
40 MERGURE
la matinée fur la Ville. C'eft
là que j'appris la raison de ma
detention. Le Capitaine de ce
Baftiment me traita fort honneftement
, & aprés m'avoir
fait diner avec lui , il me dit
qu'il alloit fur l'Amiral parler
pour moi , vers les fix heures
au foir Mr Noris m'envoya
fa Chaloupe avec un Officier ;
je fus porté furfon Vaiſſeau
on il me fit dire par l'Interprete
de l'Amiral Hollandois
, que
quoi qu'il put me retenir ,
vouloit pourtant me renvoyer
à la confideration de Mr le Duc
de Roquelaure , & c.
il
GALANT. 41
En ce remps là on avoit
écrit de Cette , qu'il avoit
couru rifque de la vie. Quoi
que la mort foit glorieuſe
quand elle eft cauféc
zele & la fidelité d'un Sujet
pour fon Prince , c'eſt toûjours
une fin tragique. Auffi
par
le
n'eft - ce qu'en le fçachant
renvoyé honorablement que
j'ai pris la liberté de plaifan
ter de fon échange , & je ci- .
terois plufieurs exemples de
Magiftrats , qui dans le
temps de la Ligue ont couru
mêmes rifques pour pareille
fidélité à leur Prince ,1
D
42 MERGURE
& qui ont plaifanté les premiers
fur la maniere dont ils
s'cftoient tirez d'affaire.
Madame la Prefidente de
Bretonvilliers eft morte le,
Decembre , fon nom
eftoit Claude Perrot de Fercourt
: Elle cftoit veuve de
Benignele Ragois , Seigneur
de Bretonvilliers , Prefident
des Comptes ; & fille de
Jean Perrot , Seigneur de
Saint Dié & de Fercourt,
Prefident aux Enquestes du
Parlement , & de Made
laine de Combaut Autheuil.
GALANT 43
Je tâcheray dans la fuite
d'avoir quelques remarques
Hiftoriques ou Géographiques
fur chaque Article ; par
exemple , en voicy deux à
propos de la derniere nomination
.
Celle de Landene ou Lau
devenech , donnée au Pere
de Vau en Latin Lindana
ou Lindane portus , fut fon-.
dée vers l'an 480. par S.
Guinolé, autrement S. Guingalois
qui en fut le premier
Abbé , cette Abbaye deving
tres floriffante par la difcipline
qu'ily établit , elle cm
Dij
44 MERGURE
braffa la regle de S. Benoift
l'an 818 .
Celle d'Arouaife ou d'Arouage
, donnée au Perc
d'Ambrine , en latin Aridagamantia
& Aroaſia , eſt de
Chanoines Reguliers de S.
Auguftin. Il y avoir autrefois
une grande Foreſt prés
de Bapaume , & c'eft de cette
Foreft que cette Abbaye
tc
a retenu le nom.
"
Le grand Maistre de l'Ordre
Teutonique , Evêque de
Breflu , a efté élu Coadjuteur
de l'Archevêque & Electeur
de Mayence ; il eft
GALANT. 45
frere de l'Imperatrice Douairiere.
Jacques - Fitz James , Duc
de Bervick , Chevalier de la
Jarretiere , de la Toifon d'or
& de S. Louis , Maréchal de
France ; & Gouverneur du :
Limofin , a cfté reçû Duc &
Pair de France le 10. de ce
mois ; il y a pris féance avec
les ceremonies accoûtumécs
.
Donsfaits par le Roy..
Le Roy a nommé Mr de
Goebriant , Chevalier du S.
Elprit , & luy a donné une
46 MERCURE
penfion de douze mil livres.
Il eft d'une ancienne nobleffe
, & Gendre de Mr
Delmaretz.
Sa Majefté a fait Lieutenant
General , Mr le Com
te d'Eftrades : Mrs de Beuil,
de Grimaldy , do Robelin ,
& de Selve Marechaux dél
Camp ; Mrs. le Marquis de
Lyonne, & de Bellabre , Bri- i
gadiers; & Mr de Ravignanav
cu une penfion de 2000. liv. de
sport
an-
Le Regiment du Fort anciena
efté donné à Mr
le Marquis de Lyonne ; il ſei
ra confervé à la Paix , & por
MERCURE 47
tera le nom de Lyonne .
Celuy de Lorraine , a eſté .
donné à Mr le Comte, de
la Motte , avec permiffion,
de le vendre..
Celuy d'Aulnix qu'avoir
Mr le Marquis de Lyonne ,
a cité donné à Mrle Comde
Brancas.
MARIAGE
Mr le Comte de Boulain
Deviller
a
épousé le 23 .
cembre
Mile Dalegre, avec
l'agrément
du Roy, qui a
figné fon Contrat
. La Maifon
de Boulainviller
& cel .
le d'Alegre
font fi illuſtres
48 MERCURE
qu'elles font connues de
tout le monde . Mr de Boulainviller
eft fans enfans depuis
la Bataille de Malplaquet
, où il perdit le Marquis
de Boulainviller , jeune
Seigneur de tres grande efperance
, & fon fils unique
pour lors ; car il avoit perdu
fix mois avant l'Abbé de
Boulainviller , âgé de dixfept
ans , & dont à cet âge
la capacité tenoit du prodige.
La premiere femme de
Mr le Comte de Boulainviller
eftoit Marie - Anne
Hurault du Marais , morte
en 1696 .
GALANT. 49
EXTRAIT
Du Difcours de M. l'Abbé
Simon , dans la derniere
Affemblée de
l'Academie des Medailles
&
Infcriptions.
SUR LES PRESAGES.
Ordre
Divifion du
Difcours.
L'origine & les caufes de
l'obfervation des Prefages ,
les diverfes Efpeces , les
occafions aufquelles on y
E.
so MERCURE
7
avoit recours , & cc qui
eftoit neceffaire pour les
faire valoir ou pour les détruire.
Mr l'Abbé Simon trouve
la premiere Origine
de la fuperftition des Préfages
dans la foibleffe de
l'homme , dont la curio
fité veut penetrer l'avenir
, & dont l'orgueil
veut abaiffer jufques à
luy l'Eftre fuprême à qui
rien n'eft caché.
Les Philofophes reconGALANT.
SI
noiffant une intelligence fuptême
, infiniment diftante
de la leur , luy fubordonnerent
des Divinitez éclairées
immediatement de fes
-lumieres , qu'elles répandoient
fur d'autres genies
inferieurs placez au- deffous
d'elles dans tous les élemens ;
ceux-cy plus à portée d'entretenir
commerce avec les
hommes fe plaifoient , difoient-
ils , à leur communiquer
ce qu'ils fçavoient de
l'avenir , & à leur donner
des preffentiments de ce qui
devoit leur arriver , & c.....
E ij
52 MERCURE
La icience des Prefages
eft apparemment
auffi ancienne
que Idolâtrie ; ce
qu'il y a de certain c'eſt que
les anciens habitans de la
Paleſtine en eftoient infectez
dés le temps de Moyfe , qui
fit deffenfe aux Ifraëlites de
fuivre l'exemple des Nations
, dont ils alloient poffeder
le pays , qui écoutoient
, dit- il ,
& les Devins .
les
Augures
Mr. l'Abbé Simon diftingue
icy la confiance
du peuple de Dieu en fes
GALANT. 53
Prophetes , d'avec la credulité
fuperftitieuſe des
peuples idolâtres pour les
Prefages. Il marque ainfi
le caractere des derniers.
Lorfque la prudence humainc
eft en défaut , elle a
recours à une intelligence
fuperieure capable de fixer
fon incertitude & de relever
fon courage dans les occafions
embaraffantes & dans
les périls preffants .
Ainfi Uliffe ne fçachant fi
les Dieux qui l'avoient perfécuté
fi long - temps fur
E iij
$ 4 MERCURE
terre & fur mer
, approu
voient enfin fon retour en
fa patrie & le deffein hafardeux
qu'il méditoit , prie Jupiter
de luy faire connoître
fa volonté par la voix de
quelqu'un de ceux qui veilloient
alors dans fa maiſon ,
& par un prodige au dehors .
Un coup de tonnerre qui
éclata en même temps le
remplit de joye & fa crainte
fe diffipa entierement , entendant
une femme qui
bluttoit de la farine , & qui
rebutée de ce travail fouhaitoit
que le feſtin qu'on préGALANT.
ss
paroit aux Amans de Penclope
, fuft le dernier de leur
vic. Ces imprécations
luy
parurent un Prefage certain
de la fin malheureuſe de fes
ennemis & du fuccés de fa
vangeance .
Des fignes femblables
que le hafard faifoit quelquefois
paroître comme à
point nommé aux voeux
des Suppliants , les convainquirent
de la vigilance des
Dieux toûjours attentifs à
répondre à leurs confultations
, & engagez pour ainfi
dire , par le devoir de leur
E iiij
56 MERCURE
miniftére à leur donner des
preffentiments de ce qui devoit
leur arriver.
Cette perfuafion les obligea
à obſerver plus religieufement
tout ce qu'ils entendoient
& ce qui fe prefentoir
à eux dans le moment qu'ils
formoient quelque entreprife
, & leurs efprits remplis
de leurs projets n'avoient
pas de peine à découvrir
dans tout ce qui paroiffoit
des marques évidentes de
l'évenement dont ils vouloient
eftre éclaircis ; femblables
à ceux qui regardent
GALANT . 57
attentivement des nuages &
qui y voyent tout ce que
leur imagination leur reprefenre.
Cependant pour s'affurer
de leurs conjectures ils ne
manquoient pas quand les
chofes eftoient arrivées de
confronter les évenements
avec les prognoftics , & de
tâcher de les concilier enfemble
, lors que la fortune ne
les faifoit pas quadrer affez
jufte. En cette maniere on
interprétoit les Oracles
& encore aujourd'huy des
gens prévenus en faveur de
58 MERCURE
certaines prétendues Propheties
, s'imaginent entrevoir
dans leur obfcurité
affectée toutes les grandes
révolutions qui arrivent
dans le monde.
Je paffe icy une fuite
de Remarques judicieufes
, par où l'on voit l'établiffement
des Prefages
dont les Egyptiens
ont fait un Art où ils
ont excellé , & qu'ils ont
tranfmis aux Grecs , &
GALANT. 59
qui a efté foûtenu
enfuite
par l'autorité
des
hommes
les plus graves
& les plus éclairez , qui
en faifoient
un des articles
de leur religion . Pithagore
& fes Diſciples
,
Socrate , Platon , Xenophon
, & c...
Enfuite les Hetrufques
ont appris cet Art
aux Romains
, & c....
Aprés avoir marqué
l'origine
& l'établiffement
des Prefages , Mr
60 MERCURE
l'Abbé Sumon en explique
les efpeces. La ne
ceffité d'abreger
m'oblige
à ne dire qu'un
mot de chacune .
La premiere efpece de
Prefage fe tiroit des paroles
, les voix qu'on entendoit
fans fçavoir d'où elles venoient
, paffoient pour divines
, telle fut celle qui arrefta
le Contul Mancinus ,
preft de s'embarquer pour
lexpedition de Numance ,
où il échoua honteufement.
GALANT. 61
On peut mettre au même
rang ces voix effroyantes &
ces cris lugubres qu'on
entendoit dans les bois
on les attribuoit aux Faunes ,
& l'on croyoit qu'elles annonçoient
des accidents funeftes.
On prenoit auffi pour
préfages les voix de ceux
qu'on rencontroit en fortant
des maifons , & fur
des mots prononcez par
hafard , on prenoit quelque
fois des ' refolutions tresimportantes.
Le Senat Romain (e.
62 MERCURE
détermina à retablir Rome
brûlé par les Gaulois , fur
la voix d'un Centurion qui
crioit à l'Enfeigne de fa
Compagnie , de planter le
Drapeau , & de refter , où il
eftoit , quoy que cette voix
n'eut qu'un rapport imaginaire
au fujet dont il s'agiffoit.
Les Grecs n'eftoient pas
moins attachez à cette manie
que les Romains. Il y
avoit dans l'Achaïe un Temple
de Mercure où on le
confultoit d'une maniere
affez finguliere. Celuy qui
GALANT. 63
defiroit eitre éclairci de fon
fort , s'apprachoit de la
Statue de ce Dieu , & luy
difoit tout bas à l'oreille
ce qu'il vouloit fçavoir
bouchant les fiennes avec
fes doigts. Il fortoit du
Temple en la même pofture,
& ne débouchoit les oreilles
que lors qu'il eftoit au milieu
de la grande Place publique.
Alors il prenoir
pour la réponſe de Mercure
les premieres paroles qu'il
entendoit.
Une autre espece de prefage
étoir les treffaillemens
64 MERCURE
du coeur , des yeux & des
Lourcils , qu'on appelloic
Salliffatio,
Les Palpitations de coeur
paffoient pour un mauvais
Ligne,
Les treffaillemens
-
de
l'oeil droit , cftoient au
contraire un figne heureux. ,
L'engourdiffement du petit
doigt de la main droite
oule
treffaillement du pouce
de la main gauche , ne
fignifioit au contraire rien
de favorable.
Les teintemens d'oreilles
& les bruits qu'on s'imagi
GALANT. 65
noit entendre , eftoient pareillement
des préfages affez
ordinaires . Les Anciens
difoient , comme le Peuple
le dit encore aujourd'huy ,
que des perfonnes abfentes
parloient d'eux.
Mais les éternuëmens
cftoient des preſages encore
plus anciens & plus autorifez.
Penelope entendant
fon fils éternuer dans le
temps qu'elle difoit que fon
Mari eftant de retour fçau--
roit bien tirer vengeance
des defordres que fes Amants
intereffez faifoient
F
66 MERCURE
dans fa maiſon , en conçut
une efperance
certaine de
l'accompliffement
de fes
'defirs. C'eftoit alors un
figne toûjours avantageux.
C'est pourquoy les Grecs
l'appelloient l'oyfeau ou
l'augure de Jupiter , s'imaginant
qu'il en eftoit l'Auteur
, & qu'ils devoient luy
en rendre graces dans
l'inftant .
Ils tenoient même l'éternuëment
pour un Dieu ou
une chofe divine , fuivant
Ariftote. La raison que ce
Philofophe en apporte, c'eſt
CALANT . 67
qu'il eft produit par le mouvement
du cerveau , & qu'il
eft la marque de la fanté de
cette partie la plus excellente
qui foit dans l'homme
le fiege de l'ame & de la
raifon . Cependant le Scholiafte
de Theocrite prétend
l'éternuëment eftoit un
que
prefage équivoque , qui
pouvoit eftre bon & mauvais.
C'est pourquoy les
affiftans avoient coûtume
de faluer la perfonne qui
éternuoit en faifant des fou
haits pour fa confervation
afin de détourner ce qu'il
Fij
68 MERCURE
"
pouroit y avoir de fâcheux.
Les Grecs fe fervoient de la
formule , que Jupiter vous
conferve , comme nous difons
Dieu vous affiſte.
En effet les éternuëmens
du matin ; c'eft à dire depuis
minuit jufqu'à midy , n'êtoient
pas avantageux ; ils
devenoient meilleurs le refte
du jour. Entre les éternuemens
, on eftimoit davantage
ceux qui venoient du
côté droit ; mais l'Amour
les rendoit toûjours favorables
aux Amants de quelque
cofté qu'ils vinffent , fi
GALANT. 69
*
fon en croit Catulle.
L'Efprit familier de Socrate
fe fervoit de ce prefage
en diverfes manieres
pour luy donner de bons
confeils . Quand un autre
éternuoit à la droite , c'é-
-toit un figne qu'il devoit
agir , & une deffenſe de le
faire quand on éternuoit à
fa gauche , &c .....
Il n'eft pas trop feur
que
Socrate feloit toûjours bien
trouvé de fuivre ces préfages
; mais il paroift que ce
n'eftoit pas un figne infaillible
pour tous les autres :
70 MERCURE
témoin ce mary dont il eft
fait mention dans une ancienne
Epigrame de l'Anthologie
, qui fe plaint qu'-
ayant éternué prés d'un
Tombeau , plein d'efperance
d'apprendre bien- toft la
mort de fa femme , les vents
avoient emporté le préfagc.
On peut joindre aux
éternuëmens des accidents
auffi naturels & auffi ordinaires
, fçavoir les chutes
imprévues , foit des hommes
, foit des chofes inanimées
fur lefquelles on faiGALANT.
71
foit des prognoftics. Un
des plus remarquables fut
celle de Camille , aprés la
prife de Veies ; voyant la
grande quantité de butin
qu'on avoit ramaffé , il pria
les Dieux que fi fa bonne
fortune & celle du peuple
Romain leur paroiffoit exceffive
, de vouloir bien
adoucir la jaloufie qu'elle
pouvoit caufer en leur envoyant
quelque legere dif
grace , s'eftant tourné en
même temps pour faire fon
adoration , il tomba , & l'on
prit la fuite de cet accident
72 MERGURE
comme un prelage de fon
exil & de la prife de Rome ,
qui arrivérent peu de temps
aprés.
La chute de Neron , en
recitant en public ces Vers
de l'Oedipe , ma Femme ,
ma Mere , mon Pere
m'obligent de périr , fur
remarquée comme le fignal
fatal de fa mort . On fit
le même jugement du renverfement
de ftatues de fes
Dieux domestiques qu'on
trouva par terre le premier
jour de Janvier . Ces prefages
qui comprenoient la
chute
GALANT . 73
chute du tonnerre , & d'autres
chofes femblables , s'appeloient
caduca aufpicia.
C'en eftoit un de pareille
nature de heurter le pied
contre le feuil de la porte en
fortant ; de rompre les cordons
de fes fouliers , & de
fe fentir retenu par fa robbe
en voulant fe lever de fon
fiege ; tout cela étoit pris à
mauvais augure . On remarque
quele jour que Tiberius
Gracchus fut tué , il
s'eftoit fort bleffé au pied
au fortir de fa maifon
en forte que fon foulier en
G
74 MERCURE
fut tout entanglanté.
La rencontre de certaines
perfonnes & de certains anımaux
, ne faifoit pas moins
d'impreffion fur les efprits
foibles & fuperftitieux . Un
Ethiopien , un Eunuque , un
Nain , un homme contrefait
qu'ils trouvoient le matin au
fortir de leur maiſon , les
effrayoit & les faifoit rentrer.
Augufte ne pouvoit
diffimuler l'horreur qu'il
avoit pour ces monftres de
nature.
Les animaux qui portoient
bonheur eftoient le lion
GALANT . 73
les fourmis , les abeilles
&c...... Les animaux qui
préfagcoient des malheurs
eltoient les ferpens , les crocodilles
, les renards les
chiens , les chats , les finges ,
les rats , les fouris , belettes ,
& c..... Il y avoit auffi des
noms heureux & malheufeux
, &c..
Pompée le fauvant en
Egypte aprés la Bataille de
Pharfale , vit de loin en
abordant à Paphos dans
l'Ile de Chypre , un grand
édifice dont il demanda le
nom au Pilote ; ayant ap-
Gij
76 MERCURE
pris que fon nom fignifioit
le mauvais Roy , il en détourna
les yeux avec douleur , confterné
d'un fi triste prefage .
