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p. 1028-1029
LETTRE écrite par M. l'Evêque de Grenoble le 27 Avril 1733. sur la mort de M. l'Archevêque de Roüen.
Début :
Après avoir rendu, Monsieur, dans mon Eglise Cathédrale une partie de ce que je dois à la [...]
Mots clefs :
Archevêque de Rouen, Prières, Prélat
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite par M. l'Evêque de Grenoble le 27 Avril 1733. sur la mort de M. l'Archevêque de Roüen.
LETTRE écrite par M. l'Evêque de
Grenoble le 27 Avril 1733. sur la mort
de M. l'Archevêque de Rouen .
A
Près avoir rendu , Monsieur , dans mon Eglise
Cathédrale une partie de ce que je dois à la
mémoire de feu M. l'Archevêque de Rouen ,
je m'empresse de le recommander à vos prieres dans
ce moment , où le Christianisme doit sanctifier tous
nos regrets : vous trouverez sans doute bien légitimes
ceux que me cause la perte d'un Prélat , ave
quel,quoiqu'uni par les liens du sang , je l'étois encore
bien plus intimement par tous ceux que peus
former la reconnoissance pour une longue suite de
bienfaits que j'en avois reçû , et l'heureuse expérience
que j'avois des talens dont le Ciel l'avois
favorisé. J'ai eu part aux uns , et j'ai été témoin
des autres , dès le moment qu'il voulut bien me
sonfier une partie du gouvernement du premier des
Diocèses
ΜΑΥ. 1 ཧ ༣༣ ; 1029
Diocèses où la Providence l'avoit conduit. Je lus
fus redevable des mêmes sentimens , lorsque placé
sur un des Siégesles plus distinguez du Royaume ,
il désira que je l'y suivisse. En tout lieu et en toute
rencontre , soit qu'il présidât aux Etats d'une Province
, dont les interêts se sont trouvés plus d'une
fois difficiles à être menagez , soit qu'il fut un des
Membres des diverses Assemblées du Clergé où il a
toujours parû avec éclat , soit qu'il eut quelque
sorte de part aux affaires publiques , soit qu'il s'appliquât
aux Fonctions ordinaires du Ministere Ecclesiastiqne
, par tout également il se montroit aux :
personnes équitables , digne du Poste qu'il occupoit
, et remplissant tout ce que la situation des
choses pouvoit demander de lui . Plus instruit qu'un
autre , il rendoit volontiers ses lumieres utiles à
tous ceux qui étoient à portée d'en profiter Touché
autant que je devois l'être de cet avantage , je
fus très-sensible à mon éloignement de sa Personne
, lorsqu'il me fut devenu indispensable : Une
mort plus prompte que je n'avois lieu de l'appréhen
der , rend à jamais durable cette séparation que je
ne puis envisager qu'avec l'amertume la plus cúisante.
L'heureuse habitude où je suis de vous voir
entrer dans les dispositions que je crois devoir vous
inspirer , me donne lieu d'esperer que vous m'aiderez
à m'acquitter de ce que la Religion éxige de
moi dans cette conjoncture ; c'est par ce motifque
je vous prie de vous souvenir dans vos Prieres et
dans vos Sacrifices , d'un Prélat auquel je me ferai
toujours l'honneur d'avoir été très - singulierement
attaché. Je suis , &c.
Grenoble le 27 Avril 1733. sur la mort
de M. l'Archevêque de Rouen .
A
Près avoir rendu , Monsieur , dans mon Eglise
Cathédrale une partie de ce que je dois à la
mémoire de feu M. l'Archevêque de Rouen ,
je m'empresse de le recommander à vos prieres dans
ce moment , où le Christianisme doit sanctifier tous
nos regrets : vous trouverez sans doute bien légitimes
ceux que me cause la perte d'un Prélat , ave
quel,quoiqu'uni par les liens du sang , je l'étois encore
bien plus intimement par tous ceux que peus
former la reconnoissance pour une longue suite de
bienfaits que j'en avois reçû , et l'heureuse expérience
que j'avois des talens dont le Ciel l'avois
favorisé. J'ai eu part aux uns , et j'ai été témoin
des autres , dès le moment qu'il voulut bien me
sonfier une partie du gouvernement du premier des
Diocèses
ΜΑΥ. 1 ཧ ༣༣ ; 1029
Diocèses où la Providence l'avoit conduit. Je lus
fus redevable des mêmes sentimens , lorsque placé
sur un des Siégesles plus distinguez du Royaume ,
il désira que je l'y suivisse. En tout lieu et en toute
rencontre , soit qu'il présidât aux Etats d'une Province
, dont les interêts se sont trouvés plus d'une
fois difficiles à être menagez , soit qu'il fut un des
Membres des diverses Assemblées du Clergé où il a
toujours parû avec éclat , soit qu'il eut quelque
sorte de part aux affaires publiques , soit qu'il s'appliquât
aux Fonctions ordinaires du Ministere Ecclesiastiqne
, par tout également il se montroit aux :
personnes équitables , digne du Poste qu'il occupoit
, et remplissant tout ce que la situation des
choses pouvoit demander de lui . Plus instruit qu'un
autre , il rendoit volontiers ses lumieres utiles à
tous ceux qui étoient à portée d'en profiter Touché
autant que je devois l'être de cet avantage , je
fus très-sensible à mon éloignement de sa Personne
, lorsqu'il me fut devenu indispensable : Une
mort plus prompte que je n'avois lieu de l'appréhen
der , rend à jamais durable cette séparation que je
ne puis envisager qu'avec l'amertume la plus cúisante.