Augufte tout au contraire
, en cut un qui le remplit
d'efperance d'une prochaine
victoire , s'ayançant
vers Actium avec fon
Armée , il rencontra -- un
homme nommé Eutychus ,
c'eft à dire heureux , qui
conduifoit un Afne nom
mé Nicon , c'est à dire victorieux
. Aprés le gain de la
Bataille il fit reprefenter l'un
& l'autre en bronze dans le
GALANT. 77
11
C
Temple qu'il fit bâtir fur le
licu où il avoit campé & où
il avoit fait cette heureufa
rencontre.
On peut joindre aux noms
les couleurs qui avoient leurs
fignifications & leurs prefages.
Le blanc eftoit le
fymbole de la joye , de la fclicité
, de l'innocence ; le
noir eftoit unfigne de mort,
de chagrin , de malheur ; la
pourpre eftoit la marque de
l'Empire & de la fouveraiue
Puiffance.
L'obfervation de la lumiere
de lampe n'eftoit pas moins
Giij
78. MERCURE
frivole :on en tiroit des prognoftics,
tant des changemens
de temps que de divers accidents.
C'eftoit un figne de
pluye & de quelque agreable
avanture lors qu'elle étincelloir
, & qu'il fe formoit autour
de la méche des manicres
de champignons ; c'eſt
pourquoy
on mêloit quel
quefois un peu de vin avec
l'huile pour la faire petiller .
Non feulement
les Femmes
& les Amants s'amufoient
à ces badineries
; mais Tibere
même , au rapport
de
Suetone , quoy que d'ailGALANT.
79
C
S
1
feurs il cût peu de Religion ,
hafardoit fans balancer le
combat , lors qu'eftant à la
tefte d'une Armée & travaillant
la nuit dans fa Tente
, la lampe venoit à s'é
teindre tout à coup , ayant
éprouvé , difoit- il , que ce
prefage qui eftoit particulier
pour la Maiſon , luy avoit
toûjours cfté favorable auffi
bien qu'à fes Anceftres.
Il y avoit une espece de
Jeu dont les Amants fe fervaient
pour éprouver s'ils
eftoient aimez de leurs Maî
treffes ; c'eftoit de faire cla80
MERCURE
quer des feuilles dans leurs
mains . Si le fon qu'elles rendoient
eftoit clair & perçant
ils auguroient bien de
leurs amours . Ils eftoient
auffi fort contens lors qu'en
preffant des pepins de pommes
entre leurs doigts , ils
les faifoient fauter jusqu'au
plafond de la chambre.
Le bruit que faifoit le
laurier jetté fur unfoyer facré
eftoit pareillement un
heureux prefage.
Voyons maintenant les
occafions qui exigeoient une
attention particuliere aux
préfages .
GALANT. 81
La mort eltant fi redoutable
à tous les hommes , ils
ne pouvoient pas eftre tranquilles
fur ce qui fembloit
la leur annoncer . Ily avoit
peu de gens qui ne s'imaginaffent
en avoir des preffentimens
; mais celles des Princes
& des hommes illuftres
intereffant tout l'Etat , on
étudioit avec foin tout ce qui
la précedoit , & l'on ne man
quoit pas de découvrir des
fignes funebres qui en paffoient
pour
reurs. Tels qu'eftoient des
Cometes & femblables Pheles
avant- cou
82 MERCURE
nomenes , des Hiboux entendus
dans leurs Appartemens
, l'ouverture fubite de
leurs tombeaux , ou des voix
plaintives qui en fortoient ,
les appellant par leur nom ,
la rencontre imprévuë de
victimes lugubres échapées.
des mains du Sacrificateur
qui les couvroit de fang ,
leurs Palais , leurs Statues , &
autres Monumens Publics
frapez de la foudre ; quelques
difcours faifant mention
de leur mort ou de leur
derniere volonté , ou de leur
fucceffeur . Ainfi Neron faiGALANT
. 83
fant reciter dans le Senat
une Harangue qu'il avoit
faite contre Vindex & les
5
conjurez, qui finiffoit par ces
mots que les fcelerats porteroient
la peine de leurs crimes,
& feroient bien toft une fin
tragique. Les Senateurs voulant
luy applaudir , & l'exciter
à la vengeance
, s'écrierent
, faites Seigneur. Il accomplit
la Prophetic & périt
peu de temps aprés comme
il avoit vêcu.
Le Conful Petilius fut auf
fans y penfer le Prophete
de fon malheur ; exhortant
84 MERCURE
fés Soldats à s'emparer d'une
hauteur dont le nom etoit
équivoque à celuy de la
mort, leur dit qu'il eftoit refolu
à la gagner avanı la fin
du jour. L'évenement confirma
le préfage , ayanteſté
tué à l'attaque de ce Pofte.
Toutes ces efpeces de préfages
dont les uns annonçoient
des chofes agréables
& avantageuſes , les autres
des accidens triftes & funeftes
eftant des fignes qu'on
croyoit envoyez aux hommes
de la part des Dieux
pour les avertir de ce qu'ils
MEERGUR 85.
1
1
JI
devoient efperer ou craindre
, paroiffoient inutiles à
moins qu'ils ne les obfervaffent
& ne s'en fiffent l'ails
ne
plication neceffaire.
C'eft auffi à quoy is
manquoient pas lorfque le
préfage répondoit à leurs
voeux. Ils l'acceptoient fur
le champ avec joye & en
rendoient graces aux Dieux
qu'ils en croyoient les Auteurs
, les fuppliant de vouloir
accomplir ce qu'ils avoient
la bonté de leur promettre
, & pour s'affurer
davantage de leur bonne
86 MERCURE
volonté , ils leur en demandoient
de nouveaux qui
confirmaffent les premiers.
Ils eftoient au defefpoir
lorfque dans le temps qu'il
leur apparoiffoit un figne
favorable , on faifoit quelque
chofe qui en détruifift
le bon - heur , ce qu'on appeloit
vituperare omen.
Au contraire , s'il arrivoir
quelque accident qui
leur fit de la peine , & leur
parût de mauvaiſe augure
ils en rejettoient l'idée avec
horreur , & prioient les
Dieux de détourner le malGALANT
87
J
C
es
heur dont ils eftoient menacez
, ou de les faire reromber
fur la tefte de leurs
ennemis ; mais ils n'eftoient
en droit de le faire que lotf
que le préfage s'eftoit prefenté
à eux , ce qu'on appelloit
omen oblatium , s'ils
l'avoient demandé , il falloit
fe foûmettre avec réfignation
à la volonté divine .
Ceux qui dans le fond
du coeur reconnoiffoient la
vanité de toutes ces obfervations
, ne pouvoient cependant
fe difpenfer de fuivre
l'ufage comme les au88
MERCURE
tres. Tout ce que la prudence
pouvoit leur permettre
eftoit de donner un tour favorable
aux accidens fâ .
cheux qui leur arrivoient
pour empêcher les mauvai-
Les impreffions qu'ils pouvoient
caufer dans l'efprit
de ceux qui en eftoient témoins.
Ainfi Jules Cefar
eftant tombé , en defcendant
du Vaiffeau qui l'avoit
porté en Affrique , où il
alloit faire la guerre au refte
du party de Pompée , & apprehendant
que fa chute
n'allarmât fes Soldats , eût
GALANT. 89
te
P
affez de prefence d'efprit
pour tirer avantage de ce
mauvais augure ; il embraffa
la terre , en difant , je te
tiens , Affrique, La Victoire
qu'il y remporta fit connof
tre que tous ces fignes funeftes
n'eftoient efficaces
que pour ceux qui avoient
la foibleffe de les craindre .
Il y en avoit dont on tâchoit
d'arrefter la malignité
par des remedes auffi ridicules.
Lorfque deux amis
fe promenoient enfemble ,
une pierre qui tomboit entre
deux , un enfant ou un
H
90 MERCURE
chien qui les feparoit , eſtoiɛ
un prognoftic, de la ruptu
re de leur amitié .
Pour empêcher l'effet , ils
marchoient fur la pierre ,
frappoient le chien , ou donnaient
un foufflet à l'enfant.
On
remedioit à peu prés
de la même maniere à la
málédiction pretenduë qu'-
une Belette laiffoit dans un
chemin qu'elle avoit traverfé.
Les Gens fuperftitieux
qui l'avoient apperçu fe
donnoient bien de garde de
paffer les premiers par cet
GALANT. 1
4
endroit qu'ils n'cuflent jetté
au delà trois pierres pour
renvoyer par ce nombre
miftericux fur ce maudit animal
le malheur qu'il leur
annonçoit. C'eft dans cet
te même vuë que l'on attachoit
aux portes des Maifons
, les oifeaux de mauvais
augure que l'on pouvoit
attrapper.
C'eftoit
une coûtume
obfervée à Rome de ne rien
dire que d'agreable le premier
jour de Janvier , de
fe faluer les uns les autres
avec des fouhaits obligeants
Hij
92 MERCURE
de fe faire de petits prefens ,
fur tout de miel & d'autres
douceurs , non feulement
comme des témoignages
d'amitié & de politeffe ; mais
auffi comme d'heureux préfages
qui annonçoient le
bon - heur & la douceur de
la vie dont on joüiroit le
refte de l'année. La pensée
où ils eftoient qu'on la
continueroit comme
1
on
l'avoit commencée , eftoit
caufe que la folemnité de
la fefte qui devoit faire
ceffer toute forte de travail ,
n'empêchoit pas que chaGALANT
. 93
cun ne fic quelque légere
fonction de fon emploi
pour éviter le préjugé hon-
Leux de pareffe & d'oifiveté
& c.......
De peur de faire un extrait
trop long , j'obmet
icy plufieurs détails fçavans
& agréables fur la
3
fuperftition ancienne des
Sacrificateurs , des Magiftrats
& des Generaux
d'Armée ; par exemple.
Le Conful Paulus en
94 MERGURE
rentrant dans fa maiſon au
fortir du Senat où l'on avoit
réfolu la guerre contre Perfée
dernier Roi de Macedoine,
une petite fille qu'il avoit
vint au- devant de luy les
larmes aux yeux ; luy ayant
demandé le fujet de fa trif
teffe , mon pere , dit- elle ,
c'en eft fait de Perfa , c'eftoit
le nom de fa petite chienne
qui venoit de mourir , alors
embraffant tendrement cet
enfant , ma chere fille , luy
dit -il , j'accepte le Préſage ,
&c.
Si les Anciens ont obfervé
GALANT . 95
religieufement les préſages
dans les affaires publiques, ils
n'y ont pas efté moins attachez
dans les particulieres ;*
comme la naiffance des enfans
, les mariages , les voyages
, le lever , les repas , &
la plupart des actions importantes
de leur vie , &c...
Livic eftant groffe de
Tibere , aprés diverfes autres
experiences , fit éclorre
un oeuf dans fa main , il en
fortit un pouffin ayant une
tres - belle crête ; qui fut
enfuite le prognoftique de
l'Empire qui luy eftoit
96 MERCURE
deftiné. Géta vint appor
ter à l'Imperatrice
Julie fa
mere , un oeuf couleur de
" Pourpre , qu'on diſoit eſtre
nouvellement
pondu dans
le Palais . Cette couleur
cftant la livrée de l'Empire ,
fembloit le
promettre au
nouveau Prince ; c'eftoit
auffi l'intention de ceux qui
l'avoient preſenté , & l'Imperatrice
l'avoit accepté
dans ce même fens . Mais
Caracalle encore enfant
ayant pris cet ceuf, & l'ayant
caffé , Julie s'écria , quoy.
qu'en riant , maudit parricide
tu
GALANT . 97
"
tu as tué tonfrere. On prétend
que Severe , qui eftoit prefent
, fort adonné aux Préfages
, fut plus vivement
touché de ces paroles
qu'aucun des affiftans , qui
n'en firent l'application , &
peut eftre le recit que lorf
que Géta cut efté tué par
fon frere.
Mr l'Abbé Simon fait
enfuite le détail des fuis
perftitions anciennes ſur
les Mariages ; on peut
croire que les Amans
paffionnez trouvoient
ar
OV
*
I
98 MERCURE
1
tous les préfages
heureux
, & que les Devins
habiles prédifoient
plus
de malheur
aux époux
que
de bonheur
, afin
que leur
prédictions
fuffent
plus feurement
accomplies
.
Voici quelques maximes
qu'on fuivoit dans les repas,
par exemple de ne point parler
d'incendies , de ne point
laiffer la table vuide ou fans
fel , prendre garde de ne le
point répandre (fuperftition
STREQUE
DE
LYON
ZTIN
e
BIBLIOT
GALANT
qui n'eft pas encore abolic
ne point balayer la table
lorfque quelqu'un des conviez
fe leveroit de table , &
de ne point défervir lorfqu'il
buvoit , de regler le
nombre des Convicz , &
des coups que l'on buvoit
à trois ou à neuf en l'honneur
des Graces & des Mufes
; mais cette regle n'étoit
pas fans exception. Il
eft conftant que les Romains
cftoient fouvent douze
à une même table , mais
ils ne pouvoient y eftre gueres
davantage fans incom-
EQUE
BELAVILL
I ij
100 MERCURE
modité ; c'est c'est peut eftre l'origine
de la fatalité qu'on
attribue encore aujourd'huy
au nombre de 1,3 . &c.....
Je paffe pour abreger
fur les préfages qu'ils
croyoient leur annoncer
la mort , les Commettes,
les Hiboux ..
Enfuite Mr l'Abbé Simon
explique la maniere
dont ils acceptoient
les bons préfages, & celle
dont ils fe fervoient
pour détourner les mauCALANT.
108
vais , & finit en obfervant
que la fuperftition
des préfages ayant ceffé
par l'établiſſement de la
Religion chrétienne , il
refte pourtant encore
parmy le Peuple, des veftiges
de ces obſervations
fuperftitieuses , qui étoient
en ufage dans
l'Antiquité.
I
iij
102 MERCURE
MARIN E.
Avis de Prifes .
De Toulon le premier Decembre
7) 1710.
Le fieur Defdons Capitaine
de Brulot qui avoit armé
en courfe le Vaiffeau la Marie-
Anne , a pris trois Vaiffeaux
, fçavoir , deux Anglois
, chargez de morüe &
de bled , & le troifiéme
Hollandois, venant de Mofcovie
, deftiné pour Livourne
, à l'abordage duquel le
GALANT. 103
St Defdons a efté tué par le
dernier coup de Canon qui
en fut ciré.
Cette prife eft eftimée
250000. livres.
De Calais le S. Decembre
1710.
Le Capitaine Gavelle y a
amené un Batteau Anglois,
nommé le Samuel de Hafting.
Le Capitaine Guillaume
Cardon y a auſſi amené une
Galliotte Hollandoife
de 70
Tonneaux nommée les
>
I iiij
104 MERCURE
trois Amis d'Amfterdam.
De Livourne le 19. Novem
bre 1710.
Le Capitaine Augier
Commandant le Vaiffeau la
Fortune de la mer , a mené
à Livourne un Vaiffeau
Hollandois , nommé la Galere
Sara Maria , cftimée
25000. écus.
Madame la Conneſtable
Doüairiere de Cologne . M.
le Conneftable , M. fon frere
& Mefdames leurs Epou-
Les font prefentement à Ligourne.
GALANT 105
De Calais le 8. Decembre
1710.
Il y a efté amené 3. prifes
, fçavoir , une Barque
Suedoife de so . Tonneaux,
faite par les Capitaines
Marcq Tefte , & Jean Hache.
с
La 2 °. un Dogre de so
Tonneaux pris par les Capitaines
Bachelier & Live.
Et la 3. eft une Galliotte
de 150. Tonneaux pris par
les Capitaines Dunet & autres
Corfaires de ce Port .
106 MERCURE
De Toulon le 2. Decembre
1710.
Le fieur de Pallas écrit
de Cadis qu'il y a conduit
deux prifes ,fçavoir un Vaiſfeau
de la Reine Anne de
30. Canons , dans lequel il
s'eft trouvé environ dix mil
piaftres en or , deux mil piaftres
en marchandiſes , 40 .
bariques de vivres , & que
le corps du Vaiffeau a elté
vendu 2010. piaſtres .
с
Et la 2. un Vaiffeau Anglois
de
70.
Tonneaux .
GALANT. 107

Le fieur Graffon Commandant
le Faucon y a mené
auffi un Vaiffeau Anglois
de 30. Canons chargé de
munitions de guerre , & un
Vaiffeau Venitien , eftimée
25000. piaftres.
De Morlaix le s . Decembre
1710.
Les fieurs de Quernolle &
Cambrugh , Commandants
les Fregates la Couronne &
la Fidelle, y ont mené les prifes
fuivantes .
Le Henry de Briſtol , le
108 MERCURE
lc
Vigilant de Montſara ,
Content de Falmouth , &*
le Hopfvel de Guernezey.
Le fieur de Luzancy
Commandant une Fregate
du même nom , a conduit 4
prifes à l'Ifle de Bas,
De Calais le 8. Decembre
1710.
Des Corfaires de Calais
y ont amené trois prifes
nommées .
La Concorde de Chrif
tiania.
La Tour de Ahum.
L'Efperance de Drames.
GALANT . 109
5
CHANSONS.
De toutes mes Chanfons
, les deux fuivantes
font les feules dont on
m'ait derobé exactement
les airs , comme ils
font imprimez. Il feroit
inutile de les donner icy.
Je joindray feulement
des paroles nouvelles aux
anciennes ; c'eft ainfi
qu'on fait paffer le vin
vieux & ufé , en le rajeuniffant
avec de la Tocane,
110 MERCURE
CHANSON
à boire.
Les Rois d'Egipte & de
Sirie.
Vouloient qu'on embaumât
leurs corps
Pour durer plus longtemps
morts.
Quelle folie.
Avant que de nos corps
noftre amefoit partie
Avec du vin embaumons
noUS ?
GALANT. III
Que ce baume eft doux,
Embaumons nous , embaumons
nous ,
Pour durer plus longtemps
en vie.
NOUVEAU COUPLET.
Raifon ? quand ce vin
nous anime ,
Pourquoi vien tu compter
nos coups.
Tu nous dit moderez,
Vous
Quelle maxime ,
Toujours de la raifonferons
nous la victime
112 MERCURE
Elle feule condamne en
nous ,
Des excésfidoux
Enyvrons nous, enyorons
nous ,
Nous pourons boire aprés
fans crime ,
LES CLOCHES
Ton... tan... ton temps
eft paflé ,
Vieille
coquette ,
Ton tin ton timbre eft
caffé
GALANT . 113
Vieille pendule tu repette,
à cinquante
ans.
Le carillon de la clochette
,
Qui fonnoit l'heure d'amourette
Dans ton
Printemps
Tu
n'avois qu'à tinter
&ta douce fonette attiroitun
Amant ,
Mais à prefent
j
Ton toxin tintant ,
Ne reveille perfonne ,
Dis moi quand fur le
tendre ton ,
K
114 MERCURE
Ta groffe clochefonne ,
Ten tenton ,
Non non non ,
Si l'on ten tent ,
Ce n'est qu'aufon ,
De ton argent comptant.
PARODIE
• nouvelle .
Ton tan ton temps eft
paffe,
Mari fauvage
Ton tin ton timbre eft
caffé ,
GALANT. 115
Tu veux qu'aprés le Mariage,
Aprés deux ans,
Ta femme pour toyfoit
conftante ,
Et pour tout autre indiferente
,
Dansfon Printemps ,
Crois tu que ton couroux
que ton bruitéclatant,
Amant
end!
Elle
l'attend ,
Ton toxin tintant ,
N'éfrayera perfonne,
Kij
116 MERCURE
Dis moy quand fur le
trifte ton ,
Ta große cloche fonne ,
Te plaint-on ,
Non non non ,
De tes tourmens
Dans ma chanfon ,
L'on rira dans cent ans
Les airs des deux Chan
fons ci- deffus , font imprimez
& comnus.
GALANT. 117
RE' PONSES
aux Anonimes.
LARCHE TURPIN.
Lettre de Monfieur N** fur
la Comedie de
REPONSE
Voftre lettre eft pleine
d'efprit , & fi judicicufe
qu'elle feroit plaiſir à
l'Auteur même de la Comedie
que vous critiquez
; mais enfin c'eft
118 MERCURE
toûjours une critique ,
je me fuis déja fait affez
d'ennemis par les piéces
que jay refufé de placer
dans le Mercure , je ne
veut point m'en faire par .
les piéces que j'y placeray
, & avant que d'y
mettre des critiques , je
voudroient qu'elles fuffent
approuvées par les
Auteurs mêmes . Ces critiques
, me direz- vous, fe
ront donc de purs éloges;"
point du tout , & j'atGALANT.
119
tens d'un bon Auteur
tragique une critique févere
de fa Tragedie nou
velle , qu'on verra bientoft
, il m'a promis de
donner ce bon exemple
à ceux qui le voudront
fuivre .
Un Ancien appelle ceux
qui critiquent les ouvra
ges , ton fores , des Barbiers
, la plufpart des Auteurs
craignent le rafoir,
ils crient qu'on les écorche
quand on les rafe de
20 MERCURE
prés , qu'ils apprennent
donc à fe rafer eux - mêmes
, car par foy , ou par
les autres encore faut - il
bien qu'on foit tondu .
LA MUS. E.
Naiffante .
Sans doute il n'y a point
au Parnaffe de Muſe fi
jeune que moy , je n'ay
que douze ans & demy;
mais voftre Mercure m'a
infpiré par avance tout
l'esprit
GALANT. 121
Pefpritquej'auray à tren
te; fi vous continuez
Mercure fera plus de
Poëtes qu'Apollon
, j'ay
commencé à remplir vos
Bout-Rime , je vous prie
de les
achever pour moy.
Voici les quatre premiers.
Vers.
Ma main trop foible en
cor pour ceillir ces
Lauriers
Dont Homerejadis couronna
les Guerriers
Ceüille les fleurs de Pre
L
121 MERCURE
au fon de la Mufetté
Je nefuis point Clio , je
m'appelle
Lifette
R'EPONSE.
Une Mufe naiffante en
l'honneur des Cefars
Arbore & Apollon , les
brillans, Etendars
Liſette peut chanter le
Sceptre & la Houlette
Jamais Mufenefutplus
noblement Folette
Quelle chante l'amour ou
l'intrepidité
GALANT 123
Elle n'a qu'a chorfirpour
l'immortalité
De lafiere Trompette ou
des tendres
ramages
Des fuperbes Palais ou
desfombres Bocages
F. J. G. B.
A bueno Entendor , Po
caspalabras.
REPONSE:
Par ce peu de paroles
j'entends & j'attends de
Vous mille chofes a-
Lij
124 MERCURE
gréables , que votre cas
ractere d'efprit me rend
precieuſes par avance…...
mais je crains que par
reffe nefoit voftre devife ,
vos couplets , fur ce refrain
font bons ; mais le
lujet n'eſt pas propre au
Mercure. à bueno entendor
pocas palabras , vous
qui citez l'Epagnol en
Homme qui le fçait,n'auriez
vous point quelque
nouvelle Eſpagnole à
me donnner , j'atens yôGALANT.
125
tre differtation , & vos
remarques.
L'ANONIME
Folaftre.
En lifant dans vostre
dernier Mercure l'article
des Araignées , je fisune
reflection morale , enfuite
voftre article Burlesque
me mit en humeur de
traveftir burlefqnement
ma reflection ferieuse ,
Doudriez vous la placer
Liij
126 MERCURE
quelque partfous le nom
de Caprice Comique.
REPONSE,
Tres-volontiers, cher Anonime
folaftre , vous ferez
la planche aux autres ,
car je n'euffe jamais oſé
placer dans mon article
burlesque la plaifanterie
d'un bel efprit , de peur
qu'il ne fe crut deshonoré
par le titre de burleſque ;
mais , puifque vous entendez
raillerie , voſtre reGALANT
127
C
flexion morale fur les Araignées
me tiendra lieu
icy d'article burleſque.
CAPRICE
comique.
On ne fçait pas en cè
monde de qui l'on peut
avoir affaire , qui croiroit
que cent mille Araignées
euffent dans le ventre dequoi
faire unhabit d'été à
telleDamequi s'évanouit
Liiij.
128 MERGURE
voyant une Araignée.
Les Araignées n'ont jamais
tapiffé que les galetas
& les chambres des
Filofophes. Elles tapiſſeront
donc quelque jour
les apartemens des Rois.
Ne méprifons plus aucun
Animal en ce monde
. Je le repete , on ne
fçait pas de qui l'on peut
avoir affaire.
Voyant l'utilitéqu'on tire
D'un Infecte de bas aloy ,
Anulle ame vivante , un
Sage ne doit dire
CALANT . 129
1
Je n'aurai pas besoin de
toi.
Mais ce n'eft pas d'aujourd'hui
, que nous a
vons obligation à Arachné
, en apprenant aux
femmes à filer , elle les
detournoit au moins du
vice d'oifiveté ; il est vrai
qu'elle a rendu les hommes
gourmans , en leur
apprenant à prendre des
Poiffons pleins filets.
Le beau fecret que ce
30 MERCURE
fui qu'elle apprit à Vulcain
.
Ce filet & Arachné ,files
à prendre mouche ,
Sevit de modele à Vulcain
,
Pour mailler ce filet d'ai
rain ,
Quiprit Mars & Venus
endormisfurfa couche
A propos d'Araignées ,
on dit qu'Heliogabale avoit
ordonné qu'on ramaſsât
toutes les AraiGALANT.
131
gnées qui eſtoient dans
Rome pour prouver
par
là la grandeur de la Ville,
il ne prouvoit
par là que
la petiteffe de les idées
on pourroit juftifier ce
projet ridicule , en fupofant
qu'il vouloit établir
une Manufacture
de
foye.
;
учы
"
fa
132 MERCURE
BOUTS RIMEZ
DE CE MOIS ,
remplis en Burleſque.
Vous pour qui croiffent
les lauriers
Poëtes , Jambons , &
guerriers
Ecoutez un Berger chanmufette
.
tantfurfa
Les divers fentimens
qu'a pour vousfa lifette .
Un Poëte l'ennuye , elle
craint nos
Cefars
GALANT. 133
Trop ſouvent en amour
ils changent d'Etendars.
Unjambon, de bon vin
fon Bergerfur
l'herbette.
C'eft ce qui charme la
folette,
Lifette afronte un Broc,
quelle intrepidité.
Chez Baccus elle afpire
l'immortalité
Pour elle lesglouglou font
de tendres
ramages.
Qui l'endorment
au frais
dans les fombres
bocages
134 MERCURE
LEMAUVAIS MENAGE.
Bouts - Rimez du Mois
precedent.
Par M' Daubicourt.
Mouton.
Cette Femme eft , dit- on,
paisible Tourterelle,
Etfonjeune Mariparoît
un vray
Ce n'eft rien moins , l'un
eft étourdi Haneton ,
L'autre , vive & legere
autant qu'une
Hirondelle.
GALANT 135
La Femme toujours parle
&parle en Perroquet.
Le Mari qui fouvent a
Siffléla
Linote,
Fait un bruit. C'est un
train , la Servante en
marmote,
Se chamaillant, ils font
abboyer leur roquet,
A leur exemple on voit le
Singe & la Guenuche,
Faire entr'eux chaque
jour des chamaillis
nouveaux .
136 MERCURE
Il vont dans l'ecurie
éfrayent les Chevaux ,
Et font furfur les toits
Sanfonet & Guenuche.
Pendant ce tintamarre à
quoy penfe le Chat ,
Ilfautefur le croc ,fepend
aux Gelinotes,
Puis dans un bacquet
d'eau tombant fur des
Barbotes ,
En pêche une & lagruge,
enfuite il chaffe un Rat.

GALANT 137
On crie aufeu, l'on vient,
pour lors , vache &&
geniffe
Tout eft pillé , dindons
canars , poule, poulet ,
Un Soldat par la quenë
entraînant un Mulet,
Veut le faire aprés luy
marcher en Écreviffe.
Ainfi fur nos Epoux ti-
Beccaffine , rant la
Chacun croit avoir droit
2 de plumer le Pigeon ,
En tel ménage enfin , l'on
M
138 MERGURE
mangeoit l'Efturgeon ,
L'ony mange à prefent à
peine une Sardine.
NOUVELLES.
De Genes le 4
Decembre.
On murmure ici fourdement
fur les affaires de
Catalogne , depuis qu'on
y voit arriver Courrier
fur Courrier , & que les
Officiers Imperiaux
paGALANT.
139
roiflent fort
intriguez
icy , auffi bien qu'à Final.
Ils ont traité dés le
15. du paffé avec plufieurs
Marchands de cette
Ville pour quantité de
bled & d'avoine ; mais
ceux-ci n'ont pas voulu
les fournir fans argent
comptant. Les Commif
faires en furent fort deconcertez
; mais Monfieur
Vander-Meer qui
arriva quelques jours a
prés avec quelques remi
Mij
140 MERCURE
fes , renoua & conclut le
marché. Il leur a donné
des affurances fur la Ban
que d'Amfterdam , ces
grains font deſtinez pour
Barcelone , où il n'y a
point de Magafins de
vivres.
Nous apprenons de
Milan que l'Archiducheffe
preffe fort la Regence
de cette Ville - là ,
de faire fes remiſes ; mais
que les Senateurs n'ont
pas encore travaillé à la
GALANT 141
R
répartition de l'augmen
tation des taxes nouvel
lement établies.
EXTRAIT
1 d'une Lettre de Toulon du
28. Novembre..
Le 24 il parut fur cette
Cofte fix Vaiffeaux de Guerre
Anglois , & le lendemain à la
pointe du jour il parut à la hauseur
de cette Ville pluſieurs autres
Vaiffeaux & Barques qui
tenoient la route de Génes. Ces *
Vaiffeaux avoient eftémaltrai
142 MERCURE
tez la veillepar une rude tem
peſte.
EXTRAIT
d'une Lettre de Bèzançon
du 12. Décembre.
Il est arrivé ici deux Regimens
de Cavalerie , trois
Bataillons de l'Armée d'Alemagne
pour paſſer l'Hiver en
Franche- Comté. Il yafix Ef
cadrons de Cavalerie
, un Regiment
de Dragons , & 9. Bataillons
dans la Savoye.
A
GALANT. 143
SUITE
de Difcours Academi
ques que j'ai promi-
Je dans mon dernier
Mercure.
J'ai diftribué en trois
parties les Difcours de
l'Academie Royale des
Médailles & des Infcrip
tions , & ceux de l'Academie
Royale des
Sciences , qui ont efté
prononcez
à la S. Martin
; j'en ai mis une par144
MERCURE
tie dans le mois paſſé , je
vais vous en donner une
autre dans ce mois - ci
& vous aurez le refte dans
le mois prochain ; c'eſt
ainfi que je ferai filer les
piéces folidesqui me tom
beront entre les mains,
pendant le cours de l'année
, afin qu'il y en ait
toujours quelqu'une dans
chaque mois.
GALANT. 145
REFLEXIONS
fur les Obfervations
du Flux & du Reflux
de la Mer , faites à
Dunkerque , & au
Havre de Grace, avec
quelques Regles pour
determiner dans ces
deux
Ports les
temps
de la
haute &
pleine
Mer.
Les
Obfervations du
Flux & du Reflux de la
Mer eftant d'une grande
N
146 MERCURE
importance pour la feureté
de la navigation
, & pour
choifir les temps les plus
propres pour entrer dans
les Ports de 1Ocean , ou
pour en fortir ; eftant d'ailleurs
avantageux
pour la
Phyfique de connoiſtre ſi
les periodes du Flux & du
Reflux ont quelque liaiſon
avec le mouvement de la
Lune , & fi elles font fufceptibles
de quelques Regles
:Mr le Comte de Ponchartrain
donna ordre aux
Profeffeurs d'Hydrographie
d'obferver pendant
4%
GALANT. 147
quelque temps le Flux & le
Reflux de la Mer.
Mrs Baert & du Bocageen
ont fait des obfervations
pendant plus d'une
année avec toute l'exactitude
poffible , le premier
à Dunkerque , & le ſecond
au Havre de Grace ; ils en
ont dreffé un Journal qu'ils
ont envoyé à l'Académie
des Sciences , qui , par l'examen
qu'elle en a faite , a
trouvé des regles plus exa-
Єtes que celles que l'on
avoit eu jufqu'à prefent
pour déterminer
dans ces
Nij
#48 MERCURE
deux Ports l'heure de la
haute ou pleine Mer , & les
jours des grandes & petites
Marécs.
On fçait déja que la
Mer monte deux fois &
defcend deux fois chaque
jour ; qu'il eft haute Mer
ou pleine Mer lorfque la
Mer ceffe de monter , &
qu'il eft baffe Mer , lorfqu'elle
ceffe de deſcendre .
On appelle les grandes Marées
celles aufquelles la
Mer monte plus haut qu'à
fon ordinaire , & petites
Marées celles aufquelles fa
GALANT. 149
hauteur eft moins confiderable.
On fuppofe auffi communement
qu'au jour des
nouvelles & pleines Lunes ,
la haute ou pleine Mer arrive
dans un mefme Port à
la mefme heure du jour ;
& en divers Ports à diverfes
heures du jour ;
c'eſt ce que nous avons eu
occafion de verifier à Dune
kerque & au Havre de
Grace ; & nous avons trouvé
que le jour des nouvelles
& pleines Lunes , la
pleine Mer arrivoit à Dun-
N iij
150 MERCURE
kerque vers le midy , & au
Havre fur les neuf heures
& demi du matin . Le tems
de la pleine Mer dans ces
deux Ports n'arrive pas
pourtant toutes les nouvelles
& pleines Lunes précisément
à la mefme heure
& minute du jour , mais
il anticipe ou retarde fouvent
de plufieurs minutes
de forte que nous avons
efté obligez d'eftablir un
temps moyen de la pleine
Mer au jour des nouvelles
& pleines Lunes qu'on a
déterminé
à Dunkerque
à
GALANT. 15E
11. heures 54. minutes , &
au Havre à 9. h. 26. m. du
matin.
La variation du temps
des Marées aux jours des
nouvelles & pleines Lunes
paroift dépendre en partie
de la fcituation
& de la
force des Vents , de la difpofition
des coftes & dulit
de la Mer , qui peuvent
contribuer
à accelerer ou
retarder le mouvement
de
la Mer & à l'élever à une
hauteur plus grande que
celle qu'elle avoit naturellement
ou àfaire compri
Niiij
152 , MERCURE
mer fes eaux & les faire
defcendre au deffous de
leur eftat naturel : mais entre
ces cauſes dont il feroit
difficile de donner des regles
exactes , nous attribuons
cet effet , du moins
en partie , à l'heure de la
nouvelle ou pleine Lune
qui peut arriver le matin
ou le foir.
Lorſque la pleine arrive
, par exemple à Dunkerque
vers le midy , alors
l'heure de la pleine Lune
concours avec l'heure de la
haute Mer déterminée cyGALANT.
155

deffus à 1. h. 54. m. &
par conſequent le temps.
moyen de la pleine Mer
ne doit point differer du
temps veritable. Mais lorfque
la pleine Lune arrive
dés le matin , alors la Lune
eft déja en décours fur le
midy , & par confequent ſi
l'on fuppofe que le mouvement
de la Marée a quel
que rapport avec la phaſe
de la Lune , il doit y avoir
ce jour- là un retardement
dans l'heure de la haute
Mer. Au contraire lorfque
la nouvelle Lune arrive fur
154 MERCURE
le foir , la Lune eftoit en
croiffant dans le temps de
la haute Mer , & par con
fequent il doit y avoir par
la mefme caufeune acceleration
dans le tems de la
Marée. En effet cette regle
s'accorde aux obfervations
de forte qu'on les peut concilier
enfemble , & connoiftre
le mouvement de
la haute Mer affez exactement
, car nous avons remarqué
qu'il faut ajoûter
autems moyen eftabli cydeffus
deux minutes pour
chaque heure, que le temps
1
GALANT. 55.
de la nouvelle ou pleine
Lune anticipe le temps
moyen de la pleine Mer ;
& retrancher au contraire
deux minutes pour chaque
heure pour le temps que la
nouvelle ou pleine Mer retarde
à l'égard du temps
moyen de la pleine Mer.