L'heureuse habitude où je suis de vous voir
entrer dans les dispositions que je crois devoir vous
inspirer , me donne lieu d'esperer que vous m'aiderez
à m'acquitter de ce que la Religion éxige de
moi dans cette conjoncture ; c'est par ce motifque
je vous prie de vous souvenir dans vos Prieres et
dans vos Sacrifices , d'un Prélat auquel je me ferai
toujours l'honneur d'avoir été très - singulierement
attaché. Je suis , &c.
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Résumé : LETTRE écrite par M. l'Evêque de Grenoble le 27 Avril 1733. sur la mort de M. l'Archevêque de Roüen.
Le 27 avril 1733, l'évêque de Grenoble écrit à propos de la mort de l'archevêque de Rouen. Il mentionne avoir déjà rendu hommage à ce dernier dans son église cathédrale et le recommande aux prières du destinataire. L'évêque exprime ses regrets pour la perte d'un prélat avec qui il était lié par le sang et par la reconnaissance pour les nombreux bienfaits reçus. Il souligne les compétences et les talents de l'archevêque, dont il a été témoin lors de la gestion du diocèse de Rouen et dans diverses fonctions publiques et ecclésiastiques. L'archevêque était connu pour son équité et sa dignité, qu'il manifestait en présidant aux États d'une province, en participant aux assemblées du clergé ou en s'occupant des affaires publiques. L'évêque regrette la séparation soudaine causée par la mort inattendue de l'archevêque et espère l'aide du destinataire pour accomplir ses devoirs religieux. Il prie pour que l'archevêque soit souvenir dans les prières et les sacrifices.
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p. 2142-2147
EPITRE A M. l'Evêque de Grenoble.
Début :
De tout encens ennemi declaré, [...]
Mots clefs :
Mortels, Vertu, Innocence, Fleurs, Yeux, Plaisirs
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texteReconnaissance textuelle : EPITRE A M. l'Evêque de Grenoble.
EPITRE
A M. l'Evêque de Grenoble.
E tout encens ennemi declaré ,
Si le bon goût ne l'a pas préparé ;
Digne Prélat , à ce timide ouvrage
Je te verrois refuſer ton fuffrage ,
Si le devoir qui me force d'agir
De tes vertus t'alloit faire rougir .
Non la loüange au mérite affortie :
Doit , confultant toujours la modeftie ,
Malgré les loix de la fincerité ,
Sous quelques traits cacher la verité.
Pourquoi faut-il de ma Mufe naiffante
Calmer pour toi l'ardeur impatiente ,
Et taire ici les éloges fans art
Que du public t'offre la voix fans fard ?
Je te dirois que le foible pupille
Trouve à tes pieds un fecourable azile ,
Et que le pauvre a dans ta charité
Un fur -recours contre fa pauvreté ;
Que la fageffe elle -même te guide
Dans les fentiers de la vertu rigide ;
Je dépeindrois , par fes puiffans appas ,
Un peuple entier entraîné fur tes pas.
Pour
OCTOBRE. 1730. 2143
Pour la vertu vif, fans condefcendance ,
On te verroit , conduit par la prudence ,
L'orner de fleurs , dignes de nous charmer ,
Et par cet art nous forcer à l'aimer.
Ainfi jadis une augufte Déeffe
Sçut aux mortels faire aimer la fageffe .'
Aveugle , lâche , efclave de fon coeur ,
Des paffions coupable adorateur ,
L'homme afſoupi dans les bras des délices ,
Trifte jouet des crimes & des vices ,
Se repaiffoit du funeſte poiſon ,
Et de la Fraude & de la Trahifon.