Non feulement la pleine
Mer arrive à la mefme
heure du jour dans les nouvelles
& pleines Lunes
mais nous avons remarqué
que la pleine Mer arrive
auffi le jour des Quadratures
à peu prés à la mefme
a
155 MERCURE
heure avec des variations
prefque femblables : de
forte que nous avons auſſi
cftabli pour le jour des
Quadratures le temps
moyen de la pleine Mer
que nous avons déterminé
à Dunkerque à s. h. 6. m.
du foir , & au Havre de
Grace à 2. h. 40. m . du
foir. Nous avons employé
les mefmes regles que cy→
deffus pour trouver le vray
temps de la pleine Mer aur
jour des Quadratures ayant
égard au temps que l'heure
des Quadratures
antici
GALANT, 157
1
pent ou retardent à l'égard
du temps moyen de la
pleine Lune déterminée
cy-detfus par le jour des
Quadratures,
L'intervale qui eft entre
le temps de la pleine
Mer au jour des nouvelles
& pleines Lunes
temps de la pleine Mer au
Quadratures eft
, & le
jour des
de 5. h. 12. m. à Dunkerque
, & de s . h. 14. m . au
Havre de Grace , c'eſt-adire
environ 5.h. un quart,
d'où l'on croit qu'il y a
dans ces deux Ports une
158 MERCURE
uniformité dans le retardement
des Marées . Mais
ce qu'il y a de plus remarquable
c'est que depuis
les Quadratures juſqu'aux
nouvelles & pleines Lunes,
le retardement de la Marée
d'un jour à l'autre eft plus
grand que depuis les nouvelles
& pleines Lunes jufqu'aux
Quadratures
qui fe fait par une efpece
de progreffion reglée
de forte qu'on a déterminé
le retardement journalier
à mesure qu'elles
s'éloignent des nouvelles

ce
,
GALANT. 159
& pleines Lunes , & des
Quadratures avec autant
d'exactitude
qu'on pouvoit
l'efperer dans une matiere
phyfique fujette à des
irregularitez . Cette progreffion
qui s'eft dernierement
obfervée à Dunker .
que & au Havre de Grace
Le trouve aufli uniforme
que les obfervations faites
en 1679. & 1689. par Mrs
de la Hir & Puard à Breft
& à Bayonne , de forte
qu'il y a apparence qu'il y
a à peu prés la mefme dans
tous les Ports de l'Ocean ,
160 MERCURE
On peut attribuer la rai- -
fon de cette progreffion
à
ce que les Marées eftant
plus petites vers les Quadratures
que vers les pleines
Lunes , la Mer qui augmente
de hauteur d'un jour
à l'autre à mesure qu'on
approche de la nouvelle ou
pleine Lune , employe plus
de temps pour furmonter
la hauteur
du jour precedent
au lieu que depuis la
nouvelle & pleine Lune
jufqu'aux Quadratures , la
Mer eftant comprimée
par
fon propre poids defcend
avec
GALANT . 161
avec plus de viteffe , &
rend par confequent les
intervales entre les Marées
plus grandes.
' Divers Auteurs ont déja
remarqué que
les grandes
Marées n'arrivoient
pas le jour des nouvelles &
pleines Lunes , mais pour
F'ordinaire deux jours aprés
, ce qui eft vérifié par
les obfervations faites à
Dunkerque & au Havre
où nous avons obfervé que
les petites Marées n'arrivoient
pas non plus le jour
des Quadratures , mais
O
162 MERCURE
pour l'ordinaire deux jours
aprés.
Pour ce qui eft des plus
grandes Marées qui arrivent
dans une année , &
que la plufpart fuppofent
eftre celles qui fuivent immcdiatement
les Equinoxes
, & dont on s'eft effor
cé de donner des raifons
nous n'avons rien trouvé
dans la comparaifon de nos
obfervations qui puiffe
conferver cette opinion , &
il paroift affez évident qu'-
elles ne fuivent point cette
regle du moins à DunkerGALANT.
163
que & au Havre de Grace.
Mais nous avons obfervé
que dans les grandes Marées
qui arrivent aprés les
nouvelles & les pleines
Lunes , la Mer monte plus
haut lorfque la Lune eft
dans fon Perigée que lorfqu'elle
eft dans fon Apogée.
On a auffi obfervé
que dans les petites Ma
rées qui font aprés les Quadratures
, la Mer monte
plus haut lorsque la Lune
eft dans fon Perigée que
lorfqu'elle eft dans fon Apogée
,d'où l'on peut con-
O ij
164 MERCURE
jecturer que la hauteur des
Marées dépend du moins
en partie de la diverſe diftance
de la Lune à la Terre.
Sur ces obfervations
, on
a eſtabli des régles pour
trouver dans ces deux Ports
le temps de la pleine Mer
pour tous les jours de l'année
, avec plus de précifion
qu'on n'avoit fait jufques
à prefent , & l'on a dreſſé
dans ce deffein une Table
qui fera inferée dans la
connoiffance
des temps , &
où l'on a marqué le retardement
desMarées de deux
GALANT. 65
heures en deux heures, tant
aprés la nouvelle & pleine
Lune , qu'aprés les Quadratures.
On pourra examiner , fi
les regles qui conviennent
à Dunkerque & au Havre
de Grace , peuvent s'appli
quer aux autres Ports de
FOcean , pourveu qu'on
fcache dans chacun de ces
Ports le temps moyen de
la pleine Mer au jour des
nouvelles & pleines Lunes
& des Quadratures
.
Leu par Mr Caffini le
Fils le 12. Novembre 1710 .
16G MERCURE
Nouvelles
d'Allemagne.
L'Armée de
l'Empire
s'eft
entierement
feparée ;
partie des Troupes
du Cercle
du Haut Rhin font entrées
dans Landau
& Philifbourg
; celles de l'Empereur
vont en Franconie
& en Baviere
. On avoit
parlé d'un détachement
pour le Milanez & de là en
Catalogne , mais il n'y a
encore rien de réfolu.
Mr. le Marefchal de Bezons
a auffi feparé l'Armée
GALANT . 167.
de France qu'il comman
doit ; voicy la Lifte des
Lieux où fes Troupes vont
en Quartier d'hyver..
A WEYSSEMBOURG
& le long des Lignes.
Les Regiments de Lou
ville , Condé, Perry, Rouf
fet , Pizençon , Peyfac
Lachaud , S. Leger , un Bataillon
de Boucher , un de
Labour , Chevron , Mai
fontiers , un de Berry.
A STRASBOURG .
9*
Dauphin , Toulouſe ,
Royal Artillerie 4. Bataillons
, Royal Baviere, deux
168 MERCURE
;
Bataillons d'Enghien , un
de Boucher , les Bombardiers
, Duffy , la Fare tout
Infanterie la Cavalerie
confifte en Vaudemont ,
Dupuy, du Fief, un Eſcadron
de Forfat , & partie
de Bretagne , Dragons.
A HAGUENAU.
Infanterie. Sourches ; un
Bataillon , Daunay , Rohan.
Cavalerie.
Rennepont
& les Houffards.
AU FORT LOUIS.
Infanterie . Blaifois ; un
Bataillon d'Angoumois
Maumont
GALANT. 169
Maumont , Caftelet , Murat
, Chalmazel , Auxerrois
, Turbilly, sharondit
A
SAVERNE.
Orleans , Infanterie , &
un Efcadron d'Harcourt.
A
BOUSSONVILLIERS
Rouvroy , Dragons.
A
PHALSBOURG.
Un Efcadron de Forfat .
A SAARLOUIS.
Froulay , Infanterie ,
S. Blimont , Cavalerie , &
partie de Bretagne.
A MOLSHEIM .
Un Efcadron d'Harcourt,
P
MERCURE
A SCHLESTADT.
Monroques , Tavanes ;
Infanterie , & Royal Ca
valerie. IVA2´A
A COLMAR.
Rouergue , Infanterie.
AU VIEUX BRISACK.
Tallait , Quercy an de
Toulouse , Boiler .
AU NEUF BRISAČK.
Onze Compagnies décachéesant
t
SPA BEFFORT 2
Hocquart , Infanterie,
AROUFFACK
.
La Compagnie Con
neſtable.
GALANT. 4072
A.HUNIN GUE
Brie Orleanois , les
Cuiraffiers Meſtre de
Camp General Dragons.]
AREMBERVILLIERS.
Clermont , Cavalerie.
A
DOLECY
S. Germain Beaupré.
A GRAI.
Chafteau Morant , Cavalerie.
A COLIGNI.
Montrevel , Cavalerie.
EN COMTE,
Six Regiments de Cavalerie
qui font du Luc ,
d'Aubuſſon , Chepy , Paon ,
Pij
172 MERGURE
C
Bouzel , Marfillice .
251 EN SAVOYE.
Du Troncq , Biffy &
Languedoc , Dragons .
8.9411
Mr Roy de qui je
vous ay donné le Mois
paffé une petite Galanterie
intitulé la Joye , a
écrit une Lettre à une
Dame fur ce qu'elle venoit
demeurer
da
le. Voicy la Lettre,
l'Ifnor
GALANT. 173 :
Vous preferez donc, Cliw
meinest
A tous les autres fejours ,
Lefejourque notre Seine
Forme au milieu de fon
cours ?
Vous trouve un lieu
tranquile ,
Dans Paris une autre
Ville.
Brouillards & Vents conjureZ
Contre les voifins de
londe ,
n
Piij
* 74 MERGURE
Frimats & Bile qui
gronde ,
Pour vous feront temperez..
Ce n'est que pour la canaille
Quefont faits les mau
vais temps.
Quelque part qu'uneBel-
Te aille
Elle trouve
le Prin-
Hitoa new temps.
Que cette Ifle va nous
rire !
Amoursfontfort réjouis
T
G
GALANT 175
De voir qu'elle vous, attire
De leurpari jevais vous
dire
Tous leurs droits fur ce
no pagis blocs wi
Dans ce jour d'heureux
prefage
Où Venus fortit. des flots,
Elle eut pour fon appanage
Amatonte avec Paphos
Deux Ifles; c'est peupour
elle
,
P iiij
176 MERCURE
Et fiere autant qu'elle eft
belle,
Dejafur tout l'Univers
Elle a des deffeins couverts.
La voilà dans fon dosomaines
f
Tout change de bien en
mieux.
L'Ennuyfuit devant fes
yeux.
Les femmes fans foin ,
fans peine
Renouvellent d'agrements
GALANT. 177
Les maris malgré leur
chaine
Tredeviennent Amants.
La tendreffe reffufcite ,
Et fi bien , qu'en peu de
temps
L'Ile devient trop petite
Pour tenir fes habitants.
Quefaire ? agrandir une
Ifle
Neftoit pas chofe facile.
Propofer aux Dieux des
Eaux
Que leur lit ils refferraf
Sent
178 MERCURE
Que leurs flots ils reculaffent
,
Inconveniens nouveaux !
Venus avec un Genie
Avifa qu'il conviendroit
Defaire une Colonie
Lefte , & qui s'eftabliroit
Dans le lienqui luxplai
Les
Caravanes s'unif
Modefents
Les deux fexes n'y fourniffent
Que des objets accomplis.
Amours marchent à la
tefte.
GALANT. 179.
L'on voyage. L'on s'arrefte
Enfin , aux murs qu'a
baftis
Lefameux Amant d'He
lene :
Le beau , le tendreParis.
Là s'eleve dans la Seine
Un lieu des flots refpecté,
Et recemment habité.
Que noftre courfe incertaine
Se borne icy , dit l'Amour
Voyezcette Ifle , je conte
180 MERCURE
En faire une autre Amatonte.
Tous admiroient cefejour.
Tous enfort bel ordre entrerent
Les Conducteurs arborerent
L'Etendart bleu de Ve
nus.
Ilsfurent les bien venus į
Famais bons airsn'effuye
rent
De froideur ny de refus.
Nos Eftrangers, parmethode
GALANT. 181
Vont deployer leurs talens.
L'un d'eux invente la
mode
Du deshabille commode ;
L'autre en Falbalas volans
Change les Robes trop
graves,
Et les Corps,dures entra
vese
Où les gorges font efclaves,
En Corcets bien entrouverts,
C
182 MERCURE .
Ils chantoient , faifoient
des Vers.
Les premiers ils ordonnerent
Le culte du Carnaval ,
Etmefme le premier Bal
Ce font eux qui le donne-
2900
rent.
Par fois ils regloient les
moeurs s
Ils gueriffoient
les bu
100
meurs
.
કછે.
Le chagrin , la jalousie ,
Les baillemens , les vapeurs
,
GALANT . 185
-Dont la jeuneffe eft ſai-
Yoe.
·L'ufage de lafierté , 55
Le beau ton , dontonfoupire,
L'air timide concerté
Dont il faut qu'une
Beauté
Ecoute un tendre marty-
пер
-L'art de pleurer & de
Sure ,
L'art deplaire fans rien
dire ,
L'art de tromper un jaloux
,
184 MERCURE
Art qui tout autre furpaſſes
Tous les tours de paffepaſſed
o
Les plus fubtils , les plus
doux 2
Ces maiftres d'humeur
civile
Alloient les montrer en
Ville.
Leurs leçons ont par degrez
Paffé des meres aux fil-
C
Jes
·Et vous en retrouvereZ
La
GALANT. 1894
La trace dans nosfamil
les.
Climeine vous les lire
Sur lefront de mille Belles
,
Dans les feux dans les
Ruelles.
3
Amours l'Hyver , &
l'Efté,
Dans ces lieux faifant
leur ronde
Font prefterà tout le mondes
Serment de fidelité.
286 : MERCURE
Quand quelques belles,
arrivent ,
Sur leur Registre ils l'inf
crivent ,
Et l'Amant quifuitfes
loix.
N'ont-elles point fait de
choix ?
Un tendre Amour leur
annonce
Qu'ilfaut choisir dans le
mois.
Climeine en cas que
leur
voix
Vousfaffe telle femonce ,
Prepare voftre reponfe.
GALANT 187
Suite des Nouvelles
d'Eſpagne depuis le
mois paſſe.
Du Camp de Cafa
Texada le 15. Novemb.
Par Mr de C ***
Nous
fommes tousjours
icy dans la meſme
fituation
à reparer l'Armée
du Roy de tout ce qui luy
manquoit
, & à remonter
la Cavalerie
. Les Ennemis
ont quitté Madrid . Ils marchent
pour paffer le Tage
Q ij
188 MERCURE
au pont d'Aranjuez . Ils feront
fur le chemin de retourner
en Arragon , & en
Catalogne . Leur retraite
eft à prés de cent lieuës .
Nous mettrons quatre mille
Chevaux aprés eux , pendant
que le reste de l'Armée
les fuivra . Par des Lettres
que nous avons interceptées
de l'Archiduc
d'hier , il fe plaint à l'Archiducheffe
de l'opiniaſtreté
de Mr de Staremberg
d'avoir voulu venir à Madrid
, & d'eftre refté fi
long dans ce pays. long- temps
GALANT. 189
9
Il luy avoue qu'ils font
dans la plus mauvaife fituation
du monde &
beaucoup plus mal que
quand ils eftoient affiegez
dans Barcelone ; que l'Efpagne
a prefentement un
bon General en la perfonne
de Mr le Duc de Vendofme
.
Lettre de Vittoria le 16.
Novembre.
Il est arrivé aprés midy
un Garde du Roy , de la Compagnie
d'Offone , qui avoit
190 MERGURE
1
efté envoyé pour fçavoir ce
qui fe paffoit à Madrid. Il
en eft party le 12. & a rapporté
que
le 11. les Ennemis
avoient entierement retiré toutes
les Troupes qu'ilsy avoient
aprés avoir enlevé tout ce qui
pouvoitfervir à leurfubfiſtance
, & pillé quelques Maifons.
Celles de Mr le Marquis
de Sant-Iago , de Mrs de
Mejorada & de Campo
Florido , font du nombre . Ils
ont ordonné à tous les Confeils
ou Prefidios que l'Archiduc
avoit establis , defuivre l'Armée.
ر
GALANT . 191
Mr Ducaffe a écrit a
Mr le C, de Lionne que la
Reine avoit efté informée
dés le s . que les Ennemis,
devoient fe mettre en marche
le 1o . qu'il feroit édifié
toute fa vie de la fidelité
des Eſpagnols dont il avoit
eu des témoignages dans
une grande eftenduë de
pays qu'il avoit traversée
pour fe rendre à l'Armée
de Sa Majesté Catholique .
Les Ennemis avoient
furpris les Villes de Ciudad
Rodrigo & d'Almagro
dans la Manche , d'où
192 MERCURE
ils tiroient des vivres & des
fourages ; mais Mr de Figueroa
, à la tefte de la Nobleffe
& des Peuples d'Andaloufie
, les en chafferent
peu de temps aprés qu'ils
s'en furent emparez , & envoyerent
à Sa Majesté Catholique
le Corregidor
d'Almagro , lié fur un Afne
, pour lepunir de fa rebellion
. Les détachements
que les Ennemis avoient
dans ces deux Poftes , furent
faits prifonniers . Leur
Armée commença alors à
manquer de vivres & de
fourages ,
GALANT . 195
fourages , le Roy d'Eſpagne
ayant envoyé plufieurs
corps de Cavalerie pour
occuper les paffages.
Le Comte de Staremberg
avoit dés le 6. fait partir
un grand nombre de
chariots pour conduire
Daroca les malades qui eftoient
à Madrid.
Les vivres eftoient fort
chers dans cette capitale ,
mais les habitans loin d'en
eftre affligez , fe réjoüiffoient
par avance du retour
de leur Roy legitime,
perfuadez que l'abondance
R
194 MERCURE
yf
feroit auffi toft reftablie.
On ne peut trop loüer
la fermeté avec laquelle ils
avoient refusé non feulement
de donner leurs armes
à l'Archiduc ; mais
auffi
de les vendre.Ce
Prince
n'avoit
pas
jugé
à pro- pos
de
les
y contraindre
dans l'apprehenfion que cela
ne caufaft quelque tumulte
dont les fuites luy
auroient fans doute efté
defavantageuses . Il n'avoit
non plus ofé donner des
ordres pour réprimer la
liberté que les habitans
GALANT . 195
prenoient de témoigner
l'averfion qu'ils avoient
pour luy par leurs difcours
& par leurs actions , & qui
alloit jufqu'au point que
les Marchands tenoient
leurs boutiques fermées.
Dés que les Ennemis furent
fortis de Madrid , le
Peuple nonobftant la grande
cherté des vivres , voulut
donner des marques
publiques de fa joye; mais
Mr de Sanguinetto qui en
eft Corregidor ; que le
Roy d'Eſpagne y avoit
laiffé , & qui n'en a point
Rij
196 MERCURE
fait la fonction pendant le
fejour que les Ennemis y
ont fait , les obligea à differer
leurs réjoüiffances
jufqu'à ce que les Ennemis
fuffent éloignez.
Le lendemain de leur
départ , Don Feliciano de
Bracamonte , que Sa Ma:
jefteCatholique avoit char
ge d'y conduire un grand
convoy de grains , & de
toutes fortes de provifions,
arriva prés du Pont appellé
de Ségovie , où les Députez
de la Ville allerent au devant
de luy. On ne doit
GALANT. 197
point eftre furpris de
cette diligence ; on eftoit
bien informé du jour que
les Ennemis devoient fortir
de cette capitale , & le
Roy avoit donné tous les
ordres neceffaires pour amaffer
toutes ces provifions
, & pour les tenir à
portée de les y faire entrer
auffi - toft aprés leur départ,
afin d'y reftablir l'abondance.
En effet , le pain qui
valoit douze fols avant
l'arrivée de ce convoy , ne
fe vendit plus le lendemain
qu'il fut entré que depuis
R iij
198 MERCURE
deux à trois fols . On n'entendit
aprés cela dans toutes
les rues que des cris
de Vivat Félipo Quinto ; on
fonna toutes les Cloches ;
ce n'eftoient dans toutes les
ruës que feux de joye & illuminations,
avec un grand
nombre de Portraits de Sa
Majefté Catholique.
Du Quartier Royal de
Cafa Texada le 22.
Novembre.
Les Troupes Ennemies
occupent encore Tolede San
DE
LA
UITIN
THEQUE
GALANT 98
Chinchon Pozuelo ,
quelques autres Lieux des en
virons. Leurs Generaux ont
ordoné aux habitans de me
ner à Tolede quatre - vingt
Chariots chargez de Fafcines .
On ne doute point que ce ne
foit pour couvrir le deffein
qu'ils ont defe retirer. Noſtre
Cavalerie qui eftoit cantonnée
dans plufieurs Villages aux
environs de celuy - cy , marcha
ily a quatre jours pour aller
dans le voisinage de Talavera
de la Reyna. Le 19. le Royfit
la revue de buit Bataillons de
fes deux Regiments des Gar-
R iiij
200 MERCURE
des Espagnoles & Walones.
Le 20. Sa Majestépaſſa auſſ
· en revûë 21. autres Batail-
#5
lons qui estoient campez prés
d'Almaraz , hier toutes
ces Troupes partirent pour ſe
rendre en quatre jours à Talavera.
Demain le Roy doit par
tir d'icy pour aller coucher à
Cafalda , & le lendemain à
Talavera où il trouvera toute
fon Infanterie campée.
Sa Majesté vient d'avoir
avis certain
que
les Ennemis
ont fait paffer toute leur Armée
du cofté de Chinchon , &
rompre le Pont de Zamora
GALANT. 201
·pour affurer leur retraite ; que
le Comte de Staremberg
, pour
fe decharger de l'Archiduc
dans une conjoncture fi delicate
l'avoit envoyé devant
fous une escorte de mille Chevaux
pour ſe rendre en dili-
د
gence à Pastrana . Ainfi on ne
doute plus de la retraite des
Ennemis en Catalogne.
Extrait d'une Lettre de
Vittoria du 23.
Les Ennemis ont enfin
abandonné Madridfans avoir
ofé faire de pillage general.
202 MERCURE
Ils ont neanmoins emmené
unegrande quantité de vivres
qu'ils avoient ramaffez, &ſe
fontfaifis de tous les Chevaux
autres beftes.de charge, apparemment
pour emporter les
effets qu'ils ont enlevez dans
les Lieux des environs qu'ils
ont entierement faccagez fans
avoir épargné les Eglifes où
ils ont commis de grands facrileges.
GALANT. 203)
Extrait d'une Lettre du
Camp de Cafa Texada
du 19. Novembre.
L'Armée du Roy qui a
des vivres
pour
plufieurs
mois
eft en marche
. Plusieurs
detachements
de Cavalerie
fe font
avancez
pour
incommoder
les
Ennemis
dans leur marche
. Le
refte de la Cavalerie
eft arrivé
à Talavera
de la Reyna
& le Roy marche
à la tefte de
l'Infanterie
, & d'une
partie
de fes Gardes
du Carps
. Tous
les Soldats
font
habillez
de
104 MERCURE
neuf, &font remplis de bonne
volonté.
Des Lettres de Barcelone
, venuës par Marſeille
portent qu'on avoit efté
plus de trois Semaines fans
avoir de nouvelles de l'Archiduc
, le Gouverneur de
Lerida ayant enlevé huit
Couriers de fuite. Toutes
les Lettres qu'on leur a
trouvées marquoient le
mauvais eftat de fes affaires
, & l'impoffibilité qu'il
y avoit de ſe maintenir en
Efpagne , s'il ne recevoit
promptement un puiſſant
Lecours.
GALANT . 205
A
Vittoria le 27.
Novembre
.
C'est tout de bon que les
Ennemis fe retirent : on a fçû
bier au foir qu'ils ont paffé le
Xarama dont ils ont fait rompre
les Ponts. L'Archiduc
a
pris les devants avec mille chevaux.
Il coucha le 21. à Pa-
Strana , & il s'en va à
des journées. Le Roy d'Espa
gne a paffé à Talavera de la
Reyna , & s'eft mefme avancé
plus en deçà en remontant le
long du Tage. On a envoyé
gran206
MERCURE
plufieurs détachements_aprés
l'Armée ennemie pour l'embaraffer
dans fa marche. Je ne
doute point que par l'ordinaire
prochain je ne vous mande le
jourde noftre depart pour Madrid
: les chemins font pourtant
bien mauvais , mais la
Reine fe déplaiftfort icy.
GALANT. 207
BOUTS RIMEZ
DU MOIS DERNIER .
Par Mr de B.
Point d'Epouse duft-elle
eftre
une..Tourterelle
Loin du bruit fans Procevoirpaiftre
le Mouton
Verdir les Bois, les Pre
voler
le . . Haneton
208 MERCURE
C'eft jour du Printemps
quamennel
Hirondelle .
Laiffer parler le monde
ainfi
qu'un .. Peroquet
Ne s'enyorerjamais en
fiflant
la Linotte
N'entendre criailler ny
marmot
• ny . Marmote
Car j'aime mieux entendre
aboyer
un
Roquet
Et
GALANT. 209
Et voir à claquedents
grimacer
la .. Guenuche
Dans une baffe cournourrirVackes
Veaux
Avoir à l'Ecurie un ou
deux
bons . Chevaux
Faire au coin de fon feu
caqueter
Ja ..
Peruche
Sauterfon Ecureuil, fon
petit Chien ,
Son
S
}
Chat
210 MERCURE
Au bout defonfufil trouvers
des Gelinotes
S'amufer en refuant à
pescher
des ... Barbotes
N'entreprendrepoint trop
de peur de prendre
un Rat
Ne pas vouloir tirer du
Lait
a ·
[ d'une
Geniffe
Donner
àfon amy
de bon
coeur
Son
Poulet
GALANT . 211
Mais n'avoir point d'amis
tétus comme
un Mulet
Dont la raiſon tousjours
va comme
une Ecreviffe
C'eft vivre plus heureux
en mangeant
fon Pigeon
Qu'un grand Seigneur
qui mange
Ortolans , Becaffine
Et croit mourir de faim
s'il ne
voit ..
Eſturgeon
Sij
212 MERCURE
Vive , Sole , Saumon
Turbot , Truite
5. Sardine. •
GALANT. 213
PAR
MR DE MESSANGE.
SUR ME L. D. D. B.
en habit de Chaffe.
Quand la brillante
Adelaide ,
Surlefier Courfierqu'elle
guide ,
Semble voler dans ce va
Lon
Eft-ce Diane , eft-ce Apollon.
214 MERGURE
Ah! je devine le myste
re ,
La Soeur a pris l'habit
du Frere ,
Ou le Frere à la Soeur a
derobé ces yeux'
Qui font les delices des
Dieux.
Un Cerffuyant pour l'é
viter ,
Semble
d'un
Dieu
crain
dre
l'adreffe
Un
Chevreuil paroift
s'arreter
GALANT. 215
Pour contempler une
Déeffe.
Enfin dans fon Palais la
voilà de retour,
Je la vois changer de parure
,
Ce n'est plus Apollon ,
déja le Dieu du jour
Luy laiffantfes rayons
a repris fa coeffure.
ACRA
116 MERCURE
Avanture nouvelle .
Cette Avanture eft du
mois de Novembre dernier
, & tirée des Informations
d'un Procez
fi
qu'on inftruit à prefent;
je n'y mets rien du mien
que le tour des converfations
: je vous les rapporterois
mot à mot ,
j'y avois efté preſent
& que j'euffe de la memoire
, tant j'aime à eſtre
exact dans les faits
,
que
GALANT. 217.
que je donne pour veritables.
Les Bohemiennes.
Vous avez vu dans
le Difcours des Prefages
que plufieurs grands
Hommes de l'Antiquité
ajouftoient foy aux Difeurs
de bonne Avanture
Grecs & Romains ;
tel grand Capitaine qui
affronte avec intrepidité
des perils réels , craindroit
peut-eftre les pe-
T
218 MERCURE
rils imaginaires qu'une
Bohemienne
verroit
dans fa main , && par
confequentefpereroit
elle
les bonnes fortunes qu'-
le luy promettroit :
pardonnez - donc cette
foibleffe à une femme
dont je vais vous parler ,
qui a un bon efprit , &
qui eft tres - eftimable
d'ailleurs . C'eft une riche
Bourgeoife que je
nommeray Belife , &
qui eft d'autant plus exGALANT.
13
une
219
cufable
que la
fourberie
qu'on
luy a faite eta
des
moins
groffieres en
ce genre-là . La Bohemienne
qui l'a
filoutée
& qui eft
prefentement
au
Chaſtelet , a de l'efprit
comme un
Demon ,
la
langue bien
penduë ,
le babil , & l'accent
Bohemien
tenant
du Gaf
con ,
langage
propre à
raconter
le merveilleux
,

$
& à faire croire l'incroyable.
Tij
220 MERCURE
Cette Bohemienne
fcachant que Beliſe alloit
fouvent chez une
amie , la guette un jour ,
& paffe comme par hazard
auprés d'elle , la
regarde à plufieurs repriſes
, s'arrefte , recule
trois & fait un cri
pas ,
d'eftonnement , & de
joye . Eft-ce que vous me
connoiffez , luy dit Belife
, en s'arreſtant auffi ;
fi je vous connois , répond
la Bohemienne ,
GALANT . 221
dans ſon jargon : oüy
ma bonne Dame , oùy
& non , peut- eftre &
fans doute , je vous connois
, & fije ne vous connois
pas ; mais je fuis
fure que vous ferez heureufe
de me connoiftre .
Je vois bien , luy dit Belife
avec bonté , que
yous avez envie de gagner
la piece , en me difant
ma bonne Avanture
; je n'y crois point ,
mais ne laiſſez pas de me
T´iij
222 MERCURE
la dire. Belife la fit entrer
avec elle chez fon
amie , & les voilà toutes
trois à caufer. Belife luy
prefenta fa main , & la
Bohemienne, en l'obfervant
, feignoit d'eftre de
plus en plus ſurpriſe &
rejouie d'avoir rencontré
, difoit-elle , une perfonne
qu'elle cherchoir
depuis plufieurs années .
Elle devina par les re
gles de fon Art, plufieurs
fingularitez dont elle s'e
GALANT 2232
ſtoit fait inſtruire par
une Servante qui avoit
fervi Belife : mais ce
qu'elle voyoit de plus
feur dans cette main
A
c'eſtoit , diſoit-elle , une
fortune fubite & prochaine
; une fortune ;
s'écria Belife ; ouy , répondit
la Bohemienne ,
& fortune bonne, bonne
fortune , fortune de richeffe
s'entend
, & non
d'amour
, car je vois
dans voſtre main que
T
iiij
224 MERCURE
vous eftes fage & fidele
à voftre mary qui pis
eft pour vos amants ,
certes je vois bien des
mains à Paris , mais j'en
vois peu comme la vo
ftre.
Par les circonstances
a
furprenantes qu'elle paroiffoit
deviner , elle dif
pofa Belife à donner avec
confiance dans le
piege qu'elle luy tendoit.
Aprés avoir perfuadé
à nos
Bourgeoifes
GALANT. $225
qu'elle avoit des liaiſons
tres + particulieres
(avec
les Demons & les Ge
nies , elle leur conta l'hiftoire
d'une Princeffe
Orientale qui étoit venu
mourir à Paris il y avoit
cent ans , & leur dit que
cette Princeffe eftrangereavoit
enterré un trefor
dans une Cave , & qu'²-
enfuite voulant faire fon
heritiere une certaine
Bourgeoife de ce tempslà
qu'elle avoit pris en
226 MERCURE
affection , elle avoit efté
furpriſe de mort fubite
avant que d'avoir pû inftruire
la Bourgeoiſe du
trèfor caché ; c'est ce que
je fçais par la Princeffe
mefme , continua laBohemienne
: car
quoyque
morte
il y a cent ans .
elle eft fort de mes a
mies, & voicy comment
.
Vous devez fçavoir , car
il eft vray que nulle perfonne
de l'autre
monde
ne peut parler ànulle de
GALANT 227
or
celuy-cy que par l'entremife
des Genies
eft-il que le mien eft amy
de celuy de la Princeffe ;
bref, je l'ay vûë tant de
fois que rien plus : &
je me fuis chargé de
luy chercher dans Paris
quelque femme qui ſoit
de la famille de la défunte
Bourgeoife
, que
la défunte Princeſſe vou
loitfaire fon heritiere du
trefor caché , & je fuis
bien trompé fi vous n'e228
MERCURE
ftes une de ces parentes
que je cherche avec empreffement
.
A ce recit
extravagant
l'amie rioit de tout fon
coeur , mais Belife ne
rioit que pour faire l'efprit
fort , car le defir d'eftre
heritiere augmentoit
fa credulité . Il faut
eftre folle, dit-elle , pour
s'aller imaginer
que je
fois parente de cette he
ritiere ; pas fi folle ma
bonne Dame, pas fi folle,
CALANT . 229
a
car je le voudrois de tout
mon coeur , & je l'ay
foupçonné d'abord à
certain airde famille qui
m'a frappé dans voftre
viſage , car la Princeffe
m'a fait voir en fonge
l'air de famille de l'heritiere
afin que je reconnoifle
à la phifionomic
quelqu'une de fes parentes.
Mais , reprit Belife
, comment fçavoir fi
je fuis parente de cette
heritiere qui vivoit il y
230 6
MERCURE
a cent ans. Oh dans Paris
, reprit la Bohemienne,
on eft parent de plus
de gens qu'on ne penfe ,
car depuis le tems qu'on
s'y marie , & qu'on ne
s'y marie point , imaginez-
vous combien d'alliances
; toutes les Bourgeoifes
de Paris font
coufines , vous dis-je , il
n'y a que la difference
du degré , & fi vous ef
tes coufine de l'heritiere
feulement au ſeptantiéGALANT.
231
me degré , j'ay tant de
credit fur la Princeffe
que je vous fais heriter
de fon trefor. Ca je
fuis impatiente
d'affection
pour vous de fçavoir
fi vous vous
eftes
vrayement
la parente qu'il me
faut. Je vais l'éprouver
en un clein d'oeüil . Mais
fij eftois auffi parente ,
dit l'amie ; la Bohemienne
n'y trouva point
d'apparence , mais fut
ravie pourtant de faire
232 MERCURE
l'épreuve double pour
mieux jouer fon jeu . A
linftant elle demanda
deux grands verres de
criſtal qu on alla chercher
& remplir d'eau
1
claire. Elle les mit fur
deux tables éloignées
l'une de l'autre , & dit
aux Bourgeoifes de fermer
un oeil & de re- ;
garder attentivement avec
l'autre . Les voilà
donc obfervantchacune
leur verre d eau. Regar
dez -bien ,
GALANT 233
dez -bien , leur crioit la
fauffe Magicienne , car
celle qui eft parente de
l'heritiere , doit voir
dans fon verre un échantillon
du trefor dont elle
doit heriter , & l'autre y
verra le Diable , c eft-àdire
, rien . Il faut vous
dire icy que la Bohe
mienne avoit mis dans
chaque verre une petite
racine , leur diſant que
c eftoit la racine d'enchantement
, qui atti-
V
234 MERCURE
roit les Genies , & l'une
de ces racines eftoit ap
preftée avec une compo
fition chimique qui détrempée
par l'eau devoit
par une espece de fermentation
, former des
bubes d'air & force petits
brillants de differen
tes couleurs avec de pet
tites pailletes dorées ,
çen eft plus qu'il ne
faut pour faire voir
une femme prévenuë ç
tout ce que fon imaGALANT
235
gination luy repreſente.
Beliſe eſtoit ſi agitée
par le defir du ftrefor
, & par la crainte de
ne rien voir , que la premiere
petite bube d'air
qui parut dans le verre ,
elle cria qu'elle voyoit
quantité de perles . Nofire
rusée acheva de luy
tourner la tefte en ſe ré
joüiffant
d'avoir deviné
jufte. Vous en allez bien
voir d'autres s'écriat-
elle 5 regardez bien . En
V ij
236 MERCURE
effet la fermentation
augmente , & chaque
fois qu'on luy dit, voyezvous
cecy , voyez-vous
cela , Belife répond toûjours
, ouy , buy car
tranfportée , éblouie ,
troublée , elle vit enfin
tant debelles chofes, que
charmée & convaincue,
elle alla fauter au col de
celle qui la faifoit fi riche.
*
L'autre Bourgeoife ef
toit muette & bien faf
GALANT. 237
chée de n'avoir vû que
de l'eau claire : mais Be
life croyant déja tenir
des millions , luy pro
mit de l'enrichir & de
recompenfer
fa bienfaictrice
qui luy jura , foy
de Bohemienne
, qu'elle
poffederoit
ce trefor dans
deux jours , mais qu'il y
avoit pourtant de grandes
difficultez à vaincre
car , dit-elle , le Diable
qui eft gardien de tous
les trefors enterrez , en
238 MERCURE
doit prendre poffeffion
au bout de cent années
c'eſt la regle des trefors
cachez , mais par bonheur
il n'y a que quatrevingts
dix-huit ans que
la Princeffe a enterré le
fien , je crains pourtant
que le Diable ne nous
difpute la date , enragé
contre vous de ce qu'à
deux ans prés vous luy
4
enlevez des richeſſes qui
luy auroient fervià damner
trente avaricieux
GALANT 239
1
mais voyons encore voftre
main , je me trompe
fort fi ce inefine Diable
lu- là ne vous au déja
tiné. Juftement , dit Belifep
, car cet Efté à la
campagne
il revenoitun
efprit dans ma chambre.
Il faut eftre Sorciere
pour avoir deviné cela.
La Sorciere fçavoit , en
effet , que la Servante
s'ennuyant de ne point
voir fon Amant , s eftoit
avisée de lutiner la nuit
240 MERCURE
fa Maiftreffe pour l'obliger
à revenir à Paris.
C'a menez-moy chez
yous , dit la Bohemienne
, en regardant l'eau
du verre
car je remarque
icy que ce trefor eft
dans la cave de la maifon
mefme
où vous demeurez
, & je vois qu'il
confifte en deux caiffes
dont l'une eft pleine de
vieux Ducats , & l'autre.
de Pierreries.
Belife ravie de fçavoir
GALANT. 241
voir déja fa fucceffion
dans fa cave , emmena
chez elle fon amie & la
Bohemienne , qui l'avertit
, chemin faiſant , que
pour adoucir la ferocité
de l'efprit malin , elle
alloit faire des
conjurations
, des
fumigations ,
& qu'il falloit
amorcer
d'abord le Diable par
une petite effufion d'or.
Avez-vous de l'or chez
yous , continua-t-elle ;
j'ay cinq Louis d'or , re
X
242 MERCURE
pondit Belife ; fort bien,.
reprit l'autre : mais je ne
veux toucher de vous
ni or ny argent que je
n'en aye rempli vos coffres
. Vous mettrez vousmefme
l'or dans le creufet
au fond de la cave ,
& vous le verrez fondre
à vos yeux par un
feu infernal qui fortira
des entrailles de la terre
en vertu de certaine paroles
ignées que je prononceray.
Je veux que
GALANT. 243
yous foyez témoin de
ces merveilles qui vous
prouverons mon pouvoir
& le droit quevous
avez déja ſur la fucceffion.