Alors regnoient l'indigne Flaterie ,
L'Ambition , que fuivoient l'Induſtrie ,
La Politique , avec tous leurs refforts ,
Monftres vomis de l'empire des morts.
Au front craintif , la pâle défiance ,
Dictoit les loix de fa fourde fcience ;
La Haine enfin , compagne de ſes pas
Ne laiffoit plus que l'horreur ici bas.
A cet afpect le Maître du Tonnerre
Fut prêt vingt fois d'anéantir la terre ;
» Mais non , laiffons agir notre bonté ;
» Faiſons , dit - il , deſcendre l'Equité
» Chez les Mortels ; la Vertu toute nuë ,
L'Integrité , la Candeur ingenuë
» Vont ſe montrer par mon ordre à leurs yeux.
» Cheriffez-les ; j'en jure par les lieux
B iiij
Où
2144 MERCURE DE FRANCE
» Où fous vos pas rencontrant mille abîmes
» Vous recevrez le prix de tous vos crimes ,
Humains pervers . . . mon pere ,
dit Pallas ,
» Permettez moi de revoir ces ingrats.
En vain , en vain la vertu les éclaire ;
Ses feuls appas ne pourront point leur plaire ;
>> Tous ces mortels & ftupides & lourds
» A ma voix même infenfibles & fourds ,
Trouveront- ils quelque agréable amorce
» Dans la Vertu qui leur paroît fans force ?
» L'Equité feule , au gré de fon flambeau ,
Efpere en 33 vain écarter le bandeau
» Dont l'injuſtice a couvert leur paupiere
» Pour les fouftraire aux traits de fa lumiere.
» Souffrez , grand Dieu , que je fois le témoin
De leurs travaux , & remettez le foin
>>Aux faints détours que m'apprend mon adreff
De rappeller en leur coeur la ſageſſe.
Pallas defcend , & fon char lumineux
Eft foutenu fur les aîles des Jeux ;
D'un doux fourire elle aſſemble les Graces ;
Dit aux Vertus de marcher fur leurs traces.
L'une déja fe couronne de fleurs ;
L'autre des Ris emprunte les douceurs ;
Les Plaifirs nés dans la voute azurée
Suivent auffi cette troupe épurée.
Pallas arrive , & des plus doux Concerts
Déja fa voix fait retentir les airs ;
OCTOBRE. 1730. 2145
Du Dieu du Pinde elle avoit pris la Lyre ;
De Jupiter commençant à décrire
Le grand pouvoir , les exploits , les vertus ,
Elle dépeint les Titans abbatus
Et l'innocence ici bas offenfée ,
De l'ambrofie au Ciel récompenfée ,
Et fous les loix du rigoureux Pluton
Elle décrit l'horreur du Phlégéton.
A ces accens & féduite & captive ,
La Terre prête une oreille attentive.
Pallas fe taît , tend les mains , & fes yeux
Chargés de pleurs fe tournent vers les Cieur
Suis- je , dit- elle , un monftre fi barbare ,
» Et de plaifirs me trouvez- vous avare è
» Voyez , Mortels , la troupe qui me ſuit ,
» Et banniffez l'erreur qui vous féduit.
" La Foi , la Paix , la Candeur , l'Innocence ,
» Filles du Ciel , dignes qu'on les encenſe ,
Que le menfonge & le vice trompeur 30
Vous déguifoient fous de noires couleurs :
» Sont-ce , Mortels , de triftes Eumenides ?
» Où font leurs feux leurs ferpens parricides ?
30 Ouvrez les yeux , & voyez ces plaifirs
» Prêts à combler vos innocens defirs ;
Ces fleurs , ces jeux & ces danfes legeres ,
Sont-ce des pleurs les tristes caracteres ?
L'efprit encor de craintes combattu
L'homme héfitoit à fuivre la vertu ,
B v
>
Quand
2146 MERCURE DE FRANCE
Quand fur le front de l'aimable Déeffe
Un calme heureux fait briller l'allegreffe,
Ainfi l'on voit une douce gayeté
Du Roi des Dieux voiler la Majefté ,
Quand d'un regard arrêtant les orages
Son bras vainqueur diffipe les nuages.
A cet afpect , quel changement heureux !
L'homme furpris le trouve vertueux ;
Il fuit l'éclat d'une vive lumiere ;
Offre à Pallas un hommage fincere ;
Elle l'embraffe , & lui tendant les bras ,
» Relevez-vous , dit - elle , & fur mes pas
» Soyez heureux ; que jamais les allarmes.