Avec de pareils dif
cours ils arriverent enfin
chez Belife , où le
refte de la fourberie eftoit
preparée , comme
vous l'allez voir . Les caves
en queſtion eſtoient
comme on en voit encore
à Paris , pratiquées
X ij
244 MERCURE
dans des fouterrains antiques
, en forte qu'elles
n'eftoient feparées de
plufieurs autres caves
que par un vieux mur ;
caves fort propres à exercer
l'art dés Magiciens
, & des Marchands
de Vin. L'ancienne
Servante , au tems
qu'elle apparuten Lutin
à la Maiftreffe, avoit fait
dans ce vieux mur une
petite ouverture à l'occafion
de fes amours ;
GALANT. 245
elle difpofoit d'une de
ces caves voifines . C'eft
par fon moyen que nôtre
Magicienne avoit composé
un fpectre reffemblant
à peu prés à celuy
quieftoit apparu à Belife
fa campagne. Elle joi
gnit à cela un appareil
affreux dont vous verrez
l'effet dans un moment.
Belife arrivée chez el-
રે
le , alla prendre dans ſon
tiroir les cinq Louis d'or
pour faire fondre au feu
X iij
246 MERCURE -
infernal. On la conduit
dans fes caves ; un frif
fon la prend en entrant
dans la premiere. Il y en
avoit encore une autre à
traverfer quand elle vit
au fond de la troifiéme
une lueur qui luy fit
appercevoir ce fpectre
de fa connoiffance , qui
fembloit fortir de terre .
Elle ne fit qu'un cri qui
fut fuivi d'un évanouif
fement. Auffi-toft la Magicienne
& ſa compaGALANT
247
gne la reporterent
dans
la chambre
, & dés qu'on
l'euft
fait revenir
à elle
, fon premier
mouvement
fut d'eftre
charmée
d'avoir
vû ce qui
1
l'affuroit de la realité du
trefor. Elle donna les
Louis d'or pour aller
achever la ceremonie.
dans la cave , & quelque
temps aprés on luy vint
rendre compte du bon
effet de l'or fondu , car
le demon du trefor avoit
X iiij.
248 MERCURE
promis de fe trouver la
nuit fuivante au rendezvous
qu'on luy avoit
donné de la part de la
Princeffe , pour convenir
à l'amiable du droit
de celle qui en devoit
heriter. C'eft ainfi que la
Bohemienne gagnacent
francs pour fa premiere
journée , & laila l'heritiere
fort impatiente du
fuccés
qu'auroit pour
elle la conference nocturne
du Demon & de la
Princeffe .
GALANT . 249
Le lendemain la Bohemienne
encurée vint
trouver Belife , & fergnant
d'eftre tranfportée
de joye luy dit , en
l'embraffant que la Princeffe
s'eftoit rendue chez
elle dans une petite
chambre qu'elle luy avoit
fait tapiffer de blanc,
& que le Diable y eftoit
venu malgré luy. Je l'ay
bien contraint d'y venir,
continua- t-elle dans fon
jargon , je leur comman
250 MERCURE
de à baguette à ces petits
Meffieurs-là ; au refte
j'ay dit tant de perfe-
Єtions de vous à la Princeffe
, qu'elle vous aime
comme fon propre enfant.
Elle vous fait fa
legataire univerfelle. Le
Diable alleguoit que les
cent ans eftoient accomplis
, il vouloit eſcamoter
parun faux calcul les
deux ans qui luy manquent.
Il a bien difputé
fon droit contre nous :
GALANT . 251
mais tout Diable qu'il
eft , il faut qu'il nous
cede en diſpute à nous
autres femmes , & nous
l'avons fait convenir
qu'en luy donnant
ſa
paragouante
, il renonceroit
à la fucceffion
,
& cette paragouante
ce
ne fera que mille écus
encore
voulions
- nous
qu'il les prit fur l'argent
du trefor : mais il s'eft
mis en fureur difant
qu'on vouloit le tromf
252 MERCURE
per , & il a raifon , car
dés qu'un trefor eft deterré
, il n'y a plus de
droit ; bref , nous luy avons
promis les mille écus
d'avance ; il faut
que
vous les trouviez aujourd'huy.
Belife écou
toit avec plaifir les bontez
de la Princeffe , mais
les mil écus luy tenoient
au coeur ; elle y révoit.
Je ne veux point toucher
cet argent
continua
la rusée ; vous le

GALANT.
253
donnerez au Diable en
main propre. Il eſt enragé
contre vous, car vous
eftes fi vertueuse , il voit
de plus que vous l'allez
desheriter , s'il vous tenoit
, il vous dechireroit
à belles dents ; il faut
pourtant que vous luy
donniez vous- mefine les
mille écus, Ah ! s'écria
a
Belife , jene veux plus le
voir ; voyez-le ,
voyezle
, continua
l'autre , en
faiſant un peu la faſchée ,
254 MERCURE
vous croyez peut- eſtre
que je veux gagner avec ·
luy fur ces mille écus-là,
c'eft fon dernier mot ,
voyez-le vous - meſme.
Belife luy protefta qu'el
le avoit toute confiance :
en elle , mais qu'il luy
eftoit impoffible de trouver
mille écus, & qu'elle
auroit mefme de lapeine
à mettre enſemble cinq
cent livres , à quoy
Bohemienne repartit
.
aprés avoir revé un mola
$
GALANT. 2:55
ment ; hé bien vous me
ferez voftre billet du refte
, & je feray le mien
au Diable , & cela je
vous le propoſe fous ſon
bon plaifir s'entend , car
il faut que j'aille luy
faire cette nouvelle propofition.
Aprés ce dif
cours elle quitta Beliſe
qui paffa le reste du jour
à ramaffer cinq cent livres
dans la bourſe de
fes amies.
Le lendemain la Bo258
MERCURE
hemienne revint luy annoncer
que le jour fuivant
elle la mettroit en
poffeffion , & que le
marché fe pourroit conclure
la nuit prochaine
dans la cave où le Diable
gardoit le trefor ;
que la Princeffe
devoit
s'y trouver fur le minuit
, & qu'elle vouloit
abfolument que l'heritiere
fut prefente : mais ,
continua - t - elle , en
voyant déja pâlir Belife,
ne
GALANT 2577.
11
ne craignez rien , vous
y ferez & vous n'y ferez
pas , car ce fera mon Genie
qui prendra voſtre
reffemblance
, & qui paroiſtra
à voſtre place avec
quatre Genies de fes
amis habillez en femmes
, car la Princeffe eft
enteftée du ceremonial ;
elle veut que quatre ou
cinq Dames venerables
forment la bas un cercle
digne de la recevoir . Il
ne nous manque plus
Y
A
258 MERCURE
rien que des habits pour
ce cercle ; mais il en faut
trouver , car les Genies
ont bien le pouvoir d'imiter
au naturel des
creatures vivantes , mais
ils ne peuvent imiter ni
le fil , ni la foye , ni la
laine, rien qui foit ourdi,
tramé , tiſſu , ni tricoté, ce
font les termes du Grimoire
, nous fçavons
cela nous autres , & je
vous l'apprends , en forles
habiller
te que
pour
GALANT. 259:
il faut des habits réellement
eſtoffez , & j'ay
imaginé que vous leur
preſteriez les voſtres. Ne
craignez point qu'ils les
faliffent : les Genies font
propres
. C'a , continuat-
elle d'un ton badin , il
nous faut auffi quantité
de toiles : yous avez fans
doute des draps , des
nappes ; c'eſt que la Princeffe
ne peut paroiſtre
que dans un lieu tapiffé
de blanc , voftre cave eft
Y ij
260 MERCURE
noire , elle n'y viendroit
point, & nous manquerions
voftre fucceffion.
A tout ce détail , Belife
topoit de tout fon coeur,
penetrée
de reconnoiffance
pour fa bienfaictrice.
Aprés avoir donné
les cinq cens livres & fon
billet du refte , elle fait
elle-mefme l'inventaire
de fes habits & de fon
linge.LaBohemienne ne
trouve rien de trop beau
pour le cercle de la PrinGALANT.
261
C
ceffe & mefme elle
l'augmente encore de
deux Genies voyant des
juppes & des coëffures
de refte. A peine laiſſet-
elle à Belife un jupon
de toile avec fa chemife.
Cette pauvre femme depoüillée
aide elle-meſme
à porter fes hardes jufqu'à
la porte de fa cave
, & la Bohemienne
en y entrant recommande
à l'heritiere de
bien fermer la porte à
262 MERCURE
"
double tour
de
peurs
que quelqu'un
ne vienne
troubler
lecercle . Belife
ne pouvoit
avoir aucun
foupçon
en enfermant
fon bien dans fa
cave , car elle ignoroit la
communication des caves
voifines , par où les
Genies plierent toilette ,
ainfi les Bohemiennes
eurent toute la nuit devant
elles pour fortir de
Paris avec leur butin
& l'heritiere en chemiſe
GALANT . 263
fut fe coucher en attendant
fes habits & la fucceffion
de la Princeſſe .
Voicy le fragment d'une
Lettre qui acheve de
me détailler la fin de
cette avanture .
Le lendemain matin Belife
s'appercevant qu'elle avoit
efté filoutée par les Bohemiennes
,envoya deux hommes aprés
elles qui les faifirent à Chan
tilli avec les hardes C 460.
liv . fur quoy les Bobemiennes
264 MERCURE
ayant efté arreftées & interro
gées elles denierent le fait du
trefor , reconnurent les hardes
pourappartenir à la Dame ,
mais elles dirent qu'elles leur
avoient efté données en nantiffement
de 1500. liv. qu'elles
luy avoient preftées ainsi qu'il
eftoit juftifié par la reconnoiffance
de la Dame , inferée
dans la Lettre qu'elle repreſentoit
; mais comme cette Lettre
écrite à une defunte èftoit fort
équivoque , que d'ailleurs
quand elle cuft esté une reconnoiſſance
pure & fimple de la
Dame duprefts de 1500. elle
Cust
GALANT. 265
euft efté nulle parce que la Dame
eftoit en puiffance de mary.
Voicy mot pour mot la copie
de cette Lettre que la Bobemienne
mavoit apparemment
dictée à la Dame en luy difant
qu'elle devoitparpoliteffe écrire
à la Princeffe.
MADAME ,
N'ayant point l'honneur
d'eftre connu de vous ,
attendu que vous n'eftes
plus en vie depuis longtemps
, neanmoins
la perfonne
qui vous doit rendre
Z
266 MERGURE
celle- cy dans la cave , avec
mes refpects , vous affurera
de ma reconnoiffance pour
la bonté que vous avez de
me faire voftre heritiere ,
& pour vous témoigner
que je veux fatisfaire à voftre
volonté que voſtre ame
a dite à la perfonne qui
vous rendra la prefente ,
j'ay voulu que vous viffiez
dans ma Lettre comme elle
ma prefté la fomme de
quinze cens livres , &
que je luy rendray avec
honneur. Je fuis , & c.
GALANT . 267
Ta
Lon ne
comprend pas que
Bohemienne ait pu s'imaginer
que
feureté feroit
Suffifante
pour elle ny que la
Wette
Dame,qui n'a pas voulu apparemment
faire un Billetfimple
à la
Bohemienne fe foit engagée
par une reconnoiffance . En un
mot il y a peu de vrayfemblance
à tout cela ; mais la circonftanee
eft vraye & fivraye
qu'on n'a pas cru devoir en alterer
la verité pour la rendre
plus croyable ; les Juges de
Chantilly n'ayant nul égard à
cette promeffe inferée dans la
Z ij
168 MERCURE
Lettre , ne firent point de
difficulté de faire rendre les
hardes au porteur de la procuration
du Mary de la Dame
, fous le nom duquel elles
furent revendiquées. A l'égard
de l'argent , il nefut point
rendu d'autant que les Bohemiennes
ne convinrent point
Pavoir exigé de la Dame , mais
pretendirent que c'eftoit leur
pecule ; qu'elles montroient
à
a
danfer à quantité de perfonnes
de qualité qui les payoient
graffement , que mefme elles
avoient receu fept Louis d'or
neufs de Mr le Duc de BavieGALANT.
262
re pour avoir dansé devant
lui a Chantilli & àLiencourt. ,
Au refle comme les Bohemiennes
au nombre de trois avoient
deja efté reprifes de Justice, co
qu'elles eftoient fletries , l'une
d'une fleur de lis , l'autre de
deux & la troifiéme de trois
ce qui les devoit faire juger au
Chaftelet comme vagabondes ,
où elles avoient deja efté condamnées
commes telles , elles y
furent renvoyées ; ellesyfont ,
& on leury fait actuellement
leur Procez . S'il n'y avoit que
le fait du trefor , il n'y auroit
pas matiere à condamnation ce
Z iij
270 MERCURE
feroit un tour de Bohemiennes
dont il n'y auroit qu'à rires,
mais il aparu dapuis un Boulanger
qui pretend qu'elles luy
ont forcé une Armoire & y
ontpris 1200. livres , ce qui
eftant prouvé pourra les cons
duire à la potence. b pato
Suite des Nouvelles
d'Espagne,
as
Le
23.Novembre toute
l'Armée de Sa Majesté
Catholique
eftoit arrivée
à Talavera où elle séjourna
quelques jours pendant lef
S
GALANT. 271
quels elle avoit seftés aug
mentée de prés de quinze
censt Efpagnols qui n'as
voient encore pûrejoindre
depuis la bataille de Saragoffe.
Toutes les Troupes
témoignoient une grande
ardeur de combattre.
Plufieurs Officiers ont
écrit qu'elles n'avoient jamais
efté mieux habillées
mieux nourries , & mieux
payées ; & qu'on ne pouvoit
trop louer leszele &
l'attention de Monſieur de
Vendofme & de Mr le
Comte d'Aguilar qui a
7
Z
iiij
272 MERCURE

voient donné tous leurs
foins pour que l'Armée
fut pourvûë abondamment
de toutes les chofes
neceffaires avant que de
rien entreprendre.log
Extrait d'une Lettre de
Vittoria du 29.
-Novembre.
Un Courier arrivé le 28.
l'Arau
foir a rapporté que
chiduc avec iooo . Chevaux
avoit paffé a Pastrana, marchant
à grandes journées vers
Saragoffe ; que l'Infanterie
业GALANT
. 273
le reste de fon Armée le
fuirvoit ; que le 22.
le Comte
de Staremberg qui avoit paffe
le Xarama, qui tombe dans le
Tage prés d'Aranjuez , en
avoit fait rompre tous les
Ponts & brifer toutes les Barques
pour retarder ceux qui le
fuivoient ; il avoit fait enle
ver toutes les munitions &
leurs vivres de Tolede , y
ayant laifféfeulement quelques
Troupes pour cacher fa retrai
te . Tous les Rebelles qui eftoient
venus avec l'Archiduc
s'en retournent de mefme fuivis
de tout ce qui reftoit de
8
274 MERCURE
1
gens mal intentionnez ; de
maniere qu'il n'en demeuroit
aucun à Madrid. On ne peut
as exprimer la haine que pasex
Caftillans ont pour l' Archiduc,
à caufe des facrileges & des
cruautez de fes Troupes.
les
Quelques jours avant leur
retraite de Tolede , ily eut un
tumulte à la Comedie où quelques
Efpagnols ne pouvant
fouffrir des derifions que fai
foient de Philippe V: quelques
Auteurs ; ils en tuerent
troispovedo beroi wis book,
Au fortir de Madrid ils
ils avoient emmené Don Ans
GALANT 275
tonio Gordonez Directeur de
la Douanne de cette Ville , luy
demandant 6000. Piftoles
pour fa rançon que fa femme
ramaffa ; mais ceux qui les
emportoient furent rencontrez
par un Party de Don Feliciano
de Bracamonte qui les leur
enleva & les envaya au Roy ;
ilfit encore deux Colonels Prifonniers.
Lorfque l'on prefen
ta les 6000. Piftoles à fa
Majefté , Elle repondit qu'elle
les feroit rendre à celuy qui
avoit efté forcé de les donner
aux Ennemis. Dés qu elle fut
informée de leurretraite , elle
176 MERCURE
envoya à leurpourfuite 4000
Chevaux des meilleurs qu'il
euft dans fon Armée , fous
le Commandement de Mrs de
Zerezeda , do Carvillas
Mahoni , & Vallejo.
Sa Majefté Catholique
a fait Lieutenant General
Mr le Chevalier de Croix ,
& luy a donné l'ancienneté
fur fes Cadets qui avoient
efté nommez Lieutenans
Generaux l'hyver dernier.
S. M. C. luy a donné en
mefmetemps le commandement
des Troupes de
GALANT. 277
Navarre fous Mr le Duc de
S. Jean qui en eft Viceroy .
Lettre d'un Officier General
de l'Armée du
Roy en Catalogne ,
du 30. Novembre , à
Torreil de Montgri.
N
a
ous voicy dans le pays
ennemi ; Ce n'est pas avoir
perdu le temps depuis que nos
preparatifs ont pris date qui eft
au commencement de ce mois
de s'eftre mis en eftat d'entrer
en action . La plus grande partie
de noftre artillerie eft arri278
MERCURE
vée à Rofe nos fubfiftances
ayant eſté extremement traversées
par les temps affreux
qu'il fait. Nos Troupes font
repandues dans des quartiers
des deux coftés du Ter & vi--
vent aux dépens du Païs ';
nous avons une tefte de Cavalerie
jufques dans la plaine
de Calonge. Il refte encore 22 .
·Bataillons 18. Efcadrons
àjoindre . Le païs eftfort abatu
& ce qui lui arrive dans un
où il fembloit qu'il duft
avoir moins fujet de le craindre
, l'abatra encore davanta
ge ; mais comme il n'a fouffert
temps
&
GALANT. 279
que des peines paffageres depuis
la revolte , il ne faut pas
douter qu'il n'attende les Ennemis
pour donner quelques fi
gnes de vie. Nous n'avons
icy aucune nouvelle de Mr de

•qui me fait Staremberg
croire qu'il eft encore en Caftil
le où il n'y a pas long- temps
qu'il doit l'avoir quitté. Peu
de jours nous eclair cirons.
Un Courier qui arriva
le 3. Decembre à Vittoria
rapporta que les Ennemis
avoient entierement évacué
Tolede le 29. Novem280
MERCURE
bre ; que cette Ville qu'ils
avoient choifie pour faire
leur Place d'Armes , avoit
efté abandonnée avec tant
de précipitation , que ne
pouvant fauver les Magafins
qu'ils avoient mis dans
l'Alcaçar & dans plufieurs
maifons , y avoient mis le
feu , & placé une meche
qui devoit faire fauter foixante
barils de poudre , ce
qui auroit détruit ce Palais
que
les magnifique
. Mais
habitans
y eftant accourus
en diligence
avoient
ofté
-la meche
& efteint
le feu ;
qu'ils
GALANT. 281
qu'ils furent fi irritez contre
les Ennemis qu'ils prirent
les armes &chargerent
leur arriere garde, en quoy
ils furent fecondez par cinq
cens Chevaux que Dom
PedroRonquillo faifoit entrer
par une Porte pendant
que les Ennemis fuyoiene
bildo stos par l'autre .