» De vos plaiſirs n'empoifonnent les charmes :
» Mais renverfez ces coupables Autels
» Dont les parfums bleffent les Immortels .
A Jupiter offrez vos facrifices ;
» Brulez l'encens , égorgez les Geniffes :
» Voilà l'honneur ; executez fes loix
» De l'innocence il maintiendra les droits ;
» Son bras armé fera fuir l'impoſture ;
» Et des foupçons , l'amitié tendre & pure
› Diſſipera les malignes vapeurs ;
ככ
» Avec la Paix , avec la Foi fes foeurs.
" La Défiance errante & confternée
Se reverra déformais condamnée
» A retourner dans le féjour affreux ,
Où l'Acheron roule fes flots fangeux,
OCTOBRE. 1730. 2147.
» Adieu ... Prélat , à ce portrait fidele
Tu vois Pallas , tu reconnois fon zele ;
Et fous ce trait de la Fable emprunté ,
Qui te connoît , voit une verité.
L'Abbé Bonnot.
A M. l'Evêque de Grenoble.
E tout encens ennemi declaré ,
Si le bon goût ne l'a pas préparé ;
Digne Prélat , à ce timide ouvrage
Je te verrois refuſer ton fuffrage ,
Si le devoir qui me force d'agir
De tes vertus t'alloit faire rougir .
Non la loüange au mérite affortie :
Doit , confultant toujours la modeftie ,
Malgré les loix de la fincerité ,
Sous quelques traits cacher la verité.
Pourquoi faut-il de ma Mufe naiffante
Calmer pour toi l'ardeur impatiente ,
Et taire ici les éloges fans art
Que du public t'offre la voix fans fard ?
Je te dirois que le foible pupille
Trouve à tes pieds un fecourable azile ,
Et que le pauvre a dans ta charité
Un fur -recours contre fa pauvreté ;
Que la fageffe elle -même te guide
Dans les fentiers de la vertu rigide ;
Je dépeindrois , par fes puiffans appas ,
Un peuple entier entraîné fur tes pas.
Pour
OCTOBRE. 1730. 2143
Pour la vertu vif, fans condefcendance ,
On te verroit , conduit par la prudence ,
L'orner de fleurs , dignes de nous charmer ,
Et par cet art nous forcer à l'aimer.
Ainfi jadis une augufte Déeffe
Sçut aux mortels faire aimer la fageffe .'
Aveugle , lâche , efclave de fon coeur ,
Des paffions coupable adorateur ,
L'homme afſoupi dans les bras des délices ,
Trifte jouet des crimes & des vices ,
Se repaiffoit du funeſte poiſon ,
Et de la Fraude & de la Trahifon.
Alors regnoient l'indigne Flaterie ,
L'Ambition , que fuivoient l'Induſtrie ,
La Politique , avec tous leurs refforts ,
Monftres vomis de l'empire des morts.
Au front craintif , la pâle défiance ,
Dictoit les loix de fa fourde fcience ;
La Haine enfin , compagne de ſes pas
Ne laiffoit plus que l'horreur ici bas.
A cet afpect le Maître du Tonnerre
Fut prêt vingt fois d'anéantir la terre ;
» Mais non , laiffons agir notre bonté ;
» Faiſons , dit - il , deſcendre l'Equité
» Chez les Mortels ; la Vertu toute nuë ,
L'Integrité , la Candeur ingenuë
» Vont ſe montrer par mon ordre à leurs yeux.
» Cheriffez-les ; j'en jure par les lieux
B iiij
Où
2144 MERCURE DE FRANCE
» Où fous vos pas rencontrant mille abîmes
» Vous recevrez le prix de tous vos crimes ,
Humains pervers . . . mon pere ,
dit Pallas ,
» Permettez moi de revoir ces ingrats.
En vain , en vain la vertu les éclaire ;
Ses feuls appas ne pourront point leur plaire ;
>> Tous ces mortels & ftupides & lourds
» A ma voix même infenfibles & fourds ,
Trouveront- ils quelque agréable amorce
» Dans la Vertu qui leur paroît fans force ?
» L'Equité feule , au gré de fon flambeau ,
Efpere en 33 vain écarter le bandeau
» Dont l'injuſtice a couvert leur paupiere
» Pour les fouftraire aux traits de fa lumiere.
» Souffrez , grand Dieu , que je fois le témoin
De leurs travaux , & remettez le foin
>>Aux faints détours que m'apprend mon adreff
De rappeller en leur coeur la ſageſſe.
Pallas defcend , & fon char lumineux
Eft foutenu fur les aîles des Jeux ;
D'un doux fourire elle aſſemble les Graces ;
Dit aux Vertus de marcher fur leurs traces.