Que Mr de Vallejo qui
commandoit un détache
ment de Cavalerie pour les
incommoderator Appris
par une marche -forcée de
douze lieuës , un Regiment
de CavalericPortugaile qur
A a
282 MERCURE
eftoiten Quartier à Ocana
à trois lieues d'Aranjuez ;
& \à une pargillo gdistance
de l'Armée ennemie ; qu'il
avoit d'abord inveſti ce
Pofte demtous les coftez
afin que perfonne n'en puſt
fortir; qu'enfuite il y eftoit
entré l'épée à la main , &
avoit obligé ce Regiment
à fe rendre que tout avoit
efté pris depuis le Colonel
jufqu'aux Trompettes ; a
prés quoy il s'eftoit retiré
avec beaucoup de diligenee
que le General Sta
remberg qui en fut infor
ILAVA
GALANT 283
mé auffi-toſt envoya un détachement
pour chercher
les Bagages que Mr de Vallejo
n'avoit pû faire empor
ter & que les Habitants a
voient pillez quelce détachement
les obligea de
les rapporter dans la place ,
mais qu'ils furent con
traints de les abandonner
& de fe retirer avec une
grande precipitation , Mr
de Vallejo eftant revenu
fur fes pas pour les charger.
Mrle Marquis de Lan
carote qui s'eftoit diftin
gué en plufieurs occafions
A a ij
184 MERCURE
pendant le fejour que les
·Ennemis ont fait à Madrid
, & entr'autres par la
défaite d'un Party de cent
quatre vingt Chevaux , eſt
mort de maladie au Camp
de Cafa Texada. Ce Marquis
eft fort regreté .
Extrait d'une Lettre de
Vittoria du 4.0
Decembre.
One vient
d'apprendre
par un Courier arrivé de
Armée du Roy que fa Ma
jeſté devoit entrer hier
GALANT 285
7
Madrid , & que les Ennemis
fe retiroient en Arragon ; que
quatre Regidors Deputé de la
Ville eftoient arrivez au
Camp de Talavera le 27.
Novembre baifer la main de
fa Majefté & luy faire préfent
de fix mille Pistoles , &
qu'ony arrefta le 26. le Marquis
d'Aracava , Partifan
de l'Archiduc.
dit- on ,
SUD 300
-¡ De Bayonne le 10.
Decembre
.
J
Un Courier quia påf
fe icy ce matin a rapporté
186 MERCURE
que le Roy d'Efpagne effort
entré à Madrid de 3 qu'il
eftoit alle d'abord â No
ftre- Dame d'Atocha pour
repdie graces à Dieu , que
peu de temps aprés la foule
eftoit fi grande qu'on në
pouvoit paffer dans les rues
des environs , en forte que
Sa Majefté Catholique
mefme fut obligée d'attendre
long-temps avant que
de pouvoir fortir , ne voulant
pas que fes Gardes fi
tent faire place eftant tou
chée des larmes de joye
qu'Elle voyon répandre
à
CALANIN 187
fes fidelles fujets qu'enfin
on ne pouvoit exprimer
juſqu'à tel point ontneſté
les réjouiffances des Peuples
de cette Capitale qui
pendant le fejour que les
Ennemis y ont fait ont cant
donné de marques de leur
fidelité & de leur attachement
pour leur Roy legiti
meum bobgido uls.
Cup va merg ophida
Toutes les Lettres d'Ef
pagne font remplies d'exemples
fur ce fujet , & il
yon a detres fingulieres.s
LesEnnemis eftant dans
288 MERCURE
Madrid , & ayant reconnu
lafermeté du Peuple , vou
lurent à force de careffes &
de menaces obliger les Enfants
à crier Vivat Carlos
tercero ; mais ils n'y purent
réüffir ; & dés qu'ils en fu
rent fortis ces mefmes Enfants
crierent par toute la
Ville , fans que leurs peres
& leurs meres le leur fiffent
faire , Vivat Felipe quinto.
Un Particulier ayant en
prefence des Ennemis par
lé avantageulement
de
Philippe V & dit quel Ar
chiduc n'eftoit pas Roy
¿ d'Eſpagne ,
GALANT. 281
d'Eſpagne , & qu'il ne le
feroit jamais , fut conduit
en priſon , aprés quoy on
le maltraita pour le faire
retracter; mais au lieu d'en
eſtre intimidé , à chaque
coup qu'on luy donnoit , il
crioit de toute fa force ,
Vivat Felipe quinto .
Sa Majesté Catholique
a honoré Don Jofeph de
Echarri , du titre de Marquis
de Salinas , pour le recompenfer
de fes fervices.
Mr du Rozel , Lieutenant
General , a chaffé les
Ennemis de Sangueſſa , a
Bb
282 , MERCURE
furpris Canfranc , & introduit
un Convoy dans Jaca .
Du Camp d'Exea le 3 .
Decembre
1710.
N
ous penſions entrer en
Efpagne par Bayonne . On
nous a fait marcher à Pampelune
Deftols & Perfuit : ce
font les paffages qui communiquent
entre les deux Royaumes
. Nous nous fommes affemblés
à Pampelune 22. Battaillons
, 14. Efcadrons venus
des coftes du Poitou & de
la Guienne &nous avons efté
GALANT .- 2 8 3
joints par quelques Troupes de
Dauphiné , le tout compofant
une Armée 18000. hommes
effectifs qui ne manquent

de
rien . Nous avons reçeu un
Courrier de Mr de Vendofme;
il a faitchanger noftre route
qui eftoit d'aller droit à Madrid.
Ce Courrier nous a appris
que l'Archiduc avot
pris les devants pour gagner
Sarragoce afin d'y paffer l'Ebre
& fe retirer en Catalogne;
le Comte de Starem-

que
berg le fuivoit avecle reste de
fon Armée. Noftre ordre a efté
de marcher promptement pour
Bb ij
284 MERCURE
prendre les devants & s'oppofer
à leurs paffages. On a
fait prendre le devant à toute
la Cavallerie que nous avons
fuivie. Nous fommes entrez
dans l' Arragon le 29. du paſnous
avons marché sé,
Exea , petite Ville dans laquelle
eftoient 400. Miquelets
; & qui a esté emportée
d'affaut le 2. de ce mois. Les
400 Miquelets ont efté pafsés
au fil de l'épée fans en
avoir épargné aucun. Nous
allons continuer noftre marche
vers l'Ebre , & fi nous y arrivons
avant que l'Archiduc
GALANT. 285
l'aitpassé nous en rendrons bon
compte.
Lettre d'un Officier General
de l'Armée du
Roy en Catalogne
commandee
par
2
Mr
le Duc de Noailles , à
Torreil de Montgri le
6. Decembre.
Il y avoit lieu de croi-

re que le retour del Archi-
Educ en Catalogne y annon
ceroit celuy de fon armée ;
mais on apprend qu'il ne
Bb iij
286 MERCURE
revient qu'avec 1500. Chevaux
, l'on ne fçait encore
a quoy Mr de Staremberg
s'eft déterminé . Cette démarche
fi peu attenduë de
l'Archiduc eft un premier
effet de la diverfion qui fe
fait de ce cofté-cy , & fait
connoiftre les raiſons qui
l'ont obligé de ſe venir
montrer en ce pays. Il eftoit
neceffaire qu'il y revint , à
moins de s'expofer à perdre
cette Province , où la
defolation & la confterna
tion font au plus haut
point , le peuple ne menaGALANT
287.
çant pas moins que de fe
revolter. On verra bientoft
l'effet que la preſence de ce
Prince aura produit , & fi
elle fera capable de calmer
l'inquietude
du Peuple , &
de le raffurer, Nous travaillons
le plus diligemment
qu'il eft poffible à
amaffer des fafcines , & à
achever tous les préparatifs
neceffaires pour ce que l'on
fe propofe . Ils ont efté retardez
confiderablement
par les grandes eaux , mais
nos fubfiftances conmencent
à arriver , & 7. ou 8.-
Bb iiij
288 MERCURE
jours avanceront beau
coup. Les Troupes achevent
d'arriver le 7 , & le 8.
& on efpere qu'elles ne refteront
pas long-temps fans
*
entrer en action on vit
pendant ce temps aux dépens
du pays.
Ordre de Bataille de l'Armée
du Roy en Catalogne.
Mr le Duc de Noailles
General.
PREMIERE LIGNE.
LIEUTENANSGENERAUX.
Meffieurs
de
Guerchy.t
GALANT 289
De Kercado .
De Siennes.
7000.
MARESCHAUX DE CAMP .
Meffieurs
De Belleport .
Le Comte d'Eftaire.
De Tournant.
D'Arpajou .
Le Duc de Duras.
BRIGADIERS.
Meffieurs
D'Ozeville.
De Sandricourt .
De Damas.
De Valouze.
De Courten .
De Balincourt.
290
MERCURE
De Planque. 60 mi
De Parabere .
De Vateville, zlobnemte)
Dragons .
Dauphin . 3. Efcadrons.
Languedoc. 3
Cavalerie. omg: C
Anjou.
Parabere .
3
3
Crouy.
Infanterie.
Normandie. 3. Bataillons .
Beaujollois.
Artois .
Labour.
Reding.
Noailles.
GALANT 291
La Couronne.
Courten .
Vermandois.
Valouze.
D'Efgrigny.
Vivarez.
Damas.
Auvergne.
3
Cavalerie.
Berry .
3. Eſcadrons.
Germinon.
Valgrand.
Dragons.
Saumery.
Foix.
292 MERCURE
SECONDE LIGNE.
LIEUTENANSGENERAUX ,
Meffieurs
De Muret.
De Brancas .
MARESCHAUX DE CAMP.
Meffieurs
De Chaſtillon .
De Puynormand.
De Caylus .
BRIGADIERS .
Meffieurs
De Bozelly.
De Bonas .
De Nifas .
De Barville.
De
Siougeat.
GALANT. 293
De Fleche .
De Bouville.KAKAXUŽI
Dragons.
Bouville. 3. Efcadrons.
Cavalerie298A
Chazel.
Fleche.fo
Vaudemont.
3
3
Putange.
Infanterie.
Flandres 2. Bataillons .
Leon .
Oleron .
Perigord.
La Force.
Soiffonnois .
Forez .
I
294 MERCURE
La Marche .
Angoumois .
Champigny
Noé.
Thierache.
I
I
Carjalerie.
2
LaFeronnaye
... Efcadrons
.
Noailles
Duc.
Noailles
Marquis
.
Dragons.
La Lande,
Bozelly.
2
Total des Efcadrons . 50 .
Total des Bataillons . 45 .
Artillerie.
M
Royal Artillerie, 1. Bataill .
GALANT 295
Bombardiers . I
Deux Compagnies de Ferrand
Cofte, 100. hommes.
Une Compagnie de Mineurs
de Delorme. 60 .
hommes.
On attend la fuite des
Nouvelles d'Espagne.
On efpere qu'elle viendra
affez toft pour vous
la donner à la fin du Volume
où l'on mettra tous
les Mois des Nouvelles
recentes.
296 MERCURE
BOUTS RIMEZ
DUMO I S. MOIS.
Remplis enftile burlesque
par M. de M.
A MeV...
Moy qui jamais nefeus
en mafchant
les Lauriers
Mafcher à vuide envers
la gloire ford's
des Guerriers
Je
GALANT. 397
Je vais , berger chagrin ,
fur ma
trifte Mufette
Mafcher & remafcker
la
fierté
de Lifette ,
Quelle fierté ? vouloir
que
d'amoureux Cefars
Aux pieds de ta vertu
baiſſe
les Etendars.
Tu devrois bien ... mais
chut , du bout de
Beta Houlette
Cc
298 MERCURE
Tu donne fur les doigts à
mi
Mufe foletté.
Cherche qui chantera
ton
Assasins
intrepidité.
Sans
amour , par mes
Vers
point d'immortalité.
Si tu n'écoute aux bois
que
d'innocents
ramages.
Tu feckerasfur pied dans
tes
4000
fombres bocages .
GALANT.MOTHEQUE
AUTRES
LYON
BOUTS RIMEZ
Par Madame De ...
Dialogue du Guerrier & de
Lifette .
LE
GUERRIER.
Heureux
celuy
que
Mars couronne
arlode . Lauriers
La Trompette a fonne
fuivonsles
szer . Guerriers .
DELA
VILLE
Cc ij
300 MERCURE
LISETTE.
Non , viens pluftoft danfer
aufon de
Mufette ma
De Mirte tu feras cou
par
Lifette.
ronné
Tr01 @& 、༥༨༠༢ -v
( ཀཎྞཝ),
LE GUERRIER.
Au Temple où font gravel
les bauts faits
des Cefars
Marsgravera
mon nom:
fuivons
fes Etendars.
GALANT. For
LISETTE.
Moy je grave a prefent
- ton nom fur
ma Houlette.
Cela vaut mieux , croisen
ta
9MM SC
Bergere
folette
.
LE GUERRIER.
Dans les fiecles futurs
mon
intrepidité.
LISETTE
.
Tais toy je te reponds
de
l'immortalité.
302 MERCURE
Ony , les Oife auxfuturs ,
1 par leurs
futurs .. ramages
Chanteront nos amours
dans les ་
futurs .. bocages.
1
Au lieu de Bouts ri- ` / 0
mez fimples à remplir ,
on propoſe ce mois-cy
up Rondeau à faire fur
une chute donnée ! &
l'on en choiſit une qui
puiffe avoir trois fignifications
differentes . La
GALANT. 30€
voicy , Filis tient peu ,
c'eft la difficulté des Rondeaux
, mais c'en eft auffi
l'agrément. On donne
de plus les Bouts rimez
du Rondeau
à ceux qui
voudront avoir deux dif
ficultez à vaincre
. Il y a
des genies qui ne font
excitez que par les grandes
difficultez
; ceux qui
font plus faciles à émouvoir
, ou plus pareffeux .
pourront s'affujettir ou
à la chute feule du Ron304
MERCURE
deau ou aux Bouts rimez
détachez de la chute , &
faire fimplement des
Vers fur lesBouts rimez .
Voicy la tache toute entiere
.
RONDE AU
A REMPLIR.
Filis tient peu .
albicrac
trac
feringue
brelingue
frac
CALANT. 313
TO UGD
Filis
tient peu.
crac
pibrac
tingue.
balfac
micmac
fringue
tringue
fac.
Filis
tient
peu.
Dd
314 MERCURE
ARTICLE
des Questions
Queſtion badine,
On demande fi dans
le monde on donne plus
qu'on ne reçoit.

A parler exactement
on donne autant qu'on
reçoit , car donner &
recevoir font termes relatifs
qui ne peuvent
fubfifter l'un fans l'autre.
Cependant
on peut
GALANT. 315
dire qu'il y a des chofes
qui ne font pas moins
données quoyqu'on
ne
les reçoive pas. Pár exemple
, beaucoup de
ens donnent des congens
feils , peu de gens les reçoivent.
Si les Maris recevoient
toutes les maledictions
que leurs Femmes
leur donnent , fe marier
& eftre maudit ce
feroit la mefme choſe.
C'eft fur ces fortes de
fens badins qu'on peut
Dd ij
316 MERCURE
faire rouler ces Queftions
badinės , & c'eſt
auffi dans ce fens qu'on
a répondu à celle-cy.
REPONSE
PAR L'ARCH, TURPIN ,
Tout est égal à le bien
prendre ,
Ce que vous me donne ,
je le reçois Iris s
Mais non , le fidele Silvaudrebad
cast
GALANT 317
Vous a donné fon coeur ,
vous ne l'avezpas
pris ;
Attende vous donne le
vôtre !!
A qui ne vous veut que
du mal.
L'un reçoit vos mépris
vous en avez d'un
autre :
Fy reviens donc , tout eft
égal.
Dd iij
318 MERCURE
REPONSE
Par l'Argumenteur en
formie.
C'E n'eft point donner
dit-on , que de donner
à contre-coeur . Peu de
gens aiment à donner ;
beaucoup aiment à recevoir.
Je conclus delà
que dans le monde on
reçoit plus qu'on ne
donne. Ne peut-on pas
GALANT, 319
dire auffi que ce n'eſt
point recevoir que de
recevoir malgré foy. Arlequin
concluroit delà
que dans le monde il fe
donne plus de coups de
point qu'il ne s'en reçoit.
REPONSE
Par Mile Des .....
ON reçoit plus dans
le monde qu'on n'y
donne ; car ces hommes
D d iiij
320 MERCURE
reçoivent tout des Dieux
& ils ne leur donnent
rien .
RE PONSE
Par le Magicien .
Vous demandez fi en
ce monde on donne plus
qu'on ne reçoit.
Donner eft plus commun,
moi grand Magicien ,
Dans mon Art ainfi je
raifonne ,
GALANT. 32 *
Au Diable cent chofes
l'on donne ;
Donc il ne reçoit presque
rien.
QUESTION
Morale .
S'il eft plus gencreux de
donner que de recevoir:
REPONSE
Par le Critique Gaulois.
Il ne peut jamais y
322 MERCURE
avoir de génerofité à
recevoir , la queftion
... est fauſſe
.
REPONSE
A la
Réponse.
La propofition feroit
fauffe fi le mot de générofité
ne fignifioit que
liberalité ; car en effet
il n'y a jamais de liberalité
à recevoir , mais
generofité fe joint encore
mieux à l'idée de vain48
65
GALANT. 323
cre qu'à celle de donner.
C'eft quelquefois
generofité de vaincre
fes paffions pour contenter
celles d'un autre;
ainficeluy qui fçait vaincre
fon orgueüil en recevant
d'autruy , eft plus
genereux que celuy qui
fe laiffe vaincre par la
vanité de donner.
324 MERCURE
RE' PONSE
à la
queftion.
Un jour un Philofophe
Arabe difputoit de
generofité avec un Kalife
en refufant fes préfens
avec une grandeur
d'ame Philofophique
quoy donc s'écria leKalife,
n'auray-je jamais le
plaifir que je défire le
plus ardemment , ce ſe-
>
GALANT. 325
roit de te faire
accepter
feulement
deux mille
Dragmes, Le Philofophe
reva un moment
& dit enfuite au Kalife
hé bien ſoit , j'accepte
vôtre préſent , afin de
pouvoir dire que je fuis
plus genereux
que vous;
car en recevant
de vous
je vous donne un plaiſir
que vous fouhaitez
ar
demment , & vous ne
me donnez que de l'argent
, dont nous ne
326 MERCURE
nous foucions ny l'un
ny l'autre, ndiyo
REPONSE.
Par M. de Labor ***
L'avare
tousjours
preft à recevoir
& jamais
à donner , fe perfuadera
qu'il eft plus genereux
de recevoir
, &
taſchera de perfuader
aux autres qu'il eft plus
genereux
de donner.
GALANT. 327
Queſtions pour le Mois
prochain .