L'une déja fe couronne de fleurs ;
L'autre des Ris emprunte les douceurs ;
Les Plaifirs nés dans la voute azurée
Suivent auffi cette troupe épurée.
Pallas arrive , & des plus doux Concerts
Déja fa voix fait retentir les airs ;
OCTOBRE. 1730. 2145
Du Dieu du Pinde elle avoit pris la Lyre ;
De Jupiter commençant à décrire
Le grand pouvoir , les exploits , les vertus ,
Elle dépeint les Titans abbatus
Et l'innocence ici bas offenfée ,
De l'ambrofie au Ciel récompenfée ,
Et fous les loix du rigoureux Pluton
Elle décrit l'horreur du Phlégéton.
A ces accens & féduite & captive ,
La Terre prête une oreille attentive.
Pallas fe taît , tend les mains , & fes yeux
Chargés de pleurs fe tournent vers les Cieur
Suis- je , dit- elle , un monftre fi barbare ,
» Et de plaifirs me trouvez- vous avare è
» Voyez , Mortels , la troupe qui me ſuit ,
» Et banniffez l'erreur qui vous féduit.
" La Foi , la Paix , la Candeur , l'Innocence ,
» Filles du Ciel , dignes qu'on les encenſe ,
Que le menfonge & le vice trompeur 30
Vous déguifoient fous de noires couleurs :
» Sont-ce , Mortels , de triftes Eumenides ?
» Où font leurs feux leurs ferpens parricides ?
30 Ouvrez les yeux , & voyez ces plaifirs
» Prêts à combler vos innocens defirs ;
Ces fleurs , ces jeux & ces danfes legeres ,
Sont-ce des pleurs les tristes caracteres ?
L'efprit encor de craintes combattu
L'homme héfitoit à fuivre la vertu ,
B v
>
Quand
2146 MERCURE DE FRANCE
Quand fur le front de l'aimable Déeffe
Un calme heureux fait briller l'allegreffe,
Ainfi l'on voit une douce gayeté
Du Roi des Dieux voiler la Majefté ,
Quand d'un regard arrêtant les orages
Son bras vainqueur diffipe les nuages.
A cet afpect , quel changement heureux !
L'homme furpris le trouve vertueux ;
Il fuit l'éclat d'une vive lumiere ;
Offre à Pallas un hommage fincere ;
Elle l'embraffe , & lui tendant les bras ,
» Relevez-vous , dit - elle , & fur mes pas
» Soyez heureux ; que jamais les allarmes.
» De vos plaiſirs n'empoifonnent les charmes :
» Mais renverfez ces coupables Autels
» Dont les parfums bleffent les Immortels .
A Jupiter offrez vos facrifices ;
» Brulez l'encens , égorgez les Geniffes :
» Voilà l'honneur ; executez fes loix
» De l'innocence il maintiendra les droits ;
» Son bras armé fera fuir l'impoſture ;
» Et des foupçons , l'amitié tendre & pure
› Diſſipera les malignes vapeurs ;
ככ
» Avec la Paix , avec la Foi fes foeurs.
" La Défiance errante & confternée
Se reverra déformais condamnée
» A retourner dans le féjour affreux ,
Où l'Acheron roule fes flots fangeux,
OCTOBRE. 1730. 2147.
» Adieu ... Prélat , à ce portrait fidele
Tu vois Pallas , tu reconnois fon zele ;
Et fous ce trait de la Fable emprunté ,
Qui te connoît , voit une verité.
L'Abbé Bonnot.
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Résumé : EPITRE A M. l'Evêque de Grenoble.
L'épître est destinée à l'Évêque de Grenoble et commence par l'expression de la réticence de l'auteur à louer le prélat, motivée par la modestie et le respect. L'auteur reconnaît les nombreuses vertus de l'évêque, notamment sa charité envers les pauvres et les faibles, sa sagesse, et son influence bénéfique sur le peuple. Pour illustrer ces qualités, l'auteur compare l'évêque à Pallas (Athéna), la déesse de la sagesse et de la vertu, qui descend sur terre pour enseigner la vertu aux hommes. Pallas est accompagnée des Grâces, des Vertus, des Plaisirs et des Muses, symbolisant respectivement la beauté, la joie et l'harmonie. L'épître met en avant les bienfaits de la vertu et condamne les vices tels que la flatterie, l'ambition et la haine. En conclusion, l'auteur établit une comparaison directe entre l'évêque et Pallas, soulignant que le prélat incarne la vérité et la vertu.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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