On demande
fi le
yin eft une bonne chofe,
Queftion galante.
Par l'illustre Afpafie.,
I
Que peut - on dire
pour blafmer ou pour
juſtifier un homme amoureux
d'une femme
qui n'auroit ny beauté
ny efprit.
328 MERCURE
Article des Enigmes.
Explication d'une Enigme
qui a paru
inexplicable.
Je
contiens celuy qui porte
Celle qui contient
celuy &c.
G'eft le Soulier
d'une
femme
groffe . Le Soulier
contient le pied , qui porte
la femme
qui contient
l'enfant
dont la structure
peu forte
porte pourtant
dés aujourd'hui.
Sa tefte qui contient
l'oeil qui portera
plus loin
qu'aucun
GALANT. 329
qu'aucun Moufquet ne porte.
Ceux qui ont deviné cette
Enigme font les femmes
fteriles du
quartier de la
Place
Maubert . Le Mari
abſent , s'en eft douté . Le
fpirituel
Cordonier , ne futor
ultra crepidam.
Envoyfurl' Enigme d'Alix
dont le mot eft un
Fagot .
Par MR M. D. M.
Eſope la
Fontaine
animant la machine
Ee
་ ར
330 MERCURE
Faifoient raifonner l'Af
ne & parler l'Escargot
Mercure ton Enigme eft
galante 5 badine
Anime & fait aimer ,
une ame de Fagot.
Noms de ceux qui ont
deviné.
L'aimable Chevalier
de la rue Traverſine. La
petite Frilleufe . Fagotin
fils du Fagot a deviné
pere. Tamirifte. Mr fon
Dans la chambre d'Alix
GALANT. 331
il y a Fagots & Fagots.
L'infante
& .... l'écla
tante Rofe de la rue de
Guenegaut.
ENVOY.
Par Mr de Vacena.
A peine ayje quite le
Coche
En Novembre de froit
trancy
Que Mercure me donne
icy
Un bon Fagot pour metre
en broche.
Ee ij
332 MERCURE
Autres Noms.
Au feu , au feu , un
fceau d'eau fur le Fagot ,
il mettra le feu à la cheminée.
Le petit Cerfde
la rue S. Gilles . L. de
Moineufe.
Mon rivalfans efprit
fait comme un Fagot
Par fimpathie enfin a
deviné le mot.
GALANT . 339
ENVOY.
Par MR des B..
Quand l'ame d'un
Fagot s'enflame
Un feu vif brife fes liens
Le feu qui brufle dans
mon ame
Ne fait que redoubler les
miens.
334 MERCURE
ENIGME.
Par MR de Souv....
Jefuis au ciel , en l'air ,
fur la terre & fur
l'onde.
Je ne fuis pourtant rien
& je fuis tout
le monde.
AUTRE ENIGME.
C'estpar moy que finit
& le calme &
l'orage :
GALANT. 3.3,5
C'eftpar moy que finitun
cruel efclavage
.
Pefe icy les mots
Vous y trompe pas ,
ne
C'eftfur moy que
repas
dansun
On s'enyore en difant
merveilles.
L'ardente foifme prend
en vuidant les
bouteilles.
Nulne me voit chacun
mattend's
Les Chiens prenent le
Lievre , & le Lieure d
•ZIVA
336 MERCURE
meprend.
Dans le plaifirjefuis affreuse
,
Et charmante dans la
douleurs
Dans le malheur trespareffenfe
Diligente dans le bonbeur.
Enfin pour les mortels
trop prompte ou trop
tardive
Avec la mort toûjours
j'arrive.
AVIS
GALANT . 337
AVIS.
Les nouvelles d'Efpa
gne ont pris la place de
plufieurs bons ouvrages
qu'on m'avoit envoyez ,
& que je fuis contraint
de retrancher. J'avois
auffi promis dans le Mercure
dernier plufieuts
chofes que je ne vous
donnepoint,mais je vous
donne une Bataille gagnée
que je ne vous avois
Ff
338 MERCURE
point promife. Ne vous
fâchez point ſi j'en uſe
ainſi dans la ſuite ; j'efpere
vous donner des
chofes qui vaudront
mieux que celles que
j'aurai promiſes. J'ay tant
des Relations d'Efpagne
à placer , qu'à peine me
fuis - je laiſſé place pour
Vous avertir icy qu'on
continuera à donner regulierement
le Mercure
le premier jour de chaque
mois
.
JUE
GALANT. 332-
Suite des Nouvelles
d'Espagne.
Les Ennemis en abandonnant
Tolede pour prendre
la route d'Arragon , ont
divifé leur Armée en differens
Corps , obfervant toû ,
jours de les mettre à une
diftance qui ne leur oftast
pas les moyens de s'entrefecourir
les uns les autres
en cas que quelqu'un fuft
attaqué. Ils croyoient qu'
ils pourroient eftre harcelez
par quelques détache-
Ff
ij
340 MERCURE
mens ; mais ils ne comproient
pas que l'on puft
faire des démarches aſſez
promptes pour les attaquer
avec toute l'Armée.
Le Roy d'Eſpagne pour
leur ôter le foupçon qu'on
puft les fuivre , cftoit allé
exprés avec Monfieur de
Vendofme à Madrid pendant
que les Troupes
, par
differens Corps , déroboient
aux Ennemis des marches
precipitées. Sa Majeſté Catholique
, avant de partic
ordonna au Détachement
de tous les Grenadiers de
GALANT. 341
l'Armée & de cent hommes
choifis par Bataillon avec
trente -deux Escadrons de
Cavalerie & de Dragons de
marcher le plus legerement
qu'ils pourroient pour tâcher
de joindre les Ennemis.
Mr de Vallejo reçut
ordre de les attaquer par
tout où il les trouveroit
avec douze cens Maiftres
qu'il commandoit , afin de
les arrefter.
Aprés ces précautions .
le Roy & Vendofme arrivérent
le 7. Decembre à
Alcala , où ils apprirent
Ff
ij
342 MERCURE
qu'il y avoit à une licuë de
là un Regiment des Ennemis.
Sa Majesté ordonna à
Don Feliciano de Bracamonte
d'y marcher avec fa
Brigade. Il fit tant de diligence
qu'il furprit ce Regiment
& le fit prifonnier .
LETTRE
De fa Majesté Catholique
à la Reine.
Du Camp de Brihuega ,
le 9 Decembre.
Je vous dépêche un Cour.
GALANT. 343
rier pour vous apprendre une
nouvelle auſſi agréable qu'im
portante. Nous venons defaire
huit Bataillons & huit Eſcadrons
prifonniers de guerre.
Nous avons fait donner l'af
faut aprés midi à Brihuega,
aprés l'avoir battu toute la
matinée avec notre Canon.
Les Bréches étoientfort petites
& les Ennemis avoient retranretranchemens.
chemens fur
L'affaire a efté fort difputée &
a duré plus de deux heures ;
mais enfin nos Troupes étant
entrées dans la Ville de maifon
en maifon les Ennemis
F f iiij
344 ! MERCURE
s'étant retirez dans un retranchement
qu'ils avoient fait
dans la Place , ont battu la
Chamade. Il n'y a eu aucune
conteftation au fujet de la Ca
pitulation , puifqu'ils ont propofé
d'obord qu'on les reçutprifonniers
de guerre , ce qui leur
efté accordé. Tous les Officiers
Generaux Anglois font du
nombre des Prifonniers. Ce
font Stanhope , Wills & Carpenter.
De notre côté le Marquis
deThouy a efté bleſſé à la
main ; de celui des Ennemis
Carpenter eft bleffé. L'action
a eftéfort chaude , & notre InGALANT.
345
fanterie a bien réparé ce qu'elle
fit à la Bataille de Sarragoße ,
en faifant des merveilles aujourd'hui.
Des huit Bataillons
ily en a fept Anglois
Portugais , mais à la folde de
la Reine Anne. Les buit Ef
cadrons confiftent en trois Re
un
gimens de Dragons & un de
Cavalerie , tous Anglois ; c'étoient
les meilleures Troupes des
Ennemis,
Fe joins à cette bonne nouvelle
, laprife que fit hier Bracamonte
, d'un Bataillon Alle
mand.
Le Comte de Staremberg
346 MERCURE
`` s'eft avancé aujourd'hui avec
plus de quatre mille hommes à
"deux lieues d'icy , fuivant les
avis qne j'en ay eu , apparemment
pourfecourir Stanhope.
Le Roy d'Espagne eſtant
parti le 8 au matin de Gua
dalaxara avec toute la Cavalerie
pour donner fur l'arriere-
garde des Ennemis ,
il cut avis que le General
Stanhope eftoit dans Brihuega
; il marcha droit à lui
pour l'attaquer, mais voyant
qu'il s'y eftoit retranché de
maniere à fe bien deffendre ,
GALANT. 347
il fit inveftir la Ville fur tout
du côté de la Riviere par où
il jugeoit qu'il pourroit fe
retirer à la faveur de la nuit ,
La Ville de Brihuega fituée
à fix lieues de Guadalaxata ,
eft fermée d'une muraille
fort haute , fort épaiffe &
revétuë d'une Terraffe en
quelques endroits , avec des
Tours antiques & un affez
bon Château . Aprés avoir
tiré quelques coups de canon
on fomma les Ennemis
de fe rendre , & fur le refus
qu'ils en firent on dreffa pendant
la nuit de nouvelles ba348
MERCURE
teries qui
commencerent à
tirer le 9 au matin & firent
une bréche qui devint inutile
à caufe des Terraffes,
Mais Monfieur de Vendome
ayant remarqué plufieurs
maifons attachées à l'enceinte
des murailles en dehors ,
les fit occuper pour attacher
par là le Mineur & faire une
Bréche pratiquable de ce côté
là . Quandtout fut difpo
fé , Sa Majefté fit faire deux
attaques & donna ordre
pour foûtenir la gauche, qui
eftoit la veritable . Enfin on
donna l'affaut ; l'action fur
CALANT . 34 $
long-temps difputés, & les
notres fe voyant arrêtez par
le grand nombre & par des
retranchemens qu'ils trouvoient
dans les ruës de 20
en 20 pas , le retrancherent
de leur coté fur la Bréche
pour y attendre du renfort.
Peu de temps aprés Monfieur
le Duc de Vendofme
·y mena quelques Bataillons
qui s'étant joint à eux, pouf
ferent les Ennemis en gagnant
toûjours le Terrain
de maifon en maiſon & de
retranchement en retranchement
, en quoy ils furent
350 MERCURE
aidez par les habitans quí
démoliffoient
leurs propres
maiſons pour affommer les
Ennemis à coups de pierres ;
ils penetrent enfin jufqu'au
centre de la Ville , pendant
que d'autres Troupes commandées
à l'attaque de la
droite , faifoient diverfion ;
ce qui obligea les Ennemis
à battre la Chamade & à
capituler. Ils répugnoient
à fe défarmer dès le foir &
à livrer une des Portes du
Château , mais on les y obli- sy
gea fur l'avis que Sa Majefté
cut que le General Sta-.
GALANT . 35*
remberg s'avançoit pour les
fecourir. Mr de Zuniga fut
chargé du foin de faire
executer la Capitulation ,
pendant que le Roy & Mr.
de Vendome fe difpofoient
à aller combattre M de
Staremberg.
D'autres
Lettres
portent
que Mr de Bracamonte
détaché
par le
Roy
,
empêcha
le General
Staremberg
de rompre
le Pont
de
Guadalaxara
, ce qui
facilita
le
paffage
de
l'Armée
pour
matcher
à
Brihuega
.
Un Lieutenant general,
$56 MERCURE
& deux Lieutenans
Colonels
vinrent capituler . Ils
confentirent
d'abord à eftre
Prifonniers de guerre. On
accorda aux principaux Officiers
, leurs chevaux
& bagages
, à l'exception
des Vafes
facrez
, en cas qu'il s'en
trouvaft
.
Pendant la Capitulation ,
on entendit plufieurs coups
de canon ; c'eftoit le fignal
de l'Armée ennemie , pour
avertir le General Stanhope
qu'on venoit le fecourir.
Le 10. au matin le Roy
fut averti que les Ennemis
GALANT. 357
paroiffoient fur la hauteur
de Villa-viciofa , où Monfieur
de Vendofme avoit
pofté dès le foir toute la Cavalerie
, ayant prévù que
Mr de Staremberg hafarderoit
le tout pour le tout.
On rangea l'Armée en bataille
, la droite appuyée à
un grand ravin , & la gauche
à un petit Bois d'Oliviers
où les Ennemis ne pûrent
pas allonger leur droite
donner une étendue à pour
leur gauche qu'ils connurent
que nous débordións
Gg
358 MERCURE
confiderablement par nôtre
droite. Nous avions dans
nôtre centre un terrain desavantageux
par quantité de
ravins & de petites murailles
de terre féche de la hauteur
de deux pieds & demi.
Noftre droite de Cavalerie
eftoit commandée par Mr
le Marquis de Val de Cañas ;
noftre gauche par Mr le
Comte d'Aguilar , & noftre
centre d'Infanterie par
Mr le Comte de las Torrés
, au deffaut de Mr le
Marquis de Thouy qui avoit
efté bleffé la veille à la main
GALANT . 359
& au pied , & qui ne laiſſa
pas , malgré toutes les remontrances
qu'on luy faifoit
, de combattre à la tefte
d'un Efcadron ; les Ennemis
à la portée du canon en
mirent vingt pieces en batterie
avec deux mortiers
de noftre cofté nous en mîmes
22. pieces . Sur les deux
heures la canonnade commençant
de part & d'au
re , le Roy paffa à la droite ,
contre laquelle les Ennemis
avoient dreffé une batterie
de neuf pieces , qui faifoient
un feu tres - vif. Monfieur
Gg ij
360 MERCURE
de Vendofme paffa à la gauche
& dés qu'il fut arrivé
l'Armée marcha . Noftre
droite que le Roy conduifoit
paffa un grand ravin ,
& fe reforma en preſence
de l'Ennemi du cofté de
Villa viciofa, qui a donné le
nom à cette Bataille. Monfieur
de Vendofine cftant à
la gauche envoya ordre à
Mr Mahoni , qui commandoit
le Corps de Dragons
de marcher au grand
trot , & de gagner les derrieres
des Ennemis pour faciliter
la jonction de Mr de
24
GALANT. 3Gr
Bracamonté , qui arriva avec
mille chevaux précisément
à l'heure qui luy avoit eſté
preferite dans le temps que
les deux Armées eftoient aux
mains. Cette précaution
nous donna le moyen de gagner
les derrieres de leur Infanterie
, où la Cavalerie de
noftre droite avoit penetré ,
en renverfant l'aile gauche
quiluy eftoit oppofée. Certe
Infanterie , ainfi enveloppée
, fitd es efforts de valeur
fi étonnans qu'elle gagna
même du terrain fur la notre
, ce qui a fait dire dans
3
362 MERCURE
quelques Lettres , qu'elle
avoit plié d'abord. Mais enfin
les Gardes Walonnes &
Espagnoles percerent les
deux Lignes & la Reſerve
des Ennemis , & renverférent
un gros Bataillon quarré
au milieu duquel eftoit
Mr de Staremberg. Les
Gardes du Roy avec le Regiment
de a Reine commandé
par Mrle Marquis
de Reaucour , penetrerent
deux fois le centre des En
nemis , & il ne fe feroit pas
fauvé un homme fans la
nuit qui favorifa la retraite
*
GALANT 363
d'une partie de cette Infanterie
qui fe retira avec precipitation
du cofté de Siguença.
Il nous eft refté avec le:
Champ de Bataille , vingt
piéces de canon , deux Morciers
tous les équipages
d'Artillerie avec quantité de
chariots longs , attelez chacun
de huit Mulets ; ces chariots
font nommez Galleres
par les Efpagnols
. Parmi les
Bagages , il s'eft trouvé environ
huit mille fufils. Mr
Mahoni
a pris d'un autre
cofté fept cens Mulets char
354 MERCURE
gez , & les Troupes fe font
enrichies du butin que les
ennemis avoient pillé dans
la Caftille. Un Soldat cou
rut porter à Monfieur de
Vendofme, un Erendart qu'
il avoit pris , & refufa l'argent
que ce Prince vouloit
luy donner ; il luy dit en luy
montrant une bout fe pleine
d'or , voilà ce que l'on gagne en
combattant
pour fon Roy.
Il eft demeuré plus de
quatre mille hommes fur le
Champ de Bataille , & ona
fait trois mille prifonniers
,
parmi lesquels font Mr de
Belcaftel,
GALANT 365 .

Belcaftel , Commandant les
Troupes de Hollande , Mr
de S. Amant , Lieutenants
Generaux, & un grand nom
bre d'autres Officiers ; outre
deux mille trois cens autres
prifonniers , prefque tous
Cavaliers , qui ont efté pris
par Mr de Vallejo le lende
main de la Bataille . En forte
quede ces trois journées ,
nous avons neuf mille pri
fonniers effectifs. Il y a quantité
de Drapeaux , d'Etendarts
, & de Timbales ; on
n'en fçait pas le nombre ,
parce qu'on en apportoit en-
Hh
+
4
866 MERCURE
core lors que Mr de Zunk
ga eft parti pour apporter
ce détail au Roy. Lorfque .
fa Majesté Catholique l'a
dépefché, on ne fçavoir pas
non plus au jufte le nom .
bre des morts & des bleffez
, tant du cofté des ennemis
, que de celuy des Efpagnols
, qui ont perdu Don
Pedro de Ronquillo , tué
dans la Bataille , & Mr le
Comte de Rupelmonde , le
premier Maréchal de Camp,
& le dernier Brigadier , mort
des bleffures qu'il avoit reGALANT.
367
çues la veille à la priſe de
Brihuega.
Mr Mahoni pourſuivoit
vivement le General
Staremberg on affure qu'
il l'avoir atteint , & fait fom
mer de fe rendre ; on attend
un Courrier pour eſtre éclairci
de la fin de cette grande
affaire toto
On aprend qu'on a pris
encore autres deux mille
hommes aprés la déroute.
baryab sun
Hh ij
368 MERCURE
Extrait d'une Lettre de
devant Gironne.
Mr le Duc de Noailles
alla camper le 14. à Cervia
& le 15. on a inveſti Gironne
; tous les Miquelets &
Sommetans des Ennemis,
voulant difputer un cofté de
la Montagne
, oonntt eeffté re
pouffez & défaits par Mr de
Planque.
On vient d'apprendre depuis
cette Lettre que la tranchée
est ouverte devant Gironne
, & que Mr le Duc de
GALANT. 369
Noailles eft parti avec une
bonne partie de fa Cavale
rie , pour fe pofter für la Segre.
Paris , ce 30. Decembre 1710.
BIBLIO
THEQUE
LYON
HE
LA
0.5
ESES ESASUS ES ESUsesas
TABLE.
trennes de Mercure ,
Livrenouveau ,
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Rondeau à remplir, 304
Article des Questions 314
Article des Enigmes , 328
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Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